09/09/2015 – 07H00 Saint Pol de Léon (Breizh-info.com) – Marc Le Fur (UMP-LR) député de Loudéac et patron de la liste de droite aux élections régionales en Bretagne, s’est doté de deux porte-paroles. L’un d’eux, Maël de Calan, a été élu conseiller départemental du canton de Saint-Pol-de-Léon en mars. Mais ce dernier est davantage connu à Paris qu’en Bretagne.
Diplômé de Sciences Po et d’HEC, il est spécialisé dans l’économie. Avec deux autres compères, il a monté un think tank dénommé la « boite à idées ». Ces trois jeunes gens aux dents longues se présentent comme des « têtes chercheuses » de la droite. La mission de cette petite armée de l’ombre : produire des notes sur les sujets économiques et sociaux pour alimenter les élus des Républicains. Et préparer les réformes que la droite mettra en oeuvre une fois revenue au pouvoir.
Les fondateurs de la BAI veulent rester membres à part entière des Républicains : « pour peser au coeur de l’appareil et non de l’extérieur ». Ils jugent avoir « la vocation à rédiger le socle du programme du candidat de l’UMP pour la présidentielle de 2017 ». (Le Monde, 18 février 2014). La modestie ne les étouffe pas…
Pas de surprise du côté de leur ligne puisque ces trois technoapparatchiks se veulent « très européens, libéraux sur le plan économique et conservateurs sur les questions de société ». Au cours d’une conférence de presse à Rennes, Maël de Calan s’est attaqué aux « 7 pêchés capitaux des socialistes » (sic) . Parmi lesquels l’emploi : « 70 000 chômeurs de plus depuis dix ans » en Bretagne (4). Le chômage est une affaire trop sérieuse pour être traitée à la légère. D’autant plus qu’un semi-énarque se doit d’être exact et s’interdit évidemment de pratique l’à-peu-près. A plus forte raison lors d’une campagne électorale.
Mais il apparait que Maël de Calan fait dans l’approximatif, procédé qui pourrait être qualifié de « pêché capital ».
Il y ‘a donc nécessité de se reporter aux chiffres du ministère du Travail. En Bretagne (4), entre juillet 2005 et juillet 2015, la progression du nombre des demandeurs d’emploi a été de 42 500 dans la catégorie A( 202 900/144 400). De 10 800 dans la catégorie B. De 28 700 dans la catégorie C (43 100/71 800). De 3 900 dans la catégorie D (5100/9000) . et de 16 500 dans la catégorie E (4 700/21 200).
Pour s’en tenir à ce que la classe politico-médiatique retient habituellement, il y a eu pendant cette période 42 500 chômeurs supplémentaires dans la catégorie A et 82 000 dans la catégorie A, B et C. Pour être complet, nous ajouterons le chiffre de 102 400 pour l’ensemble des catégories. Dans tous les cas, nous ne retrouvons pas le chiffre de « 70 000 » cher à Maël de Calan.
Elève doué, mais peut mieux faire ! A condition de travailler ses dossiers évidemment. Mais « la boîte à idées » lui en laisse-t-elle le temps ?
Bien entendu, la responsabilité de Jean-Yves le Drian et de Pierrick Massiot dans cette progression du chômage en Bretagne peut être mise en cause. Même si la politique économique et les grandes options dépendent de Paris. Mais il ne serait pas inutile de rappeler quelques chiffres à M. de Calan.
De mai 2007 à mai 2012, en France métropolitaine, son champion d’alors, un certain Nicolas Sarkozy a fait fort en matière de progression du chômage : + 785 000 dans la catégorie A (2 142 000 / 2 927 000). + 118 300 dans la catégorie B ( 458 200 / 576 000). + 186 600 dans la catégorie C (669 000 / 855 600). + 71 400 dans la catégorie D ( 175 700 / 247 100). + 232 700 dans la catégorie E (131700 / 364 400). Soit + 1 394 000 dans l’ensemble des catégories (3 576 600 / 4 970 600).
Comme on le voit, le chômage est un terrain glissant sur lequel la droite et la gauche seraient bien avisées de ne pas s’aventurer. Faute de pouvoir renverser la table et de modifier de fond en comble les fondamentaux, la croissance du chômage est assurée pour longtemps, européisme et mondialisme aidant (voir le solde commercial avec l’Allemagne et la Chine par exemple).
Puisque Maël de Calan ambitionne de « rédiger le socle du programme du candidat des Républicains pour la présidentielle de 2017 », le spécialiste de l’économie (?!) qu’il est gagnerait à s’intéresser à celui de Marc Le Fur qui semble bien timide pour l’instant. Des idées « révolutionnaires » seraient les bienvenues. A condition, bien entendu, de respecter les dogmes libéraux et de ne pas toucher au modèle agricole breton. Mais ça, l’intéressé devrait savoir faire …
Bernard Morvan
Photo : DR
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Une réponse à “Maël de Calan, une « tête chercheuse » des Républicains un peu faiblarde”
gallaoued er maez!