Un sondage publié cette semaine par LucidTalk révèle une donnée politique inattendue : près d’un unioniste nord-irlandais sur deux (49 %) se dit prêt à voter pour Reform UK — le parti de Nigel Farage — si celui-ci décidait de présenter des candidats aux prochaines élections de Stormont en 2027.
Une perspective qui pourrait bouleverser tout l’équilibre du camp unioniste, déjà fragmenté entre le DUP, le TUV et l’UUP.
Une percée potentielle qui inquiète le DUP et le TUV
Reform UK, formation issue du Brexit Party, compte déjà plus d’un millier de membres en Irlande du Nord et envisage désormais d’y implanter des sections locales. Le parti sonde actuellement ses adhérents pour déterminer « quand » et « où » lancer officiellement son organisation dans la province.
Si cette décision se confirme, elle pourrait s’avérer redoutable pour les partis unionistes traditionnels.
Selon le sondage :
- 54 % des électeurs du DUP affirment qu’ils voteraient ou pourraient voter pour Reform UK ;
- 59 % des sympathisants du TUV (Traditional Unionist Voice) partagent cette intention ;
- même au sein de l’UUP, plus modéré, 31 % des électeurs envisageraient de soutenir le parti de Nigel Farage.
Ces chiffres placeraient Farage en position d’attirer une grande partie de l’électorat protestant, conservateur et eurosceptique, déjà frustré par la gestion du Brexit et du Protocole nord-irlandais jugé trop conciliant envers Bruxelles et Dublin.
Un électorat populaire et masculin
Le sondage souligne également un profil très net de l’électeur faragiste :
- les hommes se montrent presque deux fois plus enclins que les femmes à voter Reform UK (30 % contre 17 %) ;
- les classes populaires y sont bien plus réceptives (34 %) que les classes moyennes (16 %) ;
- enfin, le soutien est particulièrement fort chez les 45-64 ans, catégorie la plus touchée par la désindustrialisation et la crise du coût de la vie.
L’intérêt pour le parti reste marginal chez les électeurs nationalistes (Sinn Féin ou SDLP) et quasi nul chez les partisans de l’Alliance Party, bien que 7 % d’entre eux affirment qu’ils pourraient envisager un vote Farage.
Nigel Farage à la conquête de l’Ulster ?
L’ancien leader du UK Independence Party (UKIP) n’a jamais caché son admiration pour la résilience unioniste, qu’il perçoit comme « un bastion du patriotisme britannique ».
Mais son projet d’implantation en Irlande du Nord représente un véritable défi stratégique : le territoire, marqué par des clivages communautaires historiques, n’a jamais vu émerger de force politique britannique « continentale » durable.
Pour le DUP et le TUV, la menace est cependant bien réelle. Leur électorat — lassé des compromis institutionnels et du manque de fermeté vis-à-vis de Londres — pourrait trouver dans Farage un exutoire populiste et anti-système, plus cohérent sur le plan idéologique que les partis unionistes installés.
Si Reform UK concrétise sa présence à Stormont, il ne s’agira pas seulement d’une nouvelle offre électorale : ce serait la première véritable incursion du populisme britannique dans la politique nord-irlandaise depuis la fin du conflit.
Une telle percée pourrait redessiner durablement le paysage unioniste — voire accentuer les fractures internes entre pragmatiques et “loyalistes de principe”, hostiles à tout compromis avec Dublin ou Bruxelles.
Pour Nigel Farage, l’enjeu dépasse l’Ulster : il s’agit de réunifier l’électorat eurosceptique et conservateur sous une même bannière, du Kent à Belfast.
Un pari audacieux, mais qui, à en croire les chiffres, trouve déjà un écho profond chez les unionistes désabusés d’Irlande du Nord.
Illustration : wikipedia (cc)
[cc] Article relu et corrigé (orthographe, syntaxe) par ChatGPT.
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