L’Autriche a franchi début juillet un cap inédit en expulsant vers la Syrie un ressortissant condamné pour terrorisme. Mais, quelques semaines plus tard, la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) a suspendu provisoirement une deuxième expulsion vers ce pays, jusqu’au 8 septembre 2025, le temps d’examiner le dossier. Le ministère de l’Intérieur autrichien a qualifié cette suspension de « procédure tout à fait normale » dans le cadre d’un renvoi.
Une mesure provisoire, pas une interdiction définitive
La CEDH a activé la règle 39 de son règlement, qui permet de geler temporairement une mesure jugée potentiellement irréversible. Elle a demandé à l’Autriche de fournir des précisions sur la procédure engagée avant la date butoir du 8 septembre. Entre-temps, l’Office fédéral des étrangers et de l’asile (BFA) doit déposer ses observations.
Le ministère rappelle que cette situation s’était déjà produite lors de la première expulsion et assure que « les préparatifs pour cette expulsion et d’autres vers la Syrie se poursuivent ».
Le précédent de juillet et la polémique
Le premier renvoi, début juillet, concernait un homme condamné à sept ans de prison pour avoir soutenu Daech. Expulsé via Istanbul vers Damas, il est aujourd’hui introuvable. Le Comité de l’ONU contre les disparitions forcées a demandé à l’Autriche de se renseigner diplomatiquement, ce que le ministre Gerhard Karner a jugé « irréaliste » : « Ce n’est pas le rôle des autorités autrichiennes de mener des enquêtes », a-t-il affirmé, rappelant que sa priorité est d’assurer la sécurité intérieure.
Gerhard Karner a insisté sur le fait que cette première expulsion s’était déroulée « en conformité avec le droit » et a réaffirmé que la politique de renvois se poursuivrait au cas par cas, y compris vers la Syrie.
Gerhard Karner. Source : parlament.gv.at
Une politique assumée et critiquée
Depuis la chute du régime Assad en décembre 2024, plusieurs pays européens réévaluent leur position sur les expulsions vers la Syrie. L’Autriche a pris les devants, tandis que l’Allemagne a engagé des réexamens de statuts pour des délinquants syriens.
Gerhard Karner défend une ligne « stricte et donc juste », envoyant selon lui « un signal fort » : les criminels étrangers condamnés seront expulsés, sous réserve des garanties requises.
Le chef du FPÖ, Herbert Kickl, y voit au contraire « un échec total » et accuse le gouvernement de « capituler devant des juges supranationaux ».
Reste que la CEDH n’a pas interdit les expulsions vers la Syrie : elle demande, dossier par dossier, des garanties avant d’autoriser un départ. Pour Vienne, l’essentiel est clair : un délinquant lourdement condamné n’a pas vocation à rester sur le territoire.
Innenminister Karner hat komplett versagt: Er lässt sich für eine Abschiebung medial feiern, und nicht einmal diese eine schafft er. Dies nutzt nun der Europäische Gerichtshof für Menschenrechte aus und will Abschiebungen nach Syrien wieder verbieten. Dabei wäre es jetzt… pic.twitter.com/dnYxX2M8EN
— FPÖ (@FPOE_TV) August 12, 2025
Crédit photo : DR (photo d’illustration)
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Une réponse à “Autriche. La Cour européenne des droits de l’Homme bloque l’expulsion d’un criminel syrien [Vidéo]”
Ah le charabia au service de vos économies ou à celle de l’Economie ! La boostation a-t-elle décidément un grand avenir en France ?