Le Conservative Summit de Bratislava, cœur battant du conservatisme européen. Entretien avec Andrej Kolárik (Institut Ladislav Hanus)

À Bratislava, les 7 et 8 novembre 2025, se tiendra la Conservative Law Conference puis le Conservative Summit, l’un des plus grand rassemblement d’Europe centrale dédié à la pensée chrétienne et conservatrice. Chercheurs, responsables politiques, juristes, journalistes et intellectuels venus de tout le continent y débattront de la crise démographique, de la défense de la vie, de l’immigration, mais aussi des fondements spirituels de la civilisation européenne.

Organisé par le Ladislav Hanus Institute, think tank catholique slovaque en pleine ascension, l’événement entend renforcer la coopération entre les pays du groupe de Visegrád et les jeunes générations conservatrices d’Europe de l’Ouest.

En amont de cet évènement, Breizh-info.com – qui se rendra par ailleurs pour couvrir ce sommet – s’est entretenu avec Andrej Kolárik, responsable exécutif de l’Institut, qui évoque la renaissance intellectuelle conservatrice en Europe centrale, la formation des jeunes, la crise spirituelle de l’Occident — et l’espoir qu’il place dans la jeunesse française.

Andrej Kolárik

Breizh-info.com : Pouvez-vous revenir sur votre parcours ? Comment êtes-vous arrivé à la tête de l’Institut Ladislav Hanus, et qu’est-ce qui vous a conduit à vous engager dans la défense d’une pensée conservatrice en Europe centrale ?

Andrej Kolárik : Je ne suis pas le directeur général de l’Institut Ladislav Hanus – cette fonction revient à Juraj Šúst, mais je suis le responsable exécutif des projets conservateurs ayant une dimension politique.

J’ai étudié les relations internationales à l’université, puis j’ai suivi le programme de formation de l’Institut Ladislav Hanus. C’est à cette occasion que j’ai rencontré plusieurs membres de cette communauté, notamment lors d’une visite au Parlement européen. J’ai alors su que je voulais faire partie de ce réseau d’intellectuels catholiques slovaques.

Avant cela, j’étais déjà impliqué en politique, en tant que vice-président de la Jeunesse chrétienne-démocrate de Slovaquie (KDMS). Mais après avoir participé à la conférence CPAC en Hongrie, j’ai pris conscience que je ne voulais pas m’engager dans la politique partisane. J’ai préféré œuvrer dans l’écosystème conservateur slovaque, en dehors des partis.

Quelques mois plus tard, en février, nous avons conclu un accord pour que je rejoigne l’Institut Ladislav Hanus, afin d’y développer et coordonner les projets conservateurs à dimension politique.

Breizh-info.com : Quels ont été les événements ou les lectures fondatrices qui ont façonné votre vision du monde ?

Andrej Kolárik : Pour moi, tout a commencé avec une visite au Parlement européen, où j’ai découvert une exposition sur l’histoire du continent. Ce fut un véritable « réveil politique ».
L’exposition présentait l’Europe comme un récit mythologique, en évoquant la Grèce antique, Aristote ou Charlemagne, mais elle affirmait que la “vraie” histoire de l’Europe commençait en 1789. Tout ce qui précédait était considéré comme une simple introduction. Cette vision m’a profondément choqué. On ne peut pas nier ou effacer tout un passé aussi riche pour ne garder qu’un récit idéologique.

C’est à partir de ce moment-là que j’ai cherché à comprendre les racines intellectuelles de notre civilisation. Parmi les lectures qui m’ont marqué, il y a The Benedict Option de Rod DreherWhy Liberalism Failed de Patrick Deneen, et Les Lions arrivent (Levy prichádzajú) de Vladimír Palko, qui décrit la manière dont de nombreux conservateurs occidentaux ont fini par abandonner leurs principes au profit du compromis politique.

Parmi les classiques, l’un des livres les plus importants pour moi est Essais sur le catholicisme, le libéralisme et le socialisme, considérés dans leurs principes fondamentaux de Juan Donoso Cortés. Il y montre comment les principes du catéchisme catholique s’opposent aux présupposés philosophiques du libéralisme et du socialisme.
J’ajouterais aussi L’Orthodoxie de G.K. Chesterton, qui m’a beaucoup inspiré.

Plus récemment, j’ai lu Le Plus Grand des Combats de l’abbé Matthieu Raffray, en français. Je l’ai lu d’un seul trait, en un week-end. C’est un livre que je recommande à tous les jeunes qui se posent des questions sur ce qu’est réellement le catholicisme.
Je conseillerais d’ailleurs ces trois ouvrages – Donoso Cortés, Chesterton et Raffray – pour comprendre la foi catholique, sa vision de l’homme et la société qu’elle propose.

Breizh-info.com : Le Ladislav Hanus Institute se réfère à une figure catholique majeure du XXᵉ siècle. Qui était Ladislav Hanus, et en quoi son héritage est-il encore actuel ?

Andrej Kolárik : Ladislav Hanus (prononcez Ladislaou Hanous, avec un “H” aspiré à l’allemande) fut un prêtre et philosophe slovaque de la première moitié du XXᵉ siècle.
Sa vision était claire : il ne voulait pas que les prêtres et les fidèles vivent leur foi comme une simple tradition folklorique, sans réflexion ni engagement intellectuel. Au contraire, il appelait les catholiques à être profondément enracinés dans la spiritualité et conscients des principes de leur foi, afin de pouvoir façonner la culture dans laquelle ils vivent.

L’un de ses textes les plus commentés est une conférence prononcée pendant la Seconde Guerre mondiale, qui suscita d’ailleurs la controverse. Hanus y relatait une question posée par des représentants allemands : allaient-ils soutenir leur projet d’une “Nouvelle Europe” ?
Il répondit alors : « Les Allemands parlent souvent de loi naturelle. Nous, catholiques, aimons aussi cette idée d’une société fondée sur la loi naturelle — notion que l’Église enseigne depuis des siècles, notamment à travers saint Thomas d’Aquin. Si les Allemands veulent véritablement construire l’Europe sur cette base, alors nous pouvons les soutenir. »

Aujourd’hui, cette phrase peut prêter à confusion si elle est sortie de son contexte. Mais replacée dans la situation de l’époque, elle témoigne d’un grand courage moral : exprimer publiquement des conditions morales à un régime totalitaire était un acte risqué. Plusieurs de ses proches craignaient qu’il soit arrêté après cette intervention.

Après l’an 2000, lorsqu’un groupe de jeunes catholiques slovaques chercha à créer un programme de formation intellectuelle, ils découvrirent dans les archives du dissident Anton Neuwirth une phrase marquante :
« Si les catholiques en Slovaquie ont un jour leur propre université, qu’elle porte le nom de Ladislav Hanus. »

Nous ne sommes pas une université, mais nous nous inspirons de cette phrase. L’Institut Ladislav Hanus propose aujourd’hui un programme de formation d’un an, avec des rencontres hebdomadaires chaque mardi soir, dans l’esprit de cette mission : unir la foi, la raison et la culture.

Breizh-info.com : Comment fonctionne concrètement votre Institut ? Est-ce une école, un laboratoire d’idées, une communauté intellectuelle ?

Andrej Kolárik : La Communauté Ladislav Hanus a lancé son premier programme académique et de formation en 2002. Depuis, l’Institut a considérablement élargi ses activités et propose aujourd’hui une large palette d’initiatives culturelles et intellectuelles.

Nous organisons chaque année le festival académique “Hanusove dni” (Les Journées Hanus), qui se tient dans trois grandes villes de Slovaquie. Nous publions également le magazine Verbum, consacré à la culture chrétienne, quatre fois par an.
L’Institut coordonne aussi plusieurs événements d’envergure, comme le Conservative Summit et la Conférence juridique conservatrice qui ont lieu chaque mois de novembre.

Notre dernière initiative est le lancement du projet YouTube “Cultura”, une chaîne destinée à diffuser la pensée conservatrice auprès d’un public plus large et plus jeune.

À travers l’ensemble de ces activités, notre ambition est de devenir un think tank complet, un lieu où la réflexion intellectuelle, la formation spirituelle et l’action publique se rejoignent, dans l’esprit du message de Ladislav Hanus.

Breizh-info.com : Vous insistez sur la formation philosophique et théologique des jeunes : est-ce une réponse à la crise spirituelle que traverse l’Europe occidentale ? Quelle place occupe la foi chrétienne dans votre travail intellectuel ? Peut-on encore penser la politique sans fondement spirituel, selon vous ?

Andrej Kolárik : La formation philosophique et théologique est au cœur de notre mission, précisément parce que nous pensons qu’il est impossible de comprendre la crise culturelle et politique de l’Europe sans en reconnaître la dimension spirituelle.

En Europe occidentale, la sécularisation a souvent conduit à séparer la foi de la raison, et la politique de l’anthropologie. En Europe centrale, l’histoire a été différente : sous le communisme, l’Église a représenté un espace de résistance morale, et c’est pourquoi la foi y conserve encore aujourd’hui une certaine autorité culturelle et morale.
Mais nous savons que les mêmes dynamiques de sécularisation progressent aussi chez nous — simplement, avec quelques années de retard.

C’est pour cela que nous voulons offrir aux jeunes une formation qui unisse ces deux dimensions : la profondeur intellectuelle de la philosophie et de la théologie, et la responsabilité publique de la vie civique.

La foi chrétienne, pour nous, n’est pas une opinion privée, mais une vision cohérente de l’homme, de sa liberté et du bien commun.
Penser la politique sans fondement spirituel, c’est réduire la société à un simple mécanisme technocratique. Or l’homme n’est pas une machine sociale : il est une personne faite pour la vérité, la beauté et la justice.
C’est à partir de cette conviction que nous cherchons à réfléchir à la politique, au droit et à la culture.

Breizh-info.com : Cette édition du Conservative Summit rassemble des penseurs, des journalistes et des responsables politiques venus de toute l’Europe. Quel est le thème principal de cette année ?

Andrej Kolárik : La cinquième édition du Conservative Summit a pour thème principal la crise démographique.

C’est une question que nous abordons sous plusieurs angles : d’abord celui de l’immigration, qui risque de transformer en profondeur l’identité et la culture de nombreux pays européens, mais aussi celui de l’hiver démographique, c’est-à-dire le déclin des naissances et du renouvellement des générations.

Ce second aspect – la natalité et la politique familiale – sera d’ailleurs le thème central de la Conférence juridique conservatrice, organisée en parallèle du sommet.

Breizh-info.com : Qu’espérez-vous de ces rencontres ? Une simple réflexion intellectuelle, ou la naissance d’un véritable réseau conservateur européen ?

Andrej Kolárik : L’ambition du Conservative Summit est d’inspirer la scène conservatrice européenne, aussi bien dans la politique que dans la vie publique. Notre objectif est de rassembler ceux qui partagent les mêmes convictions autour des questions fondamentales, en dépassant les divisions partisanes et les frontières nationales.

Nous voulons encourager la formation d’un véritable réseau d’influence conservateur, capable de promouvoir des positions cohérentes avec l’anthropologie chrétienne et la doctrine sociale de l’Église, face aux différentes expérimentations idéologiques qui dominent aujourd’hui en Europe.

Breizh-info.com : Les pays du groupe de Visegrád (Pologne, Hongrie, Slovaquie, Tchéquie) semblent plus attachés à leurs racines chrétiennes et nationales que la France ou l’Allemagne. Selon vous, pourquoi ?

Andrej Kolárik : Une des raisons, selon moi, est que la génération des années 1960 et 1970 – celle des révolutions culturelles de l’Ouest – n’a pas eu ici la même influence qu’en Europe occidentale.
Aujourd’hui encore, beaucoup de dirigeants politiques en France ou en Allemagne viennent de cette génération marquée par le progressisme.

En Europe centrale, c’est différent : le gauchisme intolérant, c’était le communisme, et il a perdu toute attractivité morale après 1989. Le patriotisme de droite, lui, s’est souvent retrouvé du côté des dissidents et des défenseurs de la liberté.

Mais je vois avec optimisme le retour d’un patriotisme sain en France, notamment chez les jeunes générations. Cela me donne beaucoup d’espérance dans la jeunesse française.

Breizh-info.com : Avez-vous le sentiment que Bratislava est en train de devenir une sorte de “capitale intellectuelle du conservatisme européen” ?

Andrej Kolárik : C’est un peu difficile à affirmer, surtout quand on regarde ce qui se passe chez nos voisins hongrois.
En Hongrie, il existe déjà un écosystème conservateur très développé, avec de nombreux think tanks et médias solides : le Mathias Corvinus Collegium (MCC), le Centre for Fundamental Rights, le Danube InstituteSzázadvég, le Hungarian Institute for International Affairs, et bien d’autres encore – la liste pourrait s’allonger sur plusieurs pages (rires).

Mais au sein du groupe de Visegrád, on peut dire que chaque pays développe sa propre forme de conservatisme.

En Pologne, il s’exprime surtout par un patriotisme catholique fort.

En Hongrie, il s’agit plutôt d’un conservatisme national et identitaire.

En Tchéquie, on retrouve un conservatisme civique, davantage centré sur la liberté individuelle et la responsabilité.

Et en Slovaquie, notre tradition est celle d’un conservatisme explicitement chrétien.

Ces différences viennent de l’histoire de nos mouvements dissidents : dans chaque pays, ce sont des groupes différents qui ont incarné la résistance au communisme, et cela continue d’influencer nos sensibilités politiques aujourd’hui.

Breizh-info.com : Comment définiriez-vous, en 2025, le conservatisme européen ? Est-ce avant tout une réaction, une résistance ou une reconstruction ? Le mot “conservateur” est souvent caricaturé en Europe de l’Ouest. Comment lui redonner son sens originel — celui d’un attachement à la vérité, à la beauté et à la continuité culturelle ?

Andrej Kolárik : Nous sommes conservateurs, certes — mais qu’est-ce que nous conservons exactement ? Les institutions occupées aujourd’hui par la génération révolutionnaire de 1968 ?- Dans une époque où la contre-culture est devenue la culture dominante, défendre la culture, la beauté et la vérité est devenu, paradoxalement, un acte contre-culturel.

J’aime beaucoup une expression d’Alvino-Mario Fantini, rédacteur de The European Conservative : il parle de “conservative disruption”, une subversion conservatrice.

Être conservateur en 2025, ce n’est plus simplement préserver ce que nous avons hérité, mais avoir le courage de confronter le discours dominant et de poser les vraies questions : « Qu’avez-vous fait ? Pourquoi n’avons-nous pas reçu la tradition que la génération précédente vous avait confiée ? Pourquoi l’avez-vous jetée aux oubliettes ? »

Le conservatisme européen d’aujourd’hui n’est donc pas une nostalgie : c’est une résistance créatrice, qui cherche à restaurer la continuité spirituelle et culturelle de l’Europe, pour qu’elle redevienne fidèle à elle-même.

Breizh-info.com : Le conservatisme est-il compatible avec la modernité technologique ? Ou doit-il au contraire proposer un autre modèle de société ? Quelle est, selon vous, la principale erreur commise par la droite occidentale au cours des dernières décennies ?

Andrej Kolárik : Il existe, à mon sens, plusieurs types de droite.

La première, que Vladimír Palko a très bien décrite dans Les Lions arrivent, est une droite timide, toujours prête à faire des compromis avec la gauche dans l’espoir d’être respectée. C’est, selon moi, l’erreur principale qu’a commise la droite occidentale au cours des dernières décennies : chercher à plaire à ses adversaires au lieu d’assumer une vision propre.

Mais il existe un autre risque : celui d’une droite purement anti-wokiste, qui se définit uniquement par ce qu’elle rejette, sans savoir ce qu’elle veut construire.
On voit parfois des gens gagner en popularité simplement parce qu’ils « font pleurer les progressistes », comme on dit sur Internet — mais sans offrir de projet positif, sans racines philosophiques ou spirituelles solides.

Le vrai conservatisme, lui, ne se limite ni à la réaction ni à la provocation : il doit être propositif, capable d’intégrer la modernité technologique sans perdre la boussole anthropologique.
Les outils changent, mais la conception de l’homme et du bien commun, elle, reste essentielle.

Breizh-info.com : L’Europe de l’Ouest s’éloigne rapidement de ses racines chrétiennes, tandis que l’Europe centrale semble les défendre. Craignez-vous une fracture durable entre ces deux Europes ?

Andrej Kolárik : C’est vrai que l’Europe de l’Ouest a abandonné ses racines chrétiennes plus intensément.
Sa classe politique et ses élites culturelles ont, dans une large mesure, tourné le dos à cet héritage.

Mais je reste optimiste. Car je vois, au sein de la jeunesse occidentaleun véritable désir de redécouverte spirituelle. Beaucoup de jeunes, en France ou ailleurs, cherchent à renouer avec les sources de leur culture et de leur foi, souvent par réaction à la vacuité du monde moderne.

Je pense donc que cette fracture entre l’Est et l’Ouest n’est pas irréversible. Elle pourrait n’être qu’une question de quelques cycles électoraux, le temps que la nouvelle génération prenne conscience de ce qu’elle a perdu et de ce qu’elle veut retrouver.

Breizh-info.com : L’immigration, le transhumanisme, la crise démographique, la désacralisation du politique : quel est, selon vous, le défi le plus urgent ?

Andrej Kolárik : Aujourd’hui, les deux défis les plus urgents sont clairement l’immigration et la crise démographique, car ils sont étroitement liés.

Le déclin des naissances fragilise nos sociétés, tandis que l’immigration de masse transforme rapidement leur identité culturelle et spirituelle. Mais je pense que, dans un avenir proche, le transhumanisme deviendra la grande question du siècle : celle de savoir ce qu’est encore un être humain dans un monde où la technologie prétend redéfinir la nature même de l’homme.

Enfin, il y a ce que j’appellerais non pas seulement une désacralisation, mais une banalisation du politique.
Dans de nombreux pays, les partis sont devenus si dilués qu’il ne leur reste plus que le marketing et les slogans ; ils ont perdu toute substance idéologique ou morale.
Et dans le même temps, le champ d’action politique se réduit : la multiplication des régulations supranationales a transformé la gouvernance en un système mécanique, technocratique, où tout se résume à une question de gestion bureaucratique plutôt que de vision.

Breizh-info.com : Le conservatisme américain – autour de figures comme Ron DeSantis ou J.D. Vance – influence-t-il votre réflexion, ou l’Europe doit-elle inventer sa propre voie ?

Andrej Kolárik : Il existe effectivement plusieurs penseurs et mouvements américains qui exercent une influence importante sur la réflexion conservatrice en Europe centrale.

Par exemple, Scott Hahn a été l’invité principal de notre plus grand événement en Slovaquie, et nous avons traduit deux de ses ouvrages : C’est digne et juste et Catholiques en exil. D’ailleurs, l’un de nos collègues étudie actuellement à l’Université franciscaine de Steubenville, où Scott Hahn enseigne.

Nous entretenons aussi des liens avec le cercle d’universitaires américains autour de la revue First Things, qui organise chaque année une école d’été en Slovaquie, au Kolégium Antona Neuwirtha.
Pour beaucoup de jeunes, ce lieu représente un véritable “moment Jean-Paul II”, un temps de formation spirituelle et intellectuelle intense.

Enfin, il y a les penseurs du courant “postlibéral”, comme Patrick Deneen et Adrian Vermeule, proches du sénateur J.D. Vance, ainsi que des intellectuels comme Gladden PappinPhilip Pilkington ou Rod Dreher, qui sont souvent présents en Hongrie et très suivis en Slovaquie.

Pour ma part, il est parfois difficile de naviguer entre les différentes tendances du conservatisme américain, qui vont du populisme culturel au traditionalisme catholique.
Mais je crois qu’en Europe centrale, nous devons apprendre de leurs réflexions tout en suivant notre propre voie, enracinée dans notre histoire chrétienne, nos traditions politiques et notre expérience du totalitarisme.

Breizh-info.com : Comment percevez-vous la situation française ? Y voyez-vous un espoir de renouveau intellectuel conservateur, ou un pays déjà trop déstructuré spirituellement ?

Andrej Kolárik :

J’ai beaucoup d’espoir pour la France.

Je vois une faim spirituelle réelle chez de nombreux jeunes Français, un profond désir de redécouvrir leurs racines.

J’ai été frappé par le nombre de baptêmes d’adultes et par l’essor du pèlerinage de Chartres, qui symbolise pour moi cette recherche de sens et de vérité.

Le conservatisme français, tel que je l’observe, est vivant, courageux et substantiel : il ne se contente pas de slogans, mais cherche une véritable cohérence intellectuelle et spirituelle.

Il existe cependant une situation particulière : pour beaucoup de jeunes Français, les seuls croyants pratiquants qu’ils côtoient au quotidien sont des musulmans.

C’est pourquoi on entend parfois des phrases étonnantes, comme : « Le carême, c’est le ramadan des chrétiens. » Cette confusion montre à quel point la culture religieuse s’est affaiblie, mais aussi combien la redécouverte du christianisme est devenue une aventure intellectuelle et spirituelle nouvelle.

Et c’est précisément cela qui me rend profondément optimiste pour la France.

Propos recueillis par YV

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