Près d’un Français sur deux s’assure désormais pour ses voyages à l’étranger, une progression marquée dans un contexte post-Covid qui redéfinit les priorités des voyageurs.
Le marché mondial de l’assurance voyage atteint en 2025 un chiffre d’affaires record de 23,6 milliards de dollars. Cette croissance est portée par la reprise des mobilités internationales, la digitalisation des services, mais aussi par une prise de conscience accrue des risques sanitaires, climatiques et géopolitiques. Dans ce paysage en pleine reconfiguration, la France tire son épingle du jeu avec près de 1,5 milliard d’euros de primes souscrites et un taux de pénétration de 49 %, nettement supérieur à la moyenne mondiale (34 %).
Une transformation post-Covid favorable à l’assurance
Le retour au niveau de voyages internationaux d’avant crise (98 % du volume de 2019) s’accompagne d’une hausse de +28 % des souscriptions en France depuis 2020. La pandémie a profondément modifié le comportement des voyageurs : désormais, s’assurer n’est plus perçu comme un luxe mais comme un réflexe.
Les compagnies ont su s’adapter à ces attentes en misant sur des produits flexibles, intégrés, et digitalisés : téléconsultation médicale, garanties « toutes causes », souscriptions en ligne. En 2025, 62 % des contrats sont souscrits sur Internet, contre seulement 31 % dix ans plus tôt.
Avec une prime moyenne de 38 € par voyageur, la France reste bien en dessous des niveaux pratiqués aux États-Unis (315 €) ou au Canada (195 €). Ce faible coût s’explique par la concurrence forte, l’usage répandu des assurances carte bancaire, mais aussi des plafonds de garanties plus modestes (150 000 € contre plusieurs millions ailleurs).
Reste que les sinistres lourds (rapatriement à 7 600 € ou frais médicaux à 2 800 €) tirent les montants vers le haut. La stabilité tarifaire pourrait être remise en cause à l’horizon 2030 face à l’inflation médicale et à la sophistication des risques climatiques.
L’annulation de voyage reste le sinistre le plus fréquent (39 %), mais les plus coûteux concernent la santé. Le poids croissant des assurances incluses dans les cartes bancaires (34 % des souscriptions, mais 38 % des sinistres) soulève des questions sur leur efficacité réelle. Ces garanties, souvent mal comprises, peinent à couvrir correctement les besoins des voyageurs en cas de problème sérieux.
Par ailleurs, 54 % des assurances sont intégrées à l’achat d’un billet ou d’un forfait, tandis que 46 % font l’objet d’une démarche volontaire. Cette double dynamique traduit une montée en maturité du marché français, à mi-chemin entre automatisme et personnalisation.
Destinations et profils : les nouvelles priorités
Sans surprise, les États-Unis arrivent en tête des pays les plus couverts depuis la France (22 % des contrats), en raison du coût prohibitif du système de santé américain. Suivent le Canada (9 %), le Japon (7 %), l’Australie (6 %) et le Maghreb (5 %). Ces données confirment la centralité des destinations long-courriers dans la stratégie des assureurs.
Les familles avec enfants (27 %) et les seniors (21 %) représentent les profils les plus fréquemment assurés, aux côtés des voyageurs d’affaires. Les nomades digitaux, bien que minoritaires (6 %), tirent l’innovation avec des offres modulaires, mobiles et adaptables.
Le marché français repose sur un équilibre entre acteurs historiques et insurtechs innovants. Allianz Partners, AXA Partners, Europ Assistance, Mutuaide et Chapka se partagent 74 % du secteur. Tandis que les premiers misent sur la robustesse de leur réseau et de leur gamme, les seconds misent sur l’agilité, l’expérience utilisateur et l’intégration technologique.
La structure tarifaire devient de plus en plus dynamique : âge, destination, durée, antécédents médicaux influencent directement le coût. L’écart peut être multiplié par trois entre un jeune voyageant en Espagne et un retraité partant trois semaines aux USA.
Avec un taux de pénétration appelé à atteindre 56 % d’ici 2030, la France se positionne parmi les marchés les plus dynamiques du monde. L’assurance voyage y devient un pilier structurant de la mobilité internationale, à condition que les acteurs sachent répondre à trois défis majeurs : la montée des risques, la pression tarifaire et la personnalisation de l’offre.
Dans un monde incertain, où la mobilité est devenue à la fois désirée et risquée, l’assurance voyage s’impose comme l’ultime bagage de précaution. La France, à la croisée des chemins entre tradition assurantielle et innovation numérique, pourrait bien devenir un modèle européen dans les années à venir.
Source des statistiques : Hellosafe
Crédit photo : DR (photo d’illustration)
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