Avec quels revenus peut-on réellement se loger dans les grandes villes françaises ? Et surtout, que peut-on encore espérer habiter, à la location ou à l’achat, avec un salaire moyen ? Une étude publiée par la plateforme immobilière Bien’ici apporte des éléments de réponse très concrets, à partir de dizaines de milliers d’annonces analysées dans les 11 plus grandes villes de France.
Le constat général est sans appel : en cinq ans, le pouvoir immobilier des ménages s’est nettement dégradé. À logement équivalent, il faut aujourd’hui des revenus bien plus élevés qu’en 2020, que ce soit pour louer ou pour acheter. Dans ce paysage tendu, certaines métropoles — dont Rennes et Nantes — demeurent toutefois relativement plus accessibles que d’autres.
Paris hors d’atteinte, les métropoles profondément inégales
Sans surprise, Paris reste totalement hors catégorie. La capitale concentre les niveaux de revenus exigés les plus élevés, très loin devant les autres villes. Pour louer un simple deux-pièces, un ménage doit afficher environ 5 000 euros de revenus mensuels. À Toulouse, Nantes ou Rennes, un foyer aux revenus deux fois moindres peut prétendre à un logement équivalent — voire plus grand.
Derrière Paris, un groupe de villes très exigeantes se détache nettement : Nice, Lyon et Bordeaux. Dans ces métropoles, accéder à un logement familial devient un véritable parcours d’obstacles. À Nice, par exemple, l’achat d’un quatre-pièces ancien nécessite plus de 8 600 euros de revenus mensuels, un seuil inaccessible pour une large majorité de ménages.
À l’inverse, Rennes et Nantes apparaissent parmi les grandes villes les plus abordables. Pour un quatre-pièces ancien, les revenus nécessaires restent généralement compris entre 4 300 et 4 700 euros par mois. Une réalité qui permet encore à des familles ou à des classes moyennes d’envisager un projet résidentiel stable, là où d’autres métropoles excluent de fait ces profils.
Le T3, révélateur du déclassement immobilier
Pour mesurer plus finement cette évolution, Bien’ici a choisi de se concentrer sur un type de logement très répandu : le trois-pièces (T3), à la fois courant en location et central dans les parcours de primo-accession à la propriété. Ce format agit comme un véritable baromètre du pouvoir immobilier urbain.
Fin 2025, pour louer un T3, il faut environ 7 250 euros de revenus mensuels à Paris. Dans la plupart des grandes villes, le seuil se situe entre 3 400 et 4 000 euros. À Rennes, Nantes ou Toulouse, un ménage peut encore accéder à ce type de logement avec environ 2 650 à 2 700 euros par mois — un écart qui illustre à lui seul la fracture territoriale du marché immobilier.
À l’achat, la marche est encore plus haute. Acheter un T3 ancien à Paris suppose près de 9 700 euros de revenus mensuels. À Nice, plus de 5 500 euros sont nécessaires. En revanche, plusieurs métropoles — dont Rennes et Nantes — restent autour de 3 400 à 3 700 euros, maintenant une certaine cohérence entre revenus locaux et prix immobiliers.
Dans le neuf, les écarts se creusent davantage encore. À Paris, seuls des ménages dépassant 13 000 euros de revenus mensuels peuvent prétendre à un T3, contre des niveaux compris entre 3 600 et 6 200 euros dans les autres grandes villes.

Cinq ans de glissement silencieux
L’un des enseignements majeurs de l’étude réside dans la comparaison entre 2020 et 2025. À logement identique, le revenu requis a fortement augmenté partout.
Pour la location d’un T3, la hausse varie de 17 à 26 % selon les villes. À Paris, il faut aujourd’hui plus de 1 200 euros mensuels supplémentaires pour louer le même logement qu’il y a cinq ans. Rennes, Toulouse ou Nice affichent des progressions comparables, autour de 23 à 26 %.
À l’achat dans l’ancien, la tendance est tout aussi préoccupante. Nice bat un record avec une hausse de 37 % des revenus nécessaires pour acheter un T3 ancien. D’autres villes comme Marseille, Lille, Strasbourg ou Toulouse dépassent également les +20 %. Lyon fait figure d’exception, avec une relative stabilité, mais reste déjà à des niveaux élevés.
Au final, le constat est clair : le pouvoir de se loger s’est contracté. Les ménages doivent consentir des efforts financiers bien plus importants pour accéder au même cadre de vie qu’il y a seulement cinq ans.
Rennes et Nantes, dernières respirations pour les classes moyennes
Dans ce contexte général de tension, la relative accessibilité de Rennes et Nantes mérite d’être soulignée. Ces métropoles bretonnes conservent encore un équilibre fragile entre revenus, surfaces et prix, même si la pression y progresse elle aussi.
Cette situation explique en partie leur attractivité persistante, mais elle pose également une question de fond : jusqu’à quand ? Sans maîtrise du foncier, sans politique cohérente de l’habitat, et face à l’inflation généralisée, ces villes pourraient à leur tour basculer dans une logique d’exclusion résidentielle.
Derrière les chiffres, c’est bien une question sociale et territoriale qui se pose : celle du droit à un logement digne, stable et adapté, pour des ménages enracinés localement. Vivre et travailler au pays. Une affirmation qui, à l’échelle bretonne comme nationale, ne peut plus être éludée.
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