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Prisons bretonnes : vers une catastrophe annoncée ?

11/07/2014 – 07H00 Orvault (Breizh-info.com) – Quelques jours après l’agression à l’arme blanche d’une surveillante pénitentiaire dans les couloirs de l’Etablissement pour Mineurs d’Orvault par trois détenus qui voulaient s’évader, il n’est pas inutile de dresser un état des lieux de la situation dans les prisons bretonnes. D’autant plus que mardi dernier à 16h30, un surveillant a de nouveau été agressé à l’EPM d’Orvault par un jeune détenu qui a essayé de l’étrangler pour prendre ses clés et s’évader.

Sur le plan administratif,  les établissements des cinq départements bretons dépendent d’une direction inter-régionale (DI) basée à Rennes et qui regroupe les établissements de Bretagne historique, Vendée, Anjou, Maine et Basse-Normandie. Sur l’ensemble de la DI, l’évolution de l’insécurité est inquiétante : on a enregistré 51 mutineries en 2013 contre 29 l’année précédente, 1 112 dégradations volontaires contre 601 en 2012 ou encore 2 566 agressions contre les surveillants contre 2 084 en 2012. Si on exclut le gros contingent d’insultes et de menaces – presque chaque fait est l’objet d’un rapport – “il reste 360 agressions physiques, soit une par jour sur le territoire de la DI”, explique le délégué interrégional FO Emmanuel Baudin.

L’Ouest serait-il particulièrement insoumis ? En réalité cette évolution est la même sur le plan national. Nous avons demandé à la direction de l’administration pénitentiaire les statistiques au niveau de l’ensemble des prisons françaises. Si le nombre d’agressions physiques à l’encontre des surveillants est relativement stable – 4 192 en 2013 contre 4 403 en 2012 et 4 083 en 2011, l’explosion des mutineries inquiète : on en a compté 1 111 en 2013 contre 874 en 2012 et 667 en 2011. Celle de Blois l’an dernier a défrayé la chronique : il s’en est fallu de très peu qu’elle ne se transforme en évasion collective, puisque ce 19 août 2013 soixante mutins ont saccagé tout un secteur de la maison d’arrêt suite à la découverte de l’un d’eux mort d’une rupture d’anévrisme dans sa cellule. Dans ce cas, l’administration pénitentiaire dispose d’une sorte de GIGN : les ERIS, Equipes régionales d’intervention et de sécurité, taillées sur mesure pour intervenir en milieu carcéral lors des mutineries et prises d’otage. Le phénomène n’est pas nouveau – dans les années 1980 et 1990, il y eut de grosses mutineries dont celle de Clairvaux qui fit du bruit en son temps,  mais elles reprennent en ampleur alors que la situation générale, comme nous le verrons, est bien plus défavorable pour les surveillants.

Les chiffres bretons cachent des situations contrastées. Ainsi les petites maisons d’arrêt (MA) de Brest, Saint-Brieuc et Lorient abritent une délinquance   moins enracinée dans la violence et moins structurée (délinquance routière, vols, etc.)  : elles sont donc plus calmes. Les maisons d’arrêt de Rennes et de Nantes, au contraire, ont une population le plus souvent “issue de la diversité” et plus orientée vers les vols avec violence et les trafics de stupéfiants. Le phénomène de bandes commence aussi à y émerger. C’est pire encore dans les prisons du grand bassin parisien (jusqu’à Blois, Tours, Orléans et surtout Châteaudun) où avoir 70% de détenus d’origine nord-africaine ou d’Afrique sub-saharienne, 5 à  10% de Roumains et 10% à 20% de Français dits “de souche”‘  est courant. Où surtout des bandes structurées sur des critères géographiques et ethniques agissent au sein même de la prison, reproduisant les trafics extérieurs à l’intérieur : le racket, les dettes entre détenus sont monnaie courante, alimentant un flot continu de violences, de tentatives d’évasion et de suicides.

Si la maison d’arrêt de Brest est calme, sa gestion inquiète bien du monde : “les détenus déambulent librement à l’intérieur, ce qui est contraire à la sécurité : plus il y a de portes fermées et mieux peut-on juguler une mutinerie”, explique Emmanuel Baudin. Un choix local qui se justifie par la volonté de désamorcer les tensions – ça marche, mais ce n’est pas sans conséquence. Notamment quand les détenus habitués au laxisme sont transférés dans des prisons plus rigoureuses, où ils se heurtent tout de suite aux surveillants. Un surveillant brestois soupire : “pour l’instant, c’est calme. Mais le jour où il y aura un pépin, ce sera un gros truc, et ce sera l’un de nous qui prendra. Ils trouveront bien un lampiste, tandis que les responsables du laxisme s’en tireront toujours.”

L’EPM d’Orvault concentre quant à lui – comme les autres établissements du genre – des mineurs issus de milieux socialement, psychologiquement et culturellement sinistrés, et enracinés dans la délinquance. “Pour aller en prison quand on est mineur, il faut avoir de lourds antécédents”, explique l’un des surveillants de l’établissement. Par exemple, des trois agresseurs de la surveillante, l’un a déjà 8 affaires, l’autre est condamné jusqu’en août 2015 – grosse peine, donc lourd passé – et un troisième est en pleine perdition côté famille.

Une touche d’optimisme dans cet océan de noirceur : les unités féminines dans les maisons d’arrêt, traditionnellement plus calmes, et la prison pour femmes de Rennes, près de la gare. Comment ne pas voir dans la relative paix qui y règne un lien direct avec les possibilités de travail offertes aux détenues, occupées dans le domaine du télé-marketing ou de la couture de vêtements pour l’administration pénitentiaire ? Bref, véritablement réinsérées. Ce qui n’est pas le cas dans les établissements pénitentiaires d’hommes.

Agression_d'une_surveillante_par_trois_mineurs

La prison faillit à sa mission de réinsertion

En effet, le travail manque dans ceux-ci.  La raison tient en partie à la conjoncture. Mais aussi au droit – il est totalement en dehors du droit du travail et donc dans la ligne de mire des hommes politiques qui, sous la pression de juristes et d’associations minoritaires mais actives, s’acharnent à ramener dans le droit commun une réalité pénitentiaire qui en est très loin. Enfin, le travail mobilise de nombreux effectifs qui manquent de plus en plus cruellement. Ce dont nous reparlerons.

Résultat, “les détenus ne fichent plus rien, et par volonté de paix sociale le ministère laisse faire, les directeurs et les surveillants n’avons plus qu’à subir”, explique Emmanuel Baudin. “Avant, on leur apprenait à lire et à écrire, on les instruisait à un métier, ils se levaient matin, maintenant s’ils veulent rester vautrés jusqu’à midi sur leur lit, on ne peut les en empêcher”. Donc la prison ne réinsère plus. Un autre phénomène aggrave les choses : depuis plusieurs années, toutes les petites peines sont détournées de la prison et aménagées systématiquement : TIG, port de bracelet électronique ou contrôle judiciaire sont la norme. “Si vous n’êtes pas récidiviste, en dessous de deux ans ferme, vous n’irez pas en prison, si vous l’êtes, c’est pareil en dessous de un an ferme”, explique un juge nantais. La loi Taubira n’a rien inventé – la droite a bien tort de lui taper dessus, puisque ça fait des années que les juges se sont rendus compte de l’échec cinglant des prison. Mais la “contrainte pénale” qui va être introduite va évidemment amplifier la dynamique.

N’arrivent donc en prison que de gros délinquants habitués du crime et du délit et ceux, plus jeunes, condamnés pour de grosses infractions et pour qui la prison est une sorte de rite de passage. Ou alors ce sont des prisonniers qui ont eu l’heur de déplaire au pouvoir auxquels ils se sont opposés – comme les militants anti-aéroport, les Bonnets rouges ou Nicolas Bernard Busse de la Manif pour Tous. Quasiment des prisonniers “politiques”. Par conséquent, sur ce terreau défavorable à la réinsertion sociale (sinon dans la société de la délinquance et de l’économie grise) prospèrent les trafics, le rapprochement de jeunes criminels avec d’autres plus endurcis, voire le terrorisme.

La prison n’est plus un lieu de punition ni d’affirmation de l’autorité

Le coeur du problème, c’est que la prison n’est plus à la hauteur de sa fonction de réprobation sociale et de punition pour ceux qui dévient de la norme acquise au sein de la société qu’est la loi. Norme que personne n’a plus le courage d’imposer, comme on a pu le voir dans d’autres domaines sociétaux en 2013. Paradoxalement, le mot “prison” n’a de sens que pour l’honnête citoyen, qui est le seul auquel il fait peur.

Cette évolution radicalement nouvelle est en partie due à l’Union européenne. En 2009, dans l’enthousiasme de la droite et de la gauche, la France a adopté  les règles pénitentiaires européennes. Ainsi, depuis, les surveillants ont interdiction de faire des fouilles corporelles systématiques aux détenus au retour des parloirs : celles-ci sont jugées humiliantes et dégradantes (!). Le résultat ne s’est pas fait attendre : “n’importe quoi rentre : il y a plus de shit dedans que dehors”, peste-t-on à la CGT pénitentiaire. Et ce sans compter les très nombreux portables, les bouteilles de vin qu’on retrouve parfois dans les cellules, les drogues dures, l’argent, les armes…

La Bretagne n’est pas exempte : “il y a un mois, les policiers étaient venus avec des chiens à la porte du centre de détention”, confie un surveillant nantais. “Sur dix familles qui attendaient pour le parloir cinq ont fini en GAV pour tentative d’introduction de stupéfiants en prison. Sachant qu’ils font ça une fois tous les deux ans, c’est vous dire ce qu’il rentre”. On imagine sans peine que les 2 688 objets ou substances prohibés découverts en 2013 dans les établissements de la DI (contre 2 136 en 2012) ne sont que la partie émergée de l’iceberg. Les surveillants n’ont pas les moyens de juguler le flux : “on fait une fouille de cellule par jour; donc une cellule est fouillée une fois tous les deux mois à peu près”, explique un autre surveillant nantais : “on a un quart d’heure pendant les mouvements des détenus. C’est un peu court, d’autant plus qu’ils y sont une grande partie de la journée et qu’ils se font des cachettes. Quant aux fouilles d’établissement il n’y en a qu’une par an, et encore, seulement s’il y a un risque établi d’évasion – un renseignement sur des armes cachées par exemple”.

Depuis plusieurs années aussi, les conséquences des sanctions internes pour les détenus qui se livreraient à des déprédations ou des violences entre eux ou sur le personnel se sont nettement adoucies. Les “commissions de discipline” ont été alignées sur le droit commun depuis 2009 – présence d’assesseurs civils, mais aussi d’un avocat (rémunéré 368 euros par l’Etat dans le cadre de l’aide juridictionnelle) – et les peines de “mitard” plafonnées à 20 jours, sauf en cas d’agression de surveillant (30 jours) ou si le détenu est mineur (7 jours dans tous les cas).

D’ailleurs le “quartier disciplinaire” (QD) d’aujourd’hui n’a plus grand chose à voir avec le mitard de jadis. Si les détenus sont à l’isolement, “la seule chose dont ils sont privés, c’est l’accès libre à la douche, aux activités et la TV”, explique un surveillant. Leurs activités – dont sportives – sont maintenues, ils peuvent cantiner – faire venir des produits que l’administration ne fournit pas habituellement pour se préparer leurs repas ou améliorer leur confort – et ont deux heures de promenade dans une courette réservée.

Enfin, le principe même que les détenus peuvent être soumis à l’autorité est chaque jour battu en brèche. “Nous ne pouvons plus les obliger à se soigner, quand ce sont des cas psy avec une obligation de soin décidée par le tribunal, ou à se soumettre à un portique de sécurité quand il y en a”, explique Emmanuel Baudin. “La moindre manifestation d’autorité provoque des explosions, des agressions, des mutineries”. La Belgique, en voyant le désordre déclenché par la directive de 2009, envisage de revenir à la situation antérieure. Pas la France. La fuite en avant continue, sous la pression continue d’associations qui ont l’oreille des politiciens et des médias pendant que les surveillants encaissent les coups et prêchent dans le désert. Sous la pression des détenus qui en veulent toujours plus, et de certains juristes.

vezin_prison

une cellule de la prison de vezin le coquet (35)

Un manque d’effectifs de plus en plus problématique

Brochant sur le tout, le manque d’effectifs. Au milieu de toutes les préoccupations à Orvault où les surveillants sont systématiquement pris à partie lorsque seuls, ils réintègrent les détenus dans les cellules. Manque d’effectif qui pousse les surveillants à enchaîner les heures supplémentaires – 60 h par mois à Nantes, presque trois jours. Maximisant les coûts pour l’Etat, les risques de bavure, de perte de vigilance. Actuellement l’EPM d’Orvault emploie 50 surveillants. Il en faut 5 de plus. A la maison d’arrêt, 20 surveillants manquent aux 250 en poste. La situation est un peu meilleure au centre de détention (250 surveillants aussi) où quelques postes manquent aussi. Soit plus d’une trentaine sur la seule ville de Nantes, 130 sur l’ensemble de la DI.

Les recrutements entrepris ne suffisent pas – entre le temps de la formation (1 an), des démissions, des départs en retraite, le solde est négatif. Et une nouvelle tuile arrive : en 2015, l’administration pénitentiaire récupère les extractions de détenus vers les tribunaux et retour dont se chargent actuellement policiers et gendarmes qui ont besoin d’hommes et de véhicules pour tenter d’endiguer la délinquance sur le terrain. Sur l’ensemble de la France, il faudra recruter entre 1000 et 2000 hommes, et c’est à peine commencé. Si bien que les surveillants n’ont pas fini de travailler en sous-effectif. Une situation que le ministère veut résoudre en misant sur la technologie : caméras, automatisme, portiques de détection. L’échec est patent à Condé sur Sarthe, nouvelle prison ultra-sécurisée… et aux deux tiers vide : 68 détenus y font régner la terreur, ce qui empêche l’administration d’utiliser à plein les 204 places existantes.

Le pouvoir n’assume plus ses prisons

En vérité, le coeur du problème, c’est que le pouvoir n’assume plus ses prisons – sauf pour y enfermer ses opposants. Tarnac pour la droite, Bretons aux bonnets rouges ou anti-aéroport pour la gauche, unis dans la connivence et la lâcheté.

Alors comme d’habitude, il laisse couler à petit feu. On retrouve la même habitude pour le mille-feuille administratif ou la redéfinition du périmètre de l’Etat, le Bac et le niveau général de l’enseignement, l’immigration et ainsi de suite. Dans les prisons, c’est la discipline intérieure qui s’en va en morceaux, sous les prétextes honorables de coller à la construction européenne, d’en finir avec les abus du passé et d’être “digne de la vocation universelle de la France, patrie des Droits de l’Homme”. Mais  quelle est la fonction d’une prison où des détenus passent leur temps vautrés devant la télé – qu’ils paient 8 euros par mois, alors que le citoyen lambda la loue 80 euros la semaine dans un hôpital – en surfant sur le net, Facebook, et en fumant du shit ? Des situations rares ? Non, quotidiennes, et de plus en plus présentes en Bretagne. Ni les français ni les Bretons ne s’en doutent, mais le mot “prison” n’est plus chargé que d’une force symbolique, et encore, pas pour les délinquants.

En revanche, ils en voient les conséquences au quotidien : une explosion de la délinquance, dont la courbe a pris le cap d’une hausse incontrôlée depuis septembre 2013, sur la quasi-totalité du territoire français. Les annonces du pouvoir n’ont jusqu’alors permis que de démonter les dispositifs existants pour précipiter les efforts sur les mille priorités désignées en même temps par l’échelon politique, à chaque fait divers. Ainsi, sur le grand Paris, 2500 postes de policiers et de gendarmes ont été retirés depuis 2009, dont 1000 depuis 2012. On assiste maintenant en direct à l’effondrement du système judiciaire, légal, carcéral français.  Dans nos prisons gît une bombe à retardement au coeur de la société. Tôt ou tard elle explosera.  La mèche est déjà allumée.

Crédit photo  : DR
[cc] Breizh-info.com, 2014, dépêches libres de copie et diffusion sous réserve de mention de la source d’origine.

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