Réunis les 18 et 19 septembre à Boulogne-sur-Mer, les professionnels de la pêche et des produits de la mer ont affiché une volonté claire : ne plus subir les décisions prises loin des quais, mais participer pleinement aux choix qui engagent leur avenir. Dans un contexte économique fragile et de fortes incertitudes politiques, ils plaident pour une gestion différenciée et pragmatique des ressources halieutiques.
Une Politique commune de la pêche contestée
Douze ans après sa dernière révision, la Politique commune de la pêche (PCP) fait à nouveau débat. Les Pêcheurs de Bretagne (LPDB), première organisation de producteurs française avec 600 navires et 2 000 marins, dénoncent les promesses non tenues de l’Union européenne. L’obligation de débarquement, censée limiter les rejets, ou le Rendement maximal durable (RMD), présenté comme garant d’une meilleure visibilité pour les professionnels, n’ont pas atteint leurs objectifs.
« Les pêcheurs sont les premiers à subir les effets du changement climatique et des pollutions marines, mais ils restent trop souvent exclus des décisions », souligne Yves Foëzon, directeur de LPDB, qui a pris la parole lors de la table ronde consacrée aux quotas et obligations de débarquement.
Brexit, aires marines protégées et incertitudes diplomatiques
Au-delà du cadre européen, le Brexit continue de peser sur les négociations. Les décisions britanniques, notamment dans les aires marines protégées, inquiètent les marins français qui refusent une approche uniforme et plaident pour une gestion « au cas par cas ». LPDB appelle l’administration française à disposer d’un véritable pouvoir de négociation pour défendre à la fois les impératifs écologiques et la survie économique des flottilles.
Cette incertitude est renforcée par la situation politique nationale. En l’absence de gouvernement stabilisé, les pêcheurs redoutent de ne pas savoir qui sera leur interlocuteur demain. L’idée d’un ministère dédié à la pêche ressurgit dans les débats, comme un signal attendu par toute la filière.
Donner la parole à ceux qui vivent la pêche
Pour sortir de l’anonymat et mieux faire entendre leurs réalités, les pêcheurs investissent désormais de nouveaux outils de communication. LPDB a lancé en septembre une série de podcasts intitulée « À Hauteur de Vague », produite avec l’agence Sea to Sea et labellisée La Mer en Commun.
Huit épisodes donneront la parole à des acteurs variés : marins, scientifiques, élus, formateurs ou encore associatifs. Les premiers volets mettent en avant Ludovic Le Roux, président de LPDB, qui revient sur son parcours et les défis de la filière, ainsi qu’Alain Biseau (Ifremer), qui explore la délicate relation entre chercheurs et professionnels, entre quotas, climat et gestion durable.
Parmi les prochaines voix attendues : Alain Le Sann (Pêche & Développement), le jeune armateur Romain Jouan, ou encore la députée européenne Isabelle Le Callennec.
Une filière entre inquiétude et volonté de peser
À Boulogne-sur-Mer, capitale française de la pêche, le ton est clair : les professionnels ne veulent plus être des spectateurs impuissants. Ils réclament une gestion pragmatique, différenciée selon les zones maritimes, adossée à des études scientifiques solides mais tenant compte des réalités économiques.
Dans un contexte où la transition écologique se mêle aux bouleversements géopolitiques, les pêcheurs bretons et français veulent faire entendre leur voix. Reste à savoir si les prochains arbitrages européens et nationaux leur offriront cette place qu’ils réclament depuis des années.
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