Immigration : ce que disent vraiment les nouveaux chiffres de l’Insee (et ce que certains titres de presse passent sous silence)

L’Insee a publié, ce 7 octobre 2025, une note très dense sur les étrangers et les immigrés en France. Chiffres-clés : 6,0 millions d’étrangers résident en 2024 dans le pays (8,8 % de la population) ; 7,7 millions d’immigrés (personnes nées étrangères à l’étranger) vivent en France, dont 2,6 millions ont acquis la nationalité française. Au-delà des pourcentages, ces données confirment une transformation démographique profonde et une hausse soutenue sur le temps long, avec une recomposition très nette des origines. Insee+1

Un chiffre réel… mais un récit médiatique partiel

Plusieurs médias ont titré que la part des étrangers en France (8,8 %) serait inférieure à la moyenne de l’Union européenne (9,6 %), insinuant qu’il n’y aurait « pas de raz-de-marée ». Le point est exact mais incomplet : la France se situe certes sous la moyenne UE pour la part d’étrangers, mais elle affiche des volumes très élevés et surtout une dynamique cumulative (immigrés + descendants) qui recompose le paysage démographique.

Rappel utile : un étranger est défini par la nationalité actuelle (non française), tandis qu’un immigré est défini par le lieu et la nationalité à la naissance (né étranger à l’étranger) — et peut donc aujourd’hui être devenu français. Résultat, un tiers des immigrés vivant en France sont Français (après naturalisation). À l’inverse, 0,9 million d’étrangers sont nés en France (surtout des mineurs qui deviendront Français sous conditions de résidence). Autrement dit : travailler uniquement avec la catégorie « étranger » minimise mécaniquement l’ampleur du fait migratoire.

Une hausse sur le temps long et une recomposition des origines

Sur un siècle, le nombre d’étrangers et d’immigrés augmente par vagues, mais la trajectoire récente est claire : depuis la fin des années 1990, les deux effectifs progressent (plus vite pour les étrangers depuis 2009, effet du ralentissement des naturalisations). Surtout, la structure par origine change radicalement. En 1968, trois étrangers sur quatre étaient européens ; en 2024, près de la moitié des étrangers ont une nationalité africaine (46 %) et un tiers une nationalité européenne (35 %). Cette recomposition est le fait majeur des cinquante dernières années.

La photographie est similaire du côté des immigrés par lieu de naissance : en 2024, 48,9 % des immigrés vivant en France sont nés en Afrique30,9 % en Europe. Les pays de naissance les plus fréquents restent l’Algérie, le Maroc, le Portugal, la Tunisie, l’Italie, la Turquie et l’Espagne.

Flux récents : 2023 éclaire l’amont des stocks 2024

Les stocks 2024 reflètent des flux antérieurs. Pour mémoire, 347 000 immigrés sont entrés en France en 2023, avec 46 % nés en Afrique. Ces flux récents expliquent la montée de la part africaine dans la population immigrée. Au niveau européen, Eurostat souligne qu’en 2024 la part des personnes nées hors UE atteint 9,9 % de la population de l’UE, un plus haut, ce qui met la France dans un mouvement continental plus large.

L’Insee note que la part d’immigrés naturalisés diminue depuis la fin des années 2000 : durcissement des critères, procédures, profils d’origine… Résultat, davantage d’immigrés restent étrangers plus longtemps, ce qui alimente la hausse de la part d’étrangers dans la population malgré des rythmes d’arrivées variables d’une année à l’autre. À l’inverse, les immigrés européens, bénéficiant déjà de la liberté de circulation, demandent moins souvent la nationalité.

Dire « 8,8 % d’étrangers, en dessous de la moyenne UE » ne suffit pas. La France est l’un des quatre poids lourds de l’UE en nombre absolu d’étrangers, avec l’Allemagne, l’Espagne et l’Italie. Et l’essentiel de la recomposition se joue sur la montée des origines non européennes, tendance partagée au niveau de l’UE (29 millions de non-ressortissants UE vivent dans l’Union au 1er janvier 2024, soit 6,4 % de la population).

La démographie de descendance est décisive. En 2019-2020, 12 % de la population de métropole était descendante d’immigrés de 2ᵉ génération (nés en France de parent(s) immigré(s)). Autrement dit, l’empreinte migratoire est bien plus large que la seule catégorie « étranger ». Ce constat est encore plus net dans les classes d’âge jeunes.

Autre paramètre rarement rappelé dans les brèves : les femmes immigrées des cohortes 1960-1974 ont eu en moyenne 2,35 enfants, contre 1,86 pour les femmes sans ascendance migratoire (écart selon les origines, plus élevé pour l’Afrique du Nord et l’Afrique subsaharienne). Ces différentiels n’expliquent pas tout, mais pèsent sur la composition future des générations.

Un angle mort des titres « rassurants » : l’ampleur cumulée

La multiplication de brèves « rassurantes » (part en dessous de la moyenne européenne, etc.) occulte trois réalités :

  1. Le stock cumulé (immigrés + descendants) progresse et jeunifie une partie de la pyramide des âges, avec des effets à l’école, dans l’emploi, le logement, la politique de la ville, et la sphère culturelle.
  2. La recomposition des origines (part africaine en forte hausse) change la donne en matière d’intégration linguistique, d’accès à la nationalité (double nationalité impossible selon certains pays), et de politiques publiques ciblées.
  3. La baisse des naturalisations depuis la fin des années 2000 modifie la frontière statistique entre « étranger » et « immigré devenu Français », avec des conséquences politiques (droit de vote, accès à certains emplois publics, etc.).

S’en tenir au seul ratio « 8,8 % < 9,6 % UE » revient à minorer la vitesse de recomposition interne (origines, naturalisations) et l’impact territorial. Le même jour, plusieurs titres ont repris quasi mot pour mot l’angle « part inférieure à la moyenne UE », sans développer les chapitres les plus sensibles de la note (naturalisation en recul, descendance, structure par âge). C’est un choix éditorial ; ce n’est pas l’intégralité du diagnostic.

Ce qu’il faut retenir

  • 6,0 millions d’étrangers (8,8 %) et 7,7 millions d’immigrés (11,3 %) : la France vit une transformation migratoire majeure, masquée si l’on ne regarde que la catégorie juridique « étranger ».
  • Recomposition des origines : en 2024, 46 % des étrangers ont une nationalité africaine (contre 25 % en 1968). Les flux 2023 confirment cette tendance (46 % des nouveaux immigrés nés en Afrique).
  • Naturalisation en baisse depuis la fin des années 2000 : effet direct sur la « part d’étrangers » et sur l’intégration juridique.
  • Descendance et fécondité : 12 % de 2ᵉ génération en 2019-2020 ; fécondité des immigrées (cohortes 1960-1974) plus élevée que celle des femmes sans ascendance migratoire : vecteurs d’une transformation durable de la population. Insee+1

Les chiffres de l’Insee s’appuient sur les estimations de population (recensement, séries réajustées) et distinguent soigneusement étrangers (catégorie juridique, comparable dans l’UE) et immigrés (catégorie statistique, propre à la France, permanente). Les comparaisons européennes reposent sur Eurostat (part d’étrangers et part de personnes nées hors UE). Lire les tableaux et définitions avant de conclure est indispensable ; c’est souvent là que se cachent les évolutions structurelles.

Illustration : DR
[cc] Article relu et corrigé (orthographe, syntaxe) par ChatGPT.

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7 réponses à “Immigration : ce que disent vraiment les nouveaux chiffres de l’Insee (et ce que certains titres de presse passent sous silence)”

  1. Vert dit :

    Il faut supprimer le droit du sol et d’asile.
    Interdire aux binationaux l’accès aux fonctions électives et fonctionnariat .Qu’ils renoncent a une nationalité

  2. Nicole dit :

    La réalité est encore plus effrayante. on a immigration massive extra-européenne imposée par Bruxelles de l’ordre de 500.000 par an + immigration invasion extra-européenne clandestine de l’ordre de 300.000 par an + droit du sol (exemple Mayotte) + rapprochement familial + très nombreuses naissances d’origine extra-européenne.. Imaginez la France dans 5 ans, dans 10 ans, dans 20 ans….. une seule question bientôt sur toutes les lèvres : « Quel sera le sort des autochtones de souche chrétienne quand ils deviendront minoritaires sr les terres de leurs ancêtres ?  » suivant récit romantique mais troublant « les corps indécents. Le vivre ensemble que du bonheur ? Démocratie mascarade de l’Union européenne qui se garde bien de demander l’avis des peuples ! C’est l’Europe du malheur et du désespoir.

  3. Capitaine Haddock dit :

    On le sait. On l’a compris. Quand la meute des médias aux ordres s’empresse de répéter en boucle les mêmes mots, c’est qu’elle est en train de tordre son mensonge pour qu’il continue à passer. L’erreur est de la blâmer. Elle fait ce pour quoi elle est payée. La responsabilité revient aux peuples européens, soumis et inertes sur tous les sujets depuis des décennies. La vérité est cruelle. Le problème n’est ni Macron ni l’UE mais le peuple français constitué de pleutres sans mémoire ni cerveau.

  4. Prétet Yvette dit :

    Les Français ne veulent plus des  »migrants » et des immigrés musulmans mais notre président de la République CONTINUE à délivrer des milliers de visas aux Algériens qui…ensuite nous crachent dessus! Au lieu de s’occuper de rétablir la sécurité, en France, Emmanuel Macron est  »très occupé » à faire entrer l’avocat Badinter au Panthéon!.. Grâce à Badinter les assassins savent qu’ils peuvent TUER eux ne seront pas tués!..Je ne vois pas pourquoi Badinter entre au Panthéon!..

  5. Poil Dur dit :

    6 millions d’étrangers + 7,7 d’immigrés + descendants d’immigrés de deuxième génération (12 % en 2020) c-a-d 8 millions, cela nous fait un total de 22 millions, chiffres officiels de l’INSEE.
    Pratiquement 1/3 de la population ne serait pas de souche ; L’Insee compte-t-il les arrivages massifs de ces dix dernières années macronistes, à coup de 500 000 par an (à peu près…)?
    Les français-français sont en passe de devenir minoritaire assez rapidement dans leur propre pays, avec des conséquences dramatiques n’en doutons pas.

  6. Poulbot dit :

    @Prétet Yvette : Ce monsieur entre au panthéon par pour calcul politique de Macron .
    Il y a d’autres personnalités plus importante qui ont plus leur place avec les grands Hommes.

  7. Michel dit :

    Les chiffres sont très en dessous de la vérité.
    En banlieue parisienne, il n’est pas rare d’être le seul blanc dans les transports en commun.Sauf aux heures de pointe où notre proportion remonte.
    Ma pratique de l’INSEE: quand les chiffres sont bons, vous les divisez par 2. Et lorsqi’ils sont mauvais vous multipliez par 2. Et croyez moi, vous approchez alors la vérité.

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