Le ministère de l’Intérieur britannique a publié des chiffres sans appel : 111 000 demandes d’asile ont été déposées au Royaume-Uni sur l’année achevée en juin 2025, un record historique qui dépasse le pic de 2002 (103 000). Cette hausse de 14 % en un an illustre l’échec répété des promesses de reprise en main, malgré l’alternance politique de l’an dernier. L’opinion publique, excédée par l’envolée des coûts et la multiplication des foyers d’accueil improvisés, a crié sa colère dans plusieurs manifestations à travers le pays.
Des chiffres records et un système saturé
Selon la BBC, 71 000 dossiers étaient encore en attente d’une décision initiale fin juin 2025, concernant 91 000 personnes . Même si ce volume est inférieur au sommet de 134 000 enregistré en juin 2023, il traduit la lenteur d’une machine administrative dépassée. Les recours aggravent la situation : 51 000 dossiers étaient en attente d’une décision d’appel en mars dernier, ce qui porte le total des procédures en suspens à près de 130 000.
Cette paralysie pèse lourdement sur les finances publiques. Sky News relève que l’asile a coûté 4,76 milliards de livres sterling en 2024-2025, contre 1,34 milliard en 2020-2021. Les hôtels absorbent l’essentiel de la dépense : 76 pence sur chaque livre dépensée, soit 170 £ par nuitée, contre 27 £ pour d’autres types d’hébergement.
Au 30 juin 2025, 32 059 demandeurs d’asile étaient encore logés dans des hôtels, soit plus qu’à l’arrivée de Keir Starmer au pouvoir, même si ce chiffre reste en deçà du record de septembre 2023 (56 000). L’engagement travailliste de mettre fin à ce système d’ici 2029 paraît lointain. La contestation monte : la Haute Cour a ordonné la fermeture du Bell Hotel à Epping (Essex), saisi par la municipalité locale. D’autres conseils municipaux envisagent de suivre cette voie.
Contestation locale et pression populaire
Le ministre de l’Intérieur, Yvette Cooper, affirme avoir « réduit les coûts liés à l’asile et considérablement accru les mesures d’application de la loi et les retours ». Mais l’opposition souligne l’impuissance de l’exécutif. Chris Philp, ministre de l’Intérieur du Cabinet fantôme, accuse le gouvernement de « perdre le contrôle de nos frontières ».
Les arrivées par la Manche restent massives : 43 000 personnes ont débarqué en petits bateaux en un an, soit 38 % de plus que l’année précédente ; elles représentent 88 % des arrivées. Les Afghans constituent la première nationalité, avec 6 400 arrivants (15 %).
Entre des collectivités locales révoltées, des manifestations de rue et une opinion lassée de financer un système sans issue, Londres s’enlise. Plus d’un an après l’alternance, la promesse de reprendre le contrôle des frontières demeure lettre morte, tandis que la facture politique et budgétaire continue de s’alourdir.
Crédit photo : DR (photo d’illustration)
[cc] Breizh-info.com, 2025, dépêches libres de copie et de diffusion sous réserve de mention et de lien vers la source d’origine