À moins d’un an des élections municipales de 2026, deux édiles de Loire-Atlantique ont annoncé qu’ils ne poursuivraient pas leur mandat. Si les raisons diffèrent, chacune illustre à sa manière le fossé qui se creuse entre les réalités locales et les décisions venues d’en haut.
Notre-Dame-des-Landes : l’ex-ZAD au cœur de la rupture
À Notre-Dame-des-Landes, Jean-Paul Naud met un terme immédiat, par une démission, à son troisième mandat, après plus de quinze ans passés à la tête de la commune. Il dénonce notamment la volonté du conseil départemental de Loire-Atlantique, accompagné par Habitat 44, de bâtir des logements sociaux à vocation agricole sur l’ex-zone aéroportuaire… tout en louant certaines habitations existantes à des non-agriculteurs.
Selon lui, ces logements auraient dû revenir en priorité aux exploitants encore actifs sur place. L’édile s’insurge aussi contre l’attribution de baux emphytéotiques de 25 ans sur des bâtiments jugés indécents par un diagnostic indépendant, sans que l’Agence régionale de santé ne déclenche de procédure d’insalubrité.
À cela s’ajoutent les blocages dans l’aménagement foncier liés au périmètre de protection des espaces agricoles et naturels (PEAN), qui, selon lui, rendent impossible le développement de nouvelles zones urbanisées. Selon lui, une collectivité doit fournir le foncier, pas financer les projets immobiliers. S’y ajoutent enfin des tensions internes avec certains agents municipaux et la charge juridique liée aux nuisances causées par les animaux errants, dont les maires sont responsables par la loi.
Saint-Aignan-de-Grandlieu : l’aéroport, combat inachevé
À quelques kilomètres de là, Jean-Claude Lemasson, maire de Saint-Aignan-de-Grandlieu depuis 2008, a lui aussi décidé de tourner la page et de ne pas se représenter en 2026. L’abandon du projet d’aéroport à Notre-Dame-des-Landes, annoncé en janvier 2018 par Édouard Philippe, reste pour lui une blessure ouverte.
Partisan du transfert, il avait fait de ce dossier une bataille centrale, espérant réduire le survol incessant de sa commune située dans l’axe des pistes de Nantes Atlantique. Il déplore les promesses non tenues depuis l’abandon, en particulier l’absence de mesures compensatoires significatives pour les riverains. Quelques avancées ont été obtenues, comme la limitation des vols de nuit ou l’indemnisation améliorée des habitations trop exposées au bruit, mais le fond du problème demeure.
Malgré tout, le maire revendique un bilan de 30 millions d’euros d’investissements municipaux sur trois mandats. Il continuera de vivre à Saint-Aignan… et de se battre pour une meilleure répartition du trafic aérien entre les aéroports de l’Ouest.
Dans les deux cas, les maires sortants pointent une même frustration : l’impression que les décisions stratégiques échappent aux communes et que les choix des collectivités supérieures ou de l’État s’imposent sans réelle prise en compte du terrain. Un signal d’alerte, alors que les élections municipales de 2026 s’annoncent dans un climat de défiance croissant envers les institutions.
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