Le territoire du département de l’Ariège incarne à merveille cette France du vide, ses faibles densités légendaires (31 habitants au km2), confinent presqu’à la désertification. Les deux plus grands centres urbains, Foix et Pamiers comptent respectivement 9000 habitants et 15 000 habitants, et maintiennent à grand-peine leur population.
Avec un léger avantage pour Pamiers qui profite de l’implantation d’un petit tissu de sous-traitants aéronautiques. L’un des derniers avantages qui restent aux déserts humains de l’hexagone, repose sur leur capacité d’ offrir aux amoureux de la nature, une campagne immaculée. Forte de cet atout, la région profite d’un petit regain migratoire grâce aux dernières installations de néo-ruraux en mal de grands espaces.
Dans le droit fil de ce petit regain rural, le vignoble de l’Ariège connaît depuis ses trente dernières années, une lente résurrection avec l’arrivée récente de 5 domaines se partageant la minuscule IGP Ariège de 60 hectares.
Le lustre du passé
Rien en comparaison de son âge d’or, aux temps de Philippe le Bel (14ème siècle) quand ses vins étaient convoyés jusqu’à Paris pour les besoins de la cour Royale. À cette époque, les redevances à part de fruit prélevées sur le vignoble ariégeois faisaient les riches heures de l’évêché de Pamiers.
Le grand temps fort pour l’Ariège survient durant le règne de Napoléon III, à la faveur de l’installation de la ferme-école de Royat en 1849. Grand projet d’inspiration physiocratique, destiné à extirper l’Ariège de son arriération viticole, l’établissement contribue à la modernisation de l’économie vitivinicole par deux avancées majeures, encore en vigueur de nos jours.
La première réside dans la mise au point de la fameuse taille cordon Royat, la plus répandue dans le monde, qui permet en outre de concilier rendements et qualité, ainsi que la mécanisation, grâce à un espacement adapté.
Enfin la ferme de Royat lègue le système d’écoulement par gravité qui s’imposera dans tous les chais modernes, un standard devenu indispensable pour la bonne préservation des jus lors du processus de soutirage en cuverie.
Malgré tout, la crise du phylloxera, survenue à la fin du 19ème siècle et au début du 20ème, a enlevé toute raison d’être à ce petit vignoble montagnard, bien trop éloigné des grandes métropoles. Les vignes de l’Ariège figurent parmi les grands absents de la vaste replantation du vignoble français, une absence qui tient à des raisons de viabilité économique liées à une situation d’enclavement rédhibitoire.
Fort heureusement, le mouvement récent de reconquête des anciens terroirs disparus, trouve aussi sa manifestation dans les confins des contreforts pyrénéens ou des vins de forte individualité renaissent peu à peu.
Le particularisme du terroir de piémont
À la confluence des influences atlantiques, méditerranéennes et montagnardes, le vignoble ariégeois dispose d’un terroir de choix, en mesure d’offrir des vins à la croisée entre les personnalités du sud-ouest et du Languedoc.
Les vignes des quelques domaines présents sur l’appellation s’étalent le long de la vallée de la Lèze et grimpent sur les premiers contreforts des Pyrénées. L’altitude n’est pas négligeable, entre 300 et 400 mètres, de quoi assurer des contrastes diurnes et nocturnes très recherchés pour l’acidité des vins. Outre l’altitude et des expositions adéquates, les vignes tirent aussi parti de conditions méso climatiques, en relation directe avec cette fameuse configuration de vignoble de piémont.
L’effet de foehn joue à plein son rôle de réchaud des vignes, en étirant la période de mûrissement des raisins, tout en prévenant nombre de maladies cryptogamiques grâce à son rôle asséchant.
Enfin dans ce terroir des confins, exempt de toute empreinte agriculturale, la pollution est quasi absente des terres et de l’atmosphère, et les vignes peuvent ainsi revendiquer une virginité rare.
Notre coup de cœur : Coteaux d’Engraviès, Roc des Maillols, 2022
Thomas Piquemal est un jeune vigneron, originaire de la région qui s’est lancé récemment dans une audacieuse reprise des vignes pionnières des coteaux d’Engravies sur la commune de Vira. Le domaine a été planté de rien par Philippe Babin en 1998, une œuvre titanesque qui fort heureusement, trouve un successeur pour continuer à faire revivre l’âme des vins ariégeois.
Le pari est d’autant plus compliqué que l’Ariège constitue un micromarché pour l’écoulement des stocks, l’apport des touristes soutient certes, bon an mal an, les ventes locales. Reste que la faible audience des vins de l’Ariège, donne un tour évangélisateur au commerce de ces vins ailleurs en France !
Roc des Maillols 2022, prix de vente environ 13 euros
Cette cuvée assemble le fruit resplendissant d’une syrah de montagne à la structure solide du cabernet sauvignon, le tout rehaussé par le caractère juteux et tendre du cabernet franc. Le Roc des Maillols délivre un vin riche et coloré sur un degré d’alcool très bas 12.5 ! Preuve s’il en est, qu’un vin rigoureusement travaillé, peut se prévaloir d’une grande richesse en extraits et en polyphénols, sans pour autant monter dans les tours. Magnifique vin de terroir qui respire l’authenticité, le Roc de Maillols de Thomas Piquemal, exhibe toutes les qualités d’un vin biologique sain, non trituré par l’œnologie moderne, sur un profil abouti et un charme rustique inimitable.
Raphno
Physiocratie : doctrine économique du XVIII fondée sur la connaissance des lois dites naturelles, et donnant la prépondérance à l’agriculture
Illustration : DR
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