Comment la terrible extrême-droite italienne fait entrer l’éducation sexuelle dans les écoles

« Tant que nous serons au pouvoir, l’éducation sexuelle n’entrera pas dans les écoles ! » Les Italiens se souviennent encore de la ligne dure affichée par le gouvernement Meloni en la matière. Mais comme le déplore l’écrivain Marcello Veneziani « l’héroïque résistance n’aura duré qu’un mois »… Pire : le ministère de l’Instruction se décharge de sa responsabilité sur les parents. Un parfait exemple que ce qu’est la droite : dure à l’extérieur, mais vide à l’intérieur.

Un revirement inattendu

Volontiers taxée d’extrême droite, la coalition du gouvernement de Giorgia Meloni est bien moins dure qu’il n’y parait, et nous l’avons largement évoqué dans les colonnes de Breizh-info. Un dernier événement vient confirmer le vide sidéral de vision du monde droitarde, à savoir, la volte-face du ministre de l’Instruction Giuseppe Valditara qui, après avoir affiché une certaine intransigeance quant à l’introduction de l’éducation sexo-affective dans les écoles, a finalement cédé et supprimé l’interdiction.

Si elle demeure proscrite dans les établissements de premier cycle (maternelle et primaire), elle sera soumise à l’accord des parents au collège et obligatoire au lycée. Restituer aux parents le droit de savoir et de décider ce qui est enseigné à leurs enfants peut paraître louable. Mais, comme le souligne Marcelle Veneziani, cela risque d’exposer à des préjugés idéologiques les familles qui refusent la participation de leur progéniture aux cours sexo-affectifs. Et, au-delà de la fracture ainsi créée entre « parents progressistes et ouverts » et « parents bigots et conservateurs » – dont les enfants seront les premiers à pâtir -, le journaliste s’interroge : « ne se peut-il pas que les parents qui sont contre auront honte de dire non et s’adapteront à l’« esprit du temps » pour ne pas paraître vieux-jeu ou fermés d’esprit ?  »

Qui est légitime ?

Le cœur du sujet, mis en avant par Francesco Borgonovo dans les pages de La Verità, est le suivant :

« Le problème de l’éducation sexo-affective est celui-ci : qui sont les experts chargés d’enseigner comment construire des relations? Quels concepts doivent-ils exprimer pour être jugés aptes et faisant autorité en la matière ? Si les dérives sur le genre sont inaudibles et nuisibles, ne le sont pas moins les absurdités post-féministes sur le patriarcat et la masculinité toxique, qui ne résolvent pas le problème de la violence sur les femmes, mais risquent, en revanche, de créer des problèmes aux jeunes hommes qui sont déjà assez fragiles comme ça ? » 

En effet, parler de sexualité affective n’est jamais neutre. Qui le fait véhicule – consciemment ou inconsciemment – une idée sur le sexe, sur les identités sexuelles, sur les relations et les rôles sociaux homme-femme. Et si la volonté de contrecarrer les dommages causés par la pornographie ou par des parents défaillants peut paraître légitime, la réalité est tout autre, les cours à la sexualité sont le cheval de Troie à l’introduction de la théorie du genre dans les établissements scolaires : les Standards pour l’éducation sexuelle en Europe « ont été édifiés par un groupe de travail mis en place par l’OMS en 2008, dont 16 des 17 membres étaient liés à des mouvements LGBTQIA+. » Et ce, avec tous les traumatismes, les aberrations et les scandales auxquels nous avons pu assister…

Lutter contre la violence de genre : un argument fallacieux

En Italie, ce revirement n’aura pas suffi à satisfaire les oppositions qui ont crié au scandale, arguant que l’obligation d’accord parental à toute activité extrascolaire lié à la sexualité, reviendrait à une annulation de fait des cours et pire, qu’ « elle alimenterait le tabou de la sexualité, et donc qu’elle créerait, même sans s’en rendre compte, et un terrain fertile pour la violence » (Chiara Appendino, M5S).

Or, dans aucune des nations qui ont introduit ces cours depuis de nombreuses années n’a été enregistrée une quelconque diminution de la violence contre les femmes. Car comme le rappelle avec justesse Adriano Scianca, philosophe et journaliste, cet argument se base sur l’erreur conceptuelle qui prétend que celui qui fait le mal, le fait par manque d’éducation, parce qu’il ne sait pas, parce qu’il serait ignare de la différence entre le bien et le mal. Un argument qui revient souvent sur la table lorsqu’un immigré violente une femme : il serait passé à l’acte parce qu’il ne posséderait pas « les codes culturels » pour comprendre la portée de son geste. Or, ceux qui agressent, violent, assassinent, sont tout à fait conscients de faire du mal. C’est précisément pour la sensation de vexation et d’humiliation qu’ils tirent de la domination de leur victime qu’ils agressent, violent ou assassinent.

Il faudrait donc arrêter de prêter à l’école des pouvoirs qu’elle n’a pas, et comprendre enfin que ce n’est pas là que se situent les racines de la violence contre les femmes. (Et les hommes).

Standards européens d’éducation à la sexualité de l’OMS : 2 minutes pour comprendre [vidéo]

Audrey D’Aguanno

Crédit photo : DR

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