Une nouvelle enquête révèle un constat massif et sans ambiguïté : 82 % des Français considèrent l’impôt sur la succession comme illégitime. Un rejet profond, qui s’accompagne pourtant d’un paradoxe : jamais la transmission du patrimoine n’a été aussi essentielle, et jamais elle n’a été aussi opaque au sein des familles.
Un rejet massif d’un impôt vécu comme une double peine
La taxation de l’héritage reste l’un des sujets les plus explosifs du débat fiscal français. Selon une étude menée par Yomoni auprès d’un millier de personnes, plus de huit Français sur dix jugent injuste que l’État prélève une part du patrimoine transmis.
Un sentiment partagé toutes catégories sociales confondues, qui traduit une fracture ancienne entre la vision étatique — l’héritage comme « reproduction des inégalités » — et la vision des familles — la transmission comme un droit naturel, fruit du travail d’une vie.
Cette opposition est d’autant plus forte que 73 % des Français réclament davantage d’informations pour pouvoir préparer sereinement leur succession. Le refus de l’impôt n’empêche pas la conscience des enjeux : il révèle une défiance grandissante envers une fiscalité jugée confiscatoire.
L’étude met en lumière une réalité méconnue : les familles parlent très peu de l’héritage. Les chiffres sont éloquents. Plus de la moitié des Français ignorent totalement le patrimoine de leurs parents, et 63 % discutent « presque jamais » ou « jamais » de transmission au sein du foyer.
Ce silence n’est pas anodin : il crée des conflits, des erreurs coûteuses, des déceptions. Et parfois des catastrophes juridiques lorsque des donations mal préparées ou des testaments imprécis déclenchent des années de procédures.
Le paradoxe français est là : dans un pays où l’État taxe fortement la succession, les familles, elles, s’y préparent très peu — par pudeur, par crainte du conflit, ou par méconnaissance totale des règles.
Une méconnaissance sidérante de la fiscalité successorale
Le chiffre est vertigineux : 52 % des Français n’ont aucune connaissance des règles fiscales encadrant les successions. Pas de maîtrise des abattements, peu de compréhension des régimes matrimoniaux, et une vision très confuse des dispositifs existants (assurance-vie, démembrement, donations).
Cette ignorance nourrit une situation paradoxale : ceux qui rejettent massivement l’impôt sur la succession ne savent pas comment l’éviter légalement — pourtant, les outils existent. Les notaires le répètent depuis des années : une succession bien préparée peut réduire fortement l’impact fiscal.
Encore faut-il oser en parler.
46 % des Français pensent qu’il faut anticiper la transmission avant 50 ans. À peine 42 % ont entrepris des démarches concrètes — testament, donation, clauses bénéficiaires. Une majorité remisera le sujet au lendemain, parfois jusqu’à ce qu’il soit trop tard.
Le principal obstacle reste l’absence d’information (51 %), suivie du coût perçu, de la complexité administrative, et d’une crainte bien française : l’éventualité de tensions familiales.
Derrière le sondage, une question civilisationnelle
La transmission du patrimoine ne concerne pas seulement l’argent : c’est un pilier de stabilité, de continuité, de mémoire familiale. Si les Français rejettent avec tant de force la fiscalité successorale, c’est aussi parce qu’ils y voient une intrusion de l’État dans la cellule familiale.
Préserver le logement familial (59 %), assurer l’équité entre les enfants (69 %), sécuriser juridiquement la volonté du défunt (55 %) : autant d’objectifs qui relèvent de la responsabilité des parents, non d’un pouvoir central méfiant envers tout ce qui ressemble à une autonomie patrimoniale.
Dans une France où les impôts et taxes s’accumulent — travail, énergie, transmission, consommation —, l’héritage apparaît comme la dernière frontière, celle que les Français ne veulent plus laisser franchir.
L’étude est limpide : 83 % des Français souhaitent réduire les droits de succession. Le message est sans ambiguïté, bien que depuis des années, les gouvernements successifs entretiennent l’idée que la taxation de l’héritage serait un instrument de « justice sociale ».
Dans les faits, elle pèse surtout sur les classes moyennes patrimoniales — celles qui ont travaillé dur, économisé, et veulent transmettre un bien, un terrain, une maison familiale.
C’est peut-être là que se joue le vrai débat : pas seulement sur la fiscalité, mais sur le rapport entre la famille et l’État, entre l’effort et la récompense, entre la mémoire et l’avenir.
Le sondage révèle une France lassée des ponctions, et décidée à défendre ce qui lui appartient.
*Méthodologie : enquête réalisée auprès d’un échantillon représentatif de 1 001 personnes représentatives de la population française en novembre 2025. Sondage effectué en ligne à partir du panel de répondants BuzzPress (27 600 personnes en France sondées électroniquement par email et sur les réseaux sociaux Facebook et LinkedIn). Réponses compilées et pondérées en fonction de quotas préétablis visant à assurer la représentativité de l’échantillon et afin d’obtenir une représentativité de la population visée. Toutes les pondérations s’appuient sur des données administratives et sur les données collectées par l’INSEE.
[cc] Article relu et corrigé (orthographe, syntaxe) par ChatGPT.