Plus de 600 manifestations religieuses – pardons, processions, troménies, jubilés ou Tro Breizh – offrent chaque année à la population bretonne, croyante ou non, mais attachée à son identité, l’occasion de raviver un héritage spirituel. Statues, aubes, costumes traditionnels, bannières anciennes ou nouvelles reprennent vie, au rythme des cantiques et des chants bretons, car, dit-on, « chanter, c’est prier deux fois ».
Cette quête, à la fois humaine et spirituelle, rassemble croyants, non-croyants et simples curieux. Tous deviennent marcheurs, au sens propre comme au figuré, redécouvrant, au fil des déambulations en pleine nature ou dans les villes, leur cœur, leur corps et leur âme.
À Locronan, résonne encore l’interpellation de feu Jean-Paul II : « France, qu’as-tu fait des promesses de ton baptême ? » Une question rappelée lors de la grande troménie de juillet, dans le sanctuaire consacré à saint Ronan, réputé combattre la stérilité féminine – un écho saisissant à l’heure où la natalité recule en France.
L’année jubilaire qui s’achève s’est voulue celle de l’espérance. Des milliers de pèlerins, dont de nombreux jeunes, y ont découvert les racines celtiques de certains parcours, se sont recueillis devant des menhirs christianisés, se sont inclinés au pied de reliques de saints venus au VIe siècle d’outre-Manche et d’outre-Atlantique évangéliser la Bretagne. Les bénédictions de la mer et des marins, profondément émouvantes, rappellent que cette terre vit au rythme des flots.
À Sainte-Anne-d’Auray, le 26 juillet, lors du jubilé, le cardinal Sarah, légat du nouveau pape, a lancé une homélie vibrante : « Ne profanez pas la France avec vos lois barbares et inhumaines qui prônent la mort alors que Dieu veut la vie. » En Bretagne, « terre sacrée qui doit demeurer sacrée, réservée à Dieu », il a affirmé que « nos églises ne sont pas des salles de concerts ou d’activités culturelles ». Et de rappeler : « Il n’y a qu’un lieu au monde où sainte Anne soit apparue : quel privilège, quelle grâce, quel mystère ! »
Le 2 août, l’ultime étape du Tro Breizh – pèlerinage reliant les sept évêchés bretons – s’est achevée à l’église Saint-Patern de Vannes (la cathédrale étant en travaux). En présence de l’évêque, le créateur et organisateur de cette résurrection médiévale, entamée il y a déjà 31 ans, a fait applaudir, en toute laïcité, une vingtaine de récipiendaires du parchemin attestant les 700 km parcourus. Une célébration survenant à peine une semaine après la mise en garde de l’envoyé du pape.
À l’inverse, on saluera la visite des parachutistes de la Légion étrangère au mont Saint-Michel, merveille de l’Occident chrétien, venus rendre hommage à leur saint patron à l’issue de leur mission Sentinelle dans l’Ouest.
Claudine Dupont Tingaud – Quimper, le 12 août 2025
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