Le 6 et le 9 août 1945, les villes japonaises d’Hiroshima et Nagasaki étaient anéanties par deux bombes atomiques américaines, causant la mort instantanée de centaines de milliers de civils et marquant l’histoire au fer rouge. Officiellement, Washington justifiait ces frappes par la nécessité de forcer la reddition du Japon, évitant ainsi de lourdes pertes parmi ses propres soldats. Mais, selon de nombreux historiens, l’Empire nippon était déjà au bord de la capitulation. L’objectif réel aurait été de démontrer la toute-puissance américaine au moment où les États-Unis étaient les seuls à posséder l’arme nucléaire.
Le président Truman, dans sa déclaration du 6 août 1945, qualifiait l’arme atomique de « plus grande conquête de la science organisée » et affirmait qu’elle pouvait jouer un rôle pour « le maintien de la paix mondiale ». En réalité, cet acte inaugura une ère nouvelle : la Guerre froide. Moins d’un an plus tard, Winston Churchill prononçait son célèbre discours sur la « Cortina di ferro » (rideau de fer), annonçant la confrontation ouverte entre puissances occidentales et Union soviétique.
De Hiroshima à la course aux armements
Dès septembre 1945, le Pentagone estimait qu’une attaque contre l’URSS nécessiterait environ 200 bombes nucléaires. Mais le monopole américain prit fin en 1949 lorsque l’Union soviétique fit exploser sa première bombe au plutonium. S’ouvrit alors une course effrénée à l’armement nucléaire : entre 1945 et 1991, États-Unis, URSS et sept autres pays produisirent des arsenaux représentant l’équivalent de plus d’un million de bombes d’Hiroshima.
En 1987, le traité INF (Intermediate-Range Nuclear Forces), signé par Ronald Reagan et Mikhaïl Gorbatchev, mit fin au déploiement de missiles nucléaires terrestres à portée intermédiaire (500 à 5.500 km), tels que les missiles de croisière installés à Comiso, en Sicile. Mais en 2019, sous l’administration Trump, les États-Unis se retirèrent de ce traité. La Russie avait promis de maintenir la moratoire tant que Washington ne déploierait pas de nouveaux missiles. Une promesse rompue : face au déploiement américain, Moscou a annoncé en 2025 qu’elle ne se considérait plus liée par cet engagement.
L’Italie et la violation du Traité de non-prolifération
Officiellement, Rome continue de proclamer son attachement au Traité de non-prolifération nucléaire (TNP), entré en vigueur en 1970 et ratifié par l’Italie en 1975. Le gouvernement affirme que ce traité demeure « le seul instrument à portée globale en matière de désarmement nucléaire » et « le pilier du régime mondial de non-prolifération ».
Pourtant, la réalité est toute autre : la présence sur le sol italien d’armes nucléaires américaines, stationnées sur des bases de l’OTAN, et la préparation de pilotes italiens à leur usage sous commandement américain, constituent une violation manifeste de l’article 2 du TNP. Celui-ci stipule qu’un État non doté d’armes nucléaires s’engage à « ne recevoir de qui que ce soit des armes nucléaires ou d’autres engins explosifs nucléaires, ni le contrôle de telles armes ou engins explosifs, directement ou indirectement ».
Huit décennies après Hiroshima, l’arsenal nucléaire mondial reste capable d’anéantir plusieurs fois l’humanité. En Italie, comme ailleurs en Europe, la proximité de sites de stockage et de bases aériennes intégrées au dispositif nucléaire de l’OTAN pose une question lourde : celle de la souveraineté nationale face aux choix stratégiques américains, et du risque permanent que représente la présence de telles armes sur notre sol.
Le souvenir d’Hiroshima devrait être un avertissement. Pourtant, dans un contexte de tensions géopolitiques croissantes et de reprise de la course aux armements, la leçon semble oubliée.
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