La décision fait déjà l’effet d’un séisme dans le paysage éducatif nord-irlandais. Dans un arrêt unanime, la Cour suprême du Royaume-Uni a estimé que l’enseignement religieux dispensé dans les écoles publiques d’Irlande du Nord — centré exclusivement sur le christianisme — ne respectait pas les exigences européennes en matière de liberté de pensée, de conscience et de religion. Pour les juges, cet enseignement n’était ni « objectif », ni « critique », ni « pluraliste », comme l’exige la jurisprudence.
Un recours lancé par une famille non religieuse
L’affaire prend sa source dans la plainte d’un père et de sa fille, scolarisée entre 2017 et 2021 dans une école primaire de Belfast. L’enfant recevait un enseignement religieux explicitement fondé sur la Bible et participait aux temps de prières collectives.
La famille, qui ne pratique aucune religion, avait demandé dès 2019 que soit vérifiée la conformité du programme avec leurs convictions. À leurs yeux, l’école présentait le christianisme comme une vérité indiscutable, en contradiction avec le droit des parents à une éducation respectueuse de leurs convictions philosophiques.
Le droit de retrait, souvent avancé comme garantie, ne réglait pas le problème. Selon les juges, il plaçait l’enfant dans une situation « stigmatisante », puisqu’elle aurait été la seule de sa classe à être exclue des activités religieuses.
Un premier jugement annulé… avant d’être rétabli
En 2022, la Haute Cour de Belfast avait donné raison à la famille, estimant que l’enseignement religieux pratiqué dans les écoles publiques violait les droits de l’enfant.
Mais cette décision avait été annulée en appel, le ministère nord-irlandais de l’Éducation ayant remporté une victoire temporaire.
La Cour suprême vient de refermer définitivement l’affaire :
– elle annule la décision de la Cour d’appel,
– elle rétablit le jugement de 2022,
– elle rejette le recours du ministère.
Selon le juge Ben Stephens, les droits de l’enfant et ceux des parents ont été « bafoués ». Il précise toutefois que la décision ne vise pas à instaurer la laïcité, ni à supprimer les cours de religion, mais à garantir qu’ils ne se transforment pas en outil d’« endoctrinement ».
Une remise à plat totale du programme religieux
Le programme actuel de l’Éducation religieuse (RE) dans les écoles publiques nord-irlandaises est basé exclusivement sur la doctrine chrétienne. Selon la Cour, il ne propose aucune véritable pluralité : ni enseignement d’autres religions, ni exploration des traditions philosophiques non religieuses.
Le jugement implique donc une révision du cœur du programme scolaire. Les écoles devront :
– enseigner un ensemble plus large de religions et de visions du monde dès le primaire,
– assurer un cadre de culte collectif qui ne marginalise pas les élèves non chrétiens,
– éviter que le droit de retrait devienne un mécanisme d’exclusion.
Le ministère de l’Éducation a indiqué qu’il « étudiait les implications » de cette décision avant de fournir des consignes aux établissements.
Réactions contrastées dans un territoire marqué par son histoire religieuse
Dans une région où le protestantisme et le catholicisme ont longtemps structuré la société, la décision provoque des réactions opposées.
Le Parti vert, par exemple, estime que « les écoles financées par l’État doivent accueillir tous les enfants sans imposer un horizon religieux particulier ». Pour eux, il s’agit d’adapter l’éducation « à une Irlande du Nord de plus en plus diverse ».
L’évêque catholique Donal McKeown dit accueillir la décision « sereinement » et y voit l’occasion d’actualiser un programme conçu dans un autre contexte historique : « L’Irlande du Nord a changé ; il est temps de repenser ce que nous enseignons et comment nous l’enseignons. »
D’autres responsables religieux parlent d’une chance pour renouveler la pédagogie plutôt que d’une menace.
Pour la députée unioniste Carla Lockhart, la décision est « préoccupante » : « Nous ne voulons imposer aucune croyance, mais nous défendrons le droit des parents à préserver un enseignement fondé sur les valeurs chrétiennes. »
Elle estime que l’arrêt aura « des ramifications profondes » pour l’ensemble du système éducatif.
Une décision aux conséquences nationales
Chaque partie s’accorde sur un point : la Cour suprême ne supprime pas l’éducation religieuse. Elle impose en revanche qu’elle soit pensée autrement. Les juges critiquent notamment l’absence totale de pluralité dans les premières années de primaire, ce qui pourrait entraîner :
– un remodelage complet des contenus,
– une diversification des intervenants dans les écoles,
– une refonte du culte collectif lors des assemblées.
Certains parents et enseignants interrogés en rue s’interrogent déjà sur l’avenir.
– Une mère espère que « les cours de religion deviendront optionnels ou modulaires »,
– Un autre parent estime que les enfants « doivent surtout connaître les traditions de leur famille et de leur communauté ».
Dans une Irlande du Nord où les questions identitaires restent sensibles, l’arrêt de la Cour suprême pourrait bien accélérer une transition déjà perceptible : celle d’une société moins structurée par ses deux grandes traditions chrétiennes, et davantage soumise aux délires juridiques européens sous prétexte « d’inclusivité », qui en réalité masquent le fait d’enseigner à nos enfants d’autres cultures, d’autres religions.
Illustration : DR
[cc] Article relu et corrigé (orthographe, syntaxe) par ChatGPT.
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