Trop de malades autour des lycéens bretons ?

27/04/2015 – 07H00 ‑ Rennes (Breizh-info.com) ‑ Le personnel technique des lycées bretons est en mauvaise santé. C’est ce que révèle entre les lignes un rapport publié voici quelques jours par la chambre régionale des comptes de Bretagne. Ce document porte sur l’action de la région (quatre départements sans la Loire-Atlantique) en faveur des lycées, sauf ceux à vocation agricole ou maritime, soit 104.000 lycéens sur un total de 140.000.

La chambre brosse un tableau complet du sujet : investissements, aides à différentes activités, regroupement d’établissements, gestion du personnel, etc. On découvre au passage que le coût moyen des lycéens bretons est étonnamment faible par rapport aux autres régions : « Le coût d’un lycéen pour la collectivité peut être globalement estimé à 2 270 € en 2012 », écrivent les magistrats. Ces derniers l’expliquent, en marchant sur des œufs, par « la forte proportion d’établissements privés en Bretagne, pour lesquels, en application de la loi, le financement de la région par élève est sensiblement inférieur à celui qui est attribué aux établissements publics. » De fait, 60 % des lycéens bretons fréquentent un établissement public, 40 % un lycée privé (soit deux fois plus que la moyenne nationale).

Mais le constat le plus alarmant de la chambre est en réalité celui-ci : le personnel d’accueil, de restauration et d’entretien des lycées publics est en très mauvaise santé. La Chambre note que la « fragilité du public concerné » ne facilite pas la rationalisation des effectifs. Elle répète un peu plus loin que les établissements n’ont « pas toujours la possibilité de mettre en place une gestion des ressources humaines adaptée à un personnel souvent fragile ».

La Chambre régionale des comptes, comme c’est son rôle, examine la question sous l’angle de la gestion des établissements publics. Cet angle n’est pas négligeable puisque la région finance près de 2.400 postes budgétaires, pour un coût total supérieur à 76 millions d’euros par an. Mais si l’on envisage la question sous l’angle de la santé publique, il y a matière à s’inquiéter.

En effet, le taux d’absentéisme pour raison de santé était de 8,2 % en 2012 parmi les agents techniques des lycées. Un chiffre anormalement élevé : dans les autres services régionaux, il n’est que de 3 % ! D’après le rapport, qui cite une étude de la Région, cette fragilité du personnel technique des lycées bretons s’expliquerait par une moyenne d’âge élevée (les 45-60 ans sont majoritaires), la pénibilité des tâches dans la restauration et la lingerie, le manque de formation à la prévention des troubles musculo-squelettiques et des « risques psycho-sociaux ». Cependant, les accidents et maladies professionnelles liés aux risques du travail n’expliquent même pas 20 % de l’absentéisme de 2012, alors que les maladies ordinaires en motivent près de la moitié. Elles concernent près de la moitié de l’effectif, à raison de 21 jours d’absence dans l’année en moyenne par agent absent.

Sans doute s’agit-il rarement de maladies contagieuses, car il n’a pas été signalé un taux d’absences anormal parmi les lycéens bretons. Certains, cependant, ne manqueront pas de poser la question : est-il normal que des adolescents  soient amenés à côtoyer quotidiennement des agents en mauvaise santé ?

Crédit photo  : David Monniaux [cc] via Wikimedia Commons.
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