12/12/2013 – 10H00 Paris (Breizh-info.com) – La France vient d’engager 1600 de ses soldats dans l’opération Sangaris (plus de détails ici) en Centrafrique, une de ses anciennes colonie d’Afrique de l’Ouest, afin d’éviter que le pays où l’Etat est failli ne devienne une zone grise, foyer d’instabilité dans une Afrique Noire déjà ébranlée par les conflits libyen, malien, ou encore la guerre civile latente au Nigeria. La mission du contingent français consiste à sécuriser les grands axes, empêcher le nord-ouest à majorité musulman de s’embraser – le reste du pays étant majoritairement chrétien, et à désarmer les divers groupes armés, notamment la Seleka qui fut l’ancienne garde prétorienne du pouvoir. Enfin, la pacification doit permettre la tenue d’élections démocratiques et générales.
Cependant, les objectifs annoncés par le pouvoir ont d’ores et déjà été dépassés en termes de personnels engagés. Hollande annonçait 1200 hommes sur place ; 1600 ont finalement été nécessaires pour sécuriser l’aéroport et le seul centre-ville de Bangui, la capitale, tandis que la situation reste très tendue dans les faubourgs et le nord-ouest du pays. Au total, entre 1800 et 2000 hommes devraient être mobilisés sur place.
De même, l’objectif de délai risque d’être explosé. Ainsi, le gouvernement annonce « de quatre à six mois ». Mais au sein de l’armée, l’on se prépare déjà à un an de présence minimum. Pour trois raisons. D’une part, encore une fois, la France sera seule ou quasi. La seule contribution de l’Europe de la Défense est un C-17 de la Royal Air Force, comme au début de l’opération Serval. Autrement dit, rien. A cela s’ajoutent deux C-17 de l’USAF (US Air Force) qui sont mis à contribution pour l’acheminement rapide de nouvelles troupes françaises vers Bangui; preuve que les capacités françaises ne sont pas à la hauteur, ni en termes de besoins, ni en termes de disponibilités.
Ensuite, parce que l’objectif initial de l’opération – empêcher la guerre civile et consolider les forces armées en place – est déjà caduc. La guerre civile a commencé et le principal danger est constitué par les forces armées qui formaient la garde prétorienne du régime qui vient de tomber. Enfin, construire un Etat dans un pays en proie à de profonds clivages ethnico-religieux (entre chrétiens et musulmans), claniques et qui ne connaît depuis son indépendance que des guerillas, guerres civiles et autres coups d’Etat, relève d’une gageure. Les élections générales pourraient ainsi n’être envisagées qu’en 2015. Ce qui obligerait la France à être présente sur place au moins un an.
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