Interpol a annoncé le 26 septembre avoir mené l’opération Contender 3.0, un vaste coup de filet contre les réseaux d’arnaques sentimentales en ligne. Conduite du 28 juillet au 11 août, elle a mobilisé les polices de 14 pays africains : Angola, Bénin, Burkina Faso, Côte d’Ivoire, Gambie, Ghana, Guinée, Kenya, Nigeria, Rwanda, Sénégal, Afrique du Sud, Ouganda et Zambie. Le bilan est lourd : 260 suspects arrêtés, 81 réseaux démantelés, 1 235 appareils électroniques saisis et 1 463 victimes identifiées, pour un préjudice estimé à près de 2,8 millions de dollars.
Les exemples abondent. Au Sénégal, 22 escrocs usurpant l’identité de célébrités en ligne ont floué 120 victimes pour environ 34 000 dollars. En Côte d’Ivoire, 24 interpellations ont permis d’identifier 809 victimes. Au Ghana, 68 arrestations ont ciblé un réseau pratiquant le chantage.
La mécanique de l’ingénierie sociale
Ces cybercriminels, surnommés « brouteurs », excellent dans l’ingénierie sociale, c’est-à-dire l’art de manipuler leurs cibles en se calquant sur leur histoire personnelle. « Si la victime est veuve, alors ils seront veufs aussi. Si elle est divorcée, ils le seront également », expliquait Pierre Penalba, ancien cyberpolicier à Nice, auprès du Figaro le 26 septembre. Les victimes, souvent isolées, sont progressivement mises sous emprise affective avant d’être sollicitées pour envoyer de l’argent, généralement par coupons ou cartes prépayées.
Au-delà de la fraude financière, ces pratiques détruisent des vies. « Ces arnaques vont au-delà de l’argent. Elles détruisent des vies de famille, et mettent sous emprise des individus esseulés », témoigne un internaute infiltré dans ces groupes, surnommé « Meta-brouteur ». Interpol insiste sur la forte augmentation des cybercrimes de ce type signalée par les unités africaines.
260 suspected scammers arrested in pan-African cybercrime operation targeting romance scams.
Authorities in 14 African countries have arrested 260 suspects and seized 1,235 electronic devices in an operation against cyber-enabled crime.
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— INTERPOL (@INTERPOL_HQ) September 26, 2025
Une vigilance encore insuffisante
La France n’est pas épargnée. En 2022, 574 victimes françaises avaient signalé une arnaque sentimentale sur la plateforme cybermalveillance.gouv.fr, mais les experts estiment que ce chiffre doit être multiplié par dix. Certaines affaires ont eu des conséquences dramatiques : à Nantes, en 2021, une victime de chantage intime s’est suicidée après avoir été menacée de voir ses images diffusées.
Certains escrocs revendiquent une « revanche postcoloniale » pour justifier ces arnaques. Une thèse rejetée par Pierre Penalba : « Ils n’arnaquent pas des gouvernements, mais de pauvres gens, et souvent des Africains ». Derrière cette pseudo-rhétorique se cache une réalité simple : ces réseaux prospèrent sur la solitude et la crédulité, et frappent aveuglément.
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