La Commission européenne vient d’admettre un grave dysfonctionnement : en 2024, seuls 0,0082 % des produits importés sur le territoire de l’UE ont fait l’objet d’une inspection. Autrement dit, un contrôle n’a été effectué qu’une fois sur 12 171 cas, révélant une vulnérabilité majeure du système douanier européen.
Des contrôles dérisoires face à l’explosion du commerce en ligne
Sur près de 4,8 milliards d’articles déclarés dans les 27 États membres, un peu moins de 393 000 ont été vérifiés. Parmi eux, plus de 64 000 ont été bloqués pour non-conformité aux normes sanitaires, de sécurité ou de qualité de l’UE. Bruxelles reconnaît elle-même que ce niveau de surveillance est largement insuffisant, en particulier avec la multiplication des petits colis issus du commerce en ligne, qui a triplé les volumes d’importation en seulement deux ans.
Certains pays ont rejeté jusqu’à 175 produits par million d’importations, tandis que d’autres n’ont pratiquement rien bloqué. Cette disparité crée un déséquilibre préoccupant : les importateurs peu scrupuleux peuvent contourner les contrôles en acheminant leurs marchandises vers les États les moins vigilants. La Commission n’a pas publié les noms des pays les plus défaillants, afin d’éviter un « effet d’appel », mais des ports stratégiques comme ceux de Belgique sont déjà dans le viseur. La police et la presse locales y signalent une hausse des activités mafieuses profitant de la congestion et du manque d’inspections pour faire entrer produits illicites ou contrefaçons, parfois avec la complicité de personnels portuaires.
Les failles tiennent aussi à la fragmentation des outils douaniers : chaque État membre utilise sa propre plateforme, souvent obsolète et mal adaptée au Code des douanes de l’UE, ce qui rend l’analyse des risques hétérogène. Les sanctions varient également d’un pays à l’autre, et les incitations financières à renforcer les contrôles restent limitées. Résultat : un patchwork administratif qui profite aux fraudeurs et menace la sécurité des consommateurs européens.
Pour répondre à ces lacunes, Bruxelles promet une refonte de son dispositif. Le futur « EU DataHub » doit centraliser les données, tandis que le système ICS2 imposera une déclaration préalable pour chaque envoi, y compris les colis de faible valeur. À cela s’ajoute la fin de l’exemption de droits de douane pour les paquets de moins de 150 euros, désormais soumis à une documentation complète.
La Commission espère que ces réformes renforceront la coopération entre autorités nationales et amélioreront la gestion des risques. Mais les associations de consommateurs et certains eurodéputés jugent ces mesures insuffisantes si elles ne sont pas appliquées de manière uniforme.
Les chiffres sont parlants : 82 % des produits rejetés en 2024 provenaient de Chine, principalement dans les secteurs des équipements médicaux, des articles ménagers et de l’électronique. Autant de biens du quotidien qui, en l’absence de contrôles efficaces, mettent directement en danger la santé et la sécurité de millions d’Européens.
Derrière la faiblesse douanière se profile aussi l’ombre du crime organisé, qui a transformé ces failles en véritable filière lucrative. Un aveu d’échec qui confirme l’incapacité chronique de l’Union européenne à protéger efficacement ses citoyens.
[cc] Breizh-info.com, 2025, dépêches libres de copie et de diffusion sous réserve de mention et de lien vers la source d’origine