En Écosse, l’affaire Rose Docherty continue d’alimenter le débat sur la liberté d’expression et les zones dites de « protection » autour des cliniques pratiquant l’avortement. Âgée de 75 ans, cette militante pro-vie avait été interpellée en février dernier devant le Queen Elizabeth University Hospital de Glasgow. Elle vient d’apprendre qu’aucune poursuite ne sera finalement engagée contre elle.
Une arrestation controversée
Rose Docherty avait été la première citoyenne écossaise inquiétée par la nouvelle loi écossaise instaurant des « buffer zones » de 200 mètres autour des hôpitaux et cliniques pratiquant l’avortement. L’objectif affiché de cette législation, portée par les Verts écossais, était de « protéger » patientes et personnel contre toute forme de harcèlement ou de pression.
Le jour de son arrestation, l’ancienne institutrice tenait simplement une pancarte : « La coercition est un crime – ici pour parler, seulement si vous le voulez ». Elle affirmait se contenter d’offrir une oreille attentive, sans chercher à influencer quiconque. Pourtant, la police avait décidé de l’arrêter, l’accusant d’avoir violé le périmètre légal.
Le Parquet écossais lui avait ensuite proposé d’éviter un procès en acceptant un avertissement officiel, lequel aurait été inscrit sur son casier judiciaire pendant deux ans. Mais Mme Docherty avait catégoriquement refusé, estimant qu’il n’y avait rien d’illégal dans son comportement et que l’avertissement revenait à reconnaître une faute inexistante.
Après plusieurs mois d’incertitude, la justice a finalement annoncé qu’aucune suite ne serait donnée à l’affaire, une décision que l’intéressée a saluée comme « une victoire du bon sens ».
Une loi critiquée jusque dans les rangs internationaux
Cette affaire met en lumière la portée liberticide des nouvelles « zones de sûreté ». Les opposants y voient une atteinte flagrante à la liberté d’expression et à la liberté religieuse. Plusieurs organisations, dont l’ONG chrétienne ADF International, se sont mobilisées pour soutenir Rose Docherty.
Le débat a même franchi les frontières : le Département d’État américain a exprimé son inquiétude, appelant l’Écosse à respecter le droit fondamental à la liberté d’expression. Le vice-président américain JD Vance avait lui-même dénoncé ces « zones draconiennes » lors d’un discours en Allemagne au printemps 2025.
Depuis près d’une décennie, des manifestations pro-vie se tiennent régulièrement à Glasgow et dans d’autres villes écossaises. Les partisans de la loi estiment qu’elles exercent une pression psychologique sur les femmes souhaitant avorter. À l’inverse, les militants pro-vie dénoncent une criminalisation pure et simple de toute dissidence sur un sujet sociétal explosif.
Rose Docherty, qui se dit prête à poursuivre son engagement, résume ainsi sa position : « Il n’y a rien de violent ni de menaçant dans le fait qu’une vieille dame propose de discuter sur un trottoir. Restreindre cela, c’est priver la société d’un dialogue libre. »
L’affaire illustre parfaitement les tensions croissantes entre la volonté des autorités écossaises d’encadrer l’espace public au nom de la « protection » et la défense des libertés fondamentales, au premier rang desquelles la liberté d’expression et la liberté de conscience.
Crédit photo : DR (photo d’illustration)
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