Mercredi, le rappeur nord-irlandais Liam Óg Ó hAnnaidh, membre du groupe Kneecap, était de retour au Westminster Magistrates’ Court à Londres. Officiellement, il comparaissait pour une accusation liée au « soutien au terrorisme », après avoir brandi un drapeau du Hezbollah lors d’un concert en novembre dernier. Mais dans les rues alentour, c’est une véritable scène de festival qui s’est installée, transformant l’audience en événement politique et médiatique.
Un tribunal sous pression médiatique
L’affluence était telle que la police métropolitaine a comparé l’attroupement à celui suscité autrefois par le procès de Tommy Robinson. Caméras, militants, journalistes : la salle principale n’a pas suffi, obligeant une partie du public à suivre l’audience dans une salle annexe.
Fait inédit dans un tribunal londonien : à la demande d’Ó hAnnaidh, une interprète officielle en langue irlandaise a été désignée, une première historique dans ce type de procédure.
Dès l’aube, près de 500 sympathisants se sont massés devant le tribunal. Certains arboraient des pancartes dénonçant la politique britannique au Proche-Orient – « Ethnic cleansing in Palestine » ou « Catch yourself on Keir », visant directement le Premier ministre Keir Starmer. D’autres étaient venus costumés, comme cet homme déguisé en balaclava tricolore géant, clin d’œil à l’imagerie provocatrice du groupe.
L’ambiance rappelait davantage celle d’un concert que d’un procès : chants, slogans « Free Mo Chara » (le nom de scène du rappeur), discours militants et même diffusion du titre controversé de Kneecap Get Your Brits Out sur des haut-parleurs, sous le regard des policiers qui encadraient la foule.
Officiellement inculpé sous son nom anglicisé, Liam O’Hanna, le rappeur risque jusqu’à six mois de prison ou 5 000 £ d’amende. L’affaire a été ajournée : le juge Paul Goldspring a repoussé sa décision au 26 septembre, le temps de déterminer si le dossier relève bien de sa juridiction ou doit être transféré à la Crown Court.
À la sortie, Ó hAnnaidh a pris la parole devant ses soutiens. « Mon procès n’est qu’une diversion, a-t-il lancé, pendant que se commet un génocide en Palestine, dont le gouvernement britannique est complice. »
Cette deuxième comparution confirme que l’affaire Kneecap dépasse largement le cadre judiciaire. Elle cristallise à la fois un soutien populaire au groupe, connu pour ses positions indépendantistes et pro-palestiniennes, et une forte crispation des autorités autour de la question du terrorisme et de la liberté d’expression.
À mesure que la date de septembre approche, tout indique que les audiences à venir seront marquées par le même mélange d’effervescence militante et de tensions sécuritaires. Londres semble s’attendre à revivre d’autres scènes de chaos à chaque passage du rappeur nord-irlandais devant les juges.
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