Aux États-Unis, des chercheurs et la puissante American Heart Association (AHA) tirent la sonnette d’alarme : la quasi-totalité des adultes présente au moins un signe du “syndrome cardiovasculaire-rénal-métabolique”, un ensemble de troubles longtemps traités comme indépendants les uns des autres. En réalité, les médecins identifient désormais une boucle pathologique mêlant maladies cardiovasculaires, insuffisance rénale, obésité et troubles métaboliques comme le diabète.
Ce syndrome, désigné sous l’acronyme CKM, reste pourtant largement méconnu du grand public, malgré son ampleur. Selon un sondage mené outre-Atlantique, neuf personnes sur dix n’en ont jamais entendu parler.
Une prévalence massive révélée par une décennie de données
Les chercheurs ont analysé les enquêtes de santé nationales américaines réalisées de 2011 à 2020. Les résultats sont sans appel :
- près de 90 % des adultes présentent au moins un marqueur précoce : hypertension, surpoids, glycémie déséquilibrée…
- 15 % sont déjà dans une phase avancée, avec des lésions vasculaires ou un début d’atteinte rénale.
- après 65 ans, plus d’un adulte sur deux bascule dans les stades sévères du syndrome.
Particulièrement frappant : même les 20-44 ans présentent des risques non négligeables, notamment les hommes et certaines minorités. Une tendance qui reflète l’évolution d’un mode de vie sédentaire, pauvre en activité physique et marqué par une alimentation déséquilibrée.
Pourquoi ces maladies avancent-elles ensemble ?
Le cœur, les reins et le métabolisme forment un système interdépendant. Lorsque l’un faiblit, les autres suivent.
- Un cœur moins performant irrigue mal les reins : leur fonction d’élimination se dégrade.
- Des reins affaiblis dérèglent la pression artérielle et surchargent le cœur.
- L’excès de poids et les dérives métaboliques entretiennent une inflammation chronique qui abîme l’ensemble de la chaîne.
Ce cercle vicieux peut évoluer silencieusement pendant des années. Beaucoup de malades ne découvrent les dégâts que tardivement : en Amérique, neuf personnes sur dix souffrant d’un début d’insuffisance rénale l’ignorent.
Les signaux d’alerte trop souvent négligés
Contrairement à l’image classique de l’infarctus fulgurant, les premiers symptômes sont discrets :
- fatigue soudaine ou persistante,
- baisse de concentration, impression de “brouillard mental”,
- gonflements inhabituels au niveau des chevilles ou de l’abdomen,
- variations dans la fréquence des urines, mousse ou coloration anormale,
- insomnies, goût métallique dans la bouche,
- hausse progressive de la pression artérielle.
Chez les femmes, les manifestations cardiaques sont parfois atypiques : nausées, douleurs à la mâchoire ou épuisement extrême.
Ces signaux isolés semblent anodins… mais, replacés dans l’ensemble CKM, ils dessinent une trajectoire à long terme.
Jusqu’ici, le système de santé occidental compartimentait ses spécialités : cardiologues, néphrologues, endocrinologues fonctionnaient en parallèle. L’AHA plaide désormais pour une prise en charge globale et coordonnée, en cohérence avec la réalité des patients.
Des recommandations cliniques spécifiques au syndrome CKM seront publiées début 2026.
Quels leviers pour enrayer le phénomène ?
Les chercheurs rappellent qu’une grande partie du syndrome CKM peut être stabilisée, voire inversée, grâce à une combinaison d’hygiène de vie et de traitements adaptés.
Parmi les mesures les plus efficaces :
- Alimentation contrôlée en sel et en sucres, riche en fruits, légumes, céréales complètes, protéines maigres.
- 150 minutes d’activité physique par semaine pour réduire tension, glycémie et inflammation.
- Suivi régulier des marqueurs clés : tension, glycémie, cholestérol, poids, fonction rénale.
- Arrêt du tabac et modération stricte de l’alcool.
- maîtrise du stress et meilleur sommeil.
- prudence avec certains médicaments en libre accès, notamment les anti-inflammatoires, pouvant fragiliser les reins.
L’AHA rappelle également que même une légère élévation du rythme cardiaque au repos, ou un déséquilibre après les repas, peut annoncer des complications à moyen terme.
Si les chiffres proviennent des États-Unis, les mécanismes décrits concernent toute l’Europe : alimentation industrialisée, sédentarité croissante, vieillissement démographique. Les autorités américaines parlent d’un “syndrome silencieux” ; il est probable que les mêmes tendances se retrouvent en France, y compris dans des territoires ruraux ou périurbains.
Le CKM pourrait bien devenir l’un des défis majeurs des prochaines décennies : un ensemble de risques qui ne se voient pas, mais qui avancent ensemble.
Illustration : DR
[cc] Article relu et corrigé (orthographe, syntaxe) par ChatGPT.
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