Le Centre hospitalier des Pays de Morlaix (CHPM) traverse une période charnière. Établissement pivot du nord-Finistère au sein du groupement hospitalier brestois, il assure une offre de soins de proximité étendue — notamment en psychiatrie — avec 1 141 lits et places et plus de 2 200 agents. Mais la Chambre régionale des comptes tire la sonnette d’alarme sur une situation budgétaire encore fragile malgré des signaux de redressement récents.
Des années déficitaires et un endettement en hausse
Entre 2020 et 2023, le CHPM a accumulé de lourds déficits. La chambre souligne un report à nouveau négatif de 14 millions d’euros, une capacité d’autofinancement devenue négative en 2023 et un endettement atteignant 43 millions d’euros en 2024. Ces déséquilibres ont nécessité un soutien notable de l’Agence régionale de santé.
Les premiers chiffres de 2024 indiquent toutefois un infléchissement : la trajectoire financière commence à se stabiliser. L’hôpital a ainsi adopté en 2025 un plan pluriannuel de financement visant un retour à l’équilibre en 2028, un objectif de moyen terme qui suppose une discipline budgétaire stricte.
Une dynamique médicale réelle
Malgré ces contraintes, l’hôpital parvient à renforcer son attractivité médicale. Depuis 2020, les effectifs médicaux ont progressé de 16,8 %, un développement notable dans un contexte national de pénurie, et qui contribue directement au maintien de l’activité.
C’est pourtant sur le volet immobilier que les inquiétudes demeurent les plus fortes. Le complexe psychiatrique, livré en 2025, représente déjà 30 millions d’euros de dépenses. La prochaine tranche, dédiée à un nouveau bâtiment médical, est chiffrée à 50 millions d’euros, dont 25 millions devront être empruntés.
Mais la chambre pointe plusieurs zones d’ombre :
– un schéma directeur incomplet,
– des équipements non chiffrés,
– et des recettes futures incertaines.
Elle appelle ainsi à la vigilance sur ce financement à long terme, l’effort devant se poursuivre jusqu’en 2030.
Un établissement essentiel, mais à la croisée des chemins
Le diagnostic est clair : le CHPM demeure une structure centrale du maillage hospitalier breton, indispensable à l’accès aux soins du nord-finistère. Mais sa situation financière, malmenée par plusieurs années de déficits, rend son virage immobilier particulièrement risqué si les projections budgétaires et de recettes ne sont pas consolidées.
L’équation à résoudre est simple mais cruciale : moderniser l’hôpital tout en retrouvant l’équilibre — sans alourdir durablement une dette déjà significative.
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