18/10/2015 – 07H00 Angers (Breizh-info.com) – Les mélomanes angevins ont de la chance. Les 28 et 29 novembre au Grand Théâtre, deux représentations des Amants de Galerne les attendent. Cet opéra de Jean Jo Roux, sur un livret de René Queffelec, a été créé en juillet dernier au Centre Culturel de Baugé et mérite largement son entrée sur une scène nationale. A l’inverse de nombre d’œuvres du répertoire contemporain, celle-ci est audible par tout un chacun, même par quiconque n’aurait jamais entendu d’opéra.
L’action se déroule à Saint-Florent-le-Vieil. En cette année 1793, la guerre de Vendée se retourne contre les chouans. Après la défaite de Cholet, il faut repasser la Loire vers la rive droite. La guerre carillonne, tout un peuple s’affole, des vies continuent, s’inquiètent, notamment celles d’un jeune couple en formation, les deux principaux personnages de l’opéra. Que vont-ils devenir dans ce chaos ?
Telle est la matière du livret, signé du poète et homme de théâtre René Queffelec. La partition de Jean Jo Roux, quant à elle, suscite un monde musical d’une fraîcheur et d’une densité étonnantes, porté par cette pureté d’intention qu’ont oubliée tous les subventionnés à la mode, pour la plupart inaudibles. Les rythmiques rappellent, sans les imiter, les répertoires traditionnels, notamment dans la Danse villageoise ou la Marche des Vendéens.
L’orchestration, sans être passéiste, concorde avec un esprit général d’enracinement : des polyphonies transparentes, des contrepoints ensoleillés, des couleurs orchestrales ordonnées à l’action, aux méditations des personnages. Et des personnages eux-mêmes simples, sans psychanalyse surfaite, taillés à même leurs émotions.
Queffelec et Roux avaient donné voilà quelques années un oratorio sur le thème du Tir na nOg, cette île de l’éternelle jeunesse dans les mythologies gaéliques. Ils y mêlaient déjà traditions et orchestration moderne. Les amants de Galerne héritent de cette expérience mais s’en vont plus avant, évitant les imitations folkloriques pour entrer de plain-pied dans une tradition revivifiée, réinscrite dans un XXI° siècle où elle apparaît comme dans une continuité sans rupture historique. Un tour de force.
Et une réussite d’autant remarquable que Roux, comme il l’a déjà montré dans nombre de ses partitions religieuses (deux Requiem, trois Cantates, …), parvient à équilibrer un travail des voix et des instrumentistes qui sait se passer des professionnalismes excessifs ou des performances à vocation spectaculaire. Son opéra est enraciné, c’est-à-dire jouable et audible sur la terre où il est né, donné par des artistes qui en sont issus, pour la plupart des bénévoles. Roux, qui dirige par ailleurs nombre de chœurs amateurs, et l’orchestre du Lycée David d’Angers, aurait ici bien des leçons à donner aux professionnels des Conservatoires, qui ont trop tendance à s’enfermer dans des tours d’ivoire purement techniques.
En bref : deux représentations à ne pas manquer.
J.F. Gautier
Réservations au grand théâtre d’Angers : 02 41 24 16 40 / 02 41 24 16 41.
Extraits de la création à Baugé, en juillet 2015
Photo : DR
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