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Bretagne. Quand les communistes assassinaient des prêtres bretons. Par Youenn Caouissin

Nous vous proposons cet article sur l’assassinat de prêtres bretons par des communistes en Bretagne, article issu de la revue War Raok n°46, en plein accord avec son directeur de publication.

Les assassinats de l’abbé Perrot (12 décembre 1943) et de l’abbé Lec’hvien (10 août 1944) sont les crimes de la résistance communiste les plus connus, mais les maquis truffés de nostalgiques de la « Grande Révolution d’Octobre » ne se privèrent pas de « se payer » du curé. Ces messieurs, justiciers de circonstances, émules des Fouquier-Tinville, Robespierre et autres, avaient dressé « leurs listes » d’Hommes de Dieu à exécuter sous le couvert d’un « patriotisme où la haine leur tenait lieu d’honneur ».
Beaucoup moins connu, sinon ignoré, est l’assassinat d’un brave recteur morbihannais, l’abbé Emmanuel Rallier, attaché à la paroisse de Bieuzy-Lanvaux.

L’abbé Rallier fut assassiné, le jour anniversaire de ses 45 ans par des ” résistants “. Ll’un d’eux était une de ses ouailles qu’il connaissait parfaitement pour lui avoir fait le catéchisme et préparé à sa Première Communion.

29 juillet 1944, le bourg connait un va et vient de gens à l’allure inquiétante en ces temps troublés. D’un bar à l’autre, ils vont se répandre en propos tout aussi inquiétants, parlant de régler leurs comptes à des « collabos ». Dans l’après-midi, l’abbé Rallier a reçu la visite des gendarmes de Pluvigner, « de vrais patriotes », disait-il.

Le soir, un confrère, l’abbé Le Mer, professeur à Saint-Louis de Lorient était son invité à souper. L’abbé Rallier, son confrère, mais aussi sa sœur, Louise Rallier qui est sa servante au presbytère, montent se coucher.
Il est 10 heures du soir, il fait encore jour en cette saison, on frappe à la porte, Louise Rallier ouvre la fenêtre de sa chambre et voit des hommes armés. Elle leur demande ce qu’ils veulent, ils lui répondent qu’on « demande le recteur pour un malade ». Evidemment, bien que déjà couché, en bon prêtre, le recteur s’habille. A son tour, il demande aux hommes ce qu’ils veulent : « Venez à Scoulboc’h, Guillemet vous attend ».

Il n’y a pas de Guillemet à Scoulboc’h, répond le prêtre qui connait tout son monde. Il comprend le piège et les véritables intentions de ces hommes. Il reconnait justement l’un d’eux ; « Toi, je te connais ! », mais c’est déjà trop tard. Aussitôt le prêtre monte, demande l’absolution à son confrère. « Descendez, Rallier ! » lui ordonne un des tueurs. Laissez mon frère tranquille, il n’a rien fait, j’ai peur de vos armes, laissez-les à la porte ! ». Nous ne vous voulons aucun mal, seulement parler au recteur.

L’abbé Rallier arrive : « Me voilà ! Que me voulez-vous ? ». Aussitôt l’un des assassins tire un coup de révolver. Le recteur touché tombe, se relève et se précipite sur le tireur, un deuxième coup l’abat de nouveau. Sa sœur se précipite, et est abattue à son tour d’une balle en pleine bouche.

« Ca y est, ça n’a pas été long ! », se félicitent les criminels. Pendant ce temps-là, l’abbé Le Mer est resté caché dans sa chambre, ce qui lui évite d’être aussi abattu, il ira prévenir les autorités.

Le lendemain, l’abbé Le Mer, qui est allé se réfugier chez une personne du bourg, annonce la mort de l’abbé Rallier. Beaucoup de gens sont consternés, mais la peur de représailles les rende prudents…et lâches. D’autres n’hésitent pas à crier partout « Qu’il n’a eu que ce qu’il méritait pour avoir dénoncer des patriotes aux Boches ».

Il lisait la presse nationaliste bretonne, il devait donc mourir.

Ces calomnies sont évidemment les mêmes que celles qui « justifièrent » les assassinats de l’abbé Perrot et de l’abbé Lec’hvien, elles étaient en tout point entièrement fausses.

Mais voilà, l’abbé Rallier était aussi un sympathisant du nationalisme breton, et ami de confrères comme l’abbé Buléon, l’abbé Perrot. Il était lecteur de « Dihunamb » et ami de Loeiz Herrieu, recevait « Feiz ha Breiz » et « l’Heure Bretonne » ; on l’accusait d’avoir des liens avec « Breiz-Atao » et d’accueillir dans son presbytère des réunions d’autonomistes bretons.

S’il était bien lecteur de cette presse bretonne, il n’était en rien un militant, loin s’en faut. Ce qu’on lui reprochait en vérité, c’est d’avoir en pleine guerre construit une école catholique, car à Bieuzy il n’y avait qu’une école publique, aux relents très anti-chrétiens. Or, pour bâtir, il lui fallait du ciment, du sable, du bois, des clous, des ardoises, et bien d’autres matériaux.

Il était donc évident que le recteur ne pouvait se procurer tout cela qu’auprès des autorités allemandes, et qu’en échange « il dénonçait des patriotes ». On sait qu’il finança les travaux de son école uniquement avec ses maigres économies, et des dons, comme le fit l’abbé Perrot lorsque ce dernier restaurait les chapelles. Mais, en ces temps de restrictions, les rumeurs jalouses imposaient qu’un curé qui « avait de l’argent », ce ne pouvait qu’être de l’argent « sale, de l’argent de Boches »…

La veille de l’enterrement, une rumeur se répand : les maquisards ont promis d’abattre tous ceux qui s’y rendrait, et d’incendier leur ferme, de tuer leurs troupeaux, exactement les mêmes menaces proférées pour l’enterrement de l’abbé Perrot.

Personne ne voudra porter le recteur en terre, comme personne ne voulut, sur le chemin où il fut abattu, secourir le recteur de Scrignac agonisant.

De ses paroissiens, seuls cinq hommes et quelques femmes osèrent braver les interdits des FTP, cependant qu’une foule d’étrangers à la paroisse arrivait d’ailleurs, comme à Scrignac. Monseigneur Bellec, évêque de Vannes, entouré de trente prêtres présida le service funèbre et prononça l’éloge du défunt martyr, comme pour les obsèques de l’abbé Perrot.

Les tueurs ne seront pas inquiétés, pour la mythologie bolcho-résistantialiste, ils étaient des héros. On apprendra, plus tard, que l’un des tueurs, artisan maçon, n’avait pas apprécié que l’abbé Rallier puisse arriver à bâtir son école en se passant de ses services. Quant aux anti-cléricaux locaux, bouffeurs de curés, ils ne sont pas non plus étrangers à cet assassinat.

Sur la tombe de l’abbé Rallier, surmontée d’une croix celtique, comme la tombe de l’abbé Perrot à Koad-Keo, l’épitaphe gravée dans le granit dit :

Emmanuel Rallier – Recteur de Bieuzy – Assassiné le 29 juillet 1944. « Aveit savein ur skol kristen – Reit en deus e hoad hag e boan » (Pour bâtir une école chrétienne, il a donné son sang et sa peine).

Une rue de Bieuzy, non loin de l’église porte tout simplement son nom.

YOUENN CAOUISSIN

Sources :
Rapport de l’abbé Furaut, recteur de Melrand, archives H.Caouissin.
Enquête de Finote Péresse et Luce Loyant (1995) pour la revue « Gwenn ha Du », n° 112 (1996).

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Photo : Tombe de l’abbé Rallier dans le vieux cimetière de Bieuzy Lanvaux. (Ph. Padrig Montauzier).

Pour commander la revue War Raok, c’est ici

Crédit photos : DR
[cc] Breizh-info.com, 2016 dépêches libres de copie et diffusion sous réserve de mention de la source d’origine

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9 réponses à “Bretagne. Quand les communistes assassinaient des prêtres bretons. Par Youenn Caouissin”

  1. Ronan Courtial dit :

    Trugarez! de rappeler les hauts faits d’armes des “résistants” (d’après 1941 voire 43-44 et même 1945). Silence absolu également sur le meurtre de l’abbé Trétout. François Marie Trétout est né le 4 avril 1914 à Trefuntec en Plonevez-Porzay, d’un cultivateur de 42 printemps: Jean Pierre et d’une ménagère de 36 printemps: Marie Corentine Billon. (donc d’affreux bourgeois…). Ordonné prêtre en 1939 (source:Supplément à la semaine religieuse du 29 novembre 1968), vicaire auxiliaire de Plonevez du Faou, une rumeur circula que sa mort était décidée. Le mardi 29 août 1944, apprenant qu’un cantonnement de “résistants” se trouvait au lieu- dit “Kergoneg” en Ploëven sous le commandement du lieutenant “Le Guern” son ami…il décida de s’y rendre. Il ne fut pas reçu par son ami…le lieutenant “Le Guern” et repartit. Sur le chemin qui mène à Ploëven, 3 “résistants”lui tirèrent dans le dos, puis l’achevèrent à terre. Des balles traversèrent ses souliers et ses pieds…(source:copie d’un manuscrit de Yves Billon maire de Ploëven entre 1904 et 1908) Je prie les détenteurs de renseignements sur ce meurtre, dont il ne circule rien, à me faire parvenir leurs infos. Et, à tout hasard, sur le meurtre de madame Ayoul (Malansac-Caden), puisque un silence assourdissant entoure également ce meurtre.

  2. Tite dit :

    Par une branche de ma famille maternelle, remontant au XVIème siècle, je suis un peu bretonne et même beaucoup… de culture, d’esprit, de caractère et… de bouille. Or, jusqu’à mes 50 et quelques années, je l’ai toujours tu. Pourquoi ? Parce que j’en avais honte !! Quelqu’un peut-il m’expliquer pourquoi les bretons votent à gauche ?!!! A la lecture de cet article, on sent bien votre écœurement (légitime) mais,… VOUS VOTEZ A GAUCHE !!! VOUS VOUS SATISFAITES D’AVOIR DES ÉLUS DE GAUCHE !!! Vous faites pitié.

    • An dit :

      Il y a une Bretagne qui vote à gauche par tradition. Quand la gauche était vraiment la gauche et représentait le seul espoir face à l’extrême misère de l’époque.
      Et une Bretagne qui vote “à gauche”, qui n’est rien de plus que le centre-droit démocratie chrétien depuis 30 ans.
      Enfin, faudrait peut-être se calmer à un moment. À en entendre certains, la Bretagne aurait élu Hollande à elle toute seule… Quand bien même, il ne faudrait pas oublier qui il y a en face…
      Le vrai test, ça va être 2017. Les masques sont (enfin) tombés aux yeux de la majorité (pas seulement bretonne mais carrément européenne). Là, on pourra compter les points.
      Ho… ça ne sera pas un grand bouleversement non plus… mais ça vaudra pour tout l’Hexagone, pas que la Bretagne. En quoi un Poitevin ou un Alsacien voterait plus intelligemment qu’un Breton ?
      Non, il n’y a que les Corses et les Antillais qui votent d’une manière un peu plus raisonné que les autres.
      Parce qu’ils sont sciemment sorti du gauche/droite, piège à cons. Alors reprocher à la Bretagne de voter à gauche, qui n’existe plus devant les unes, ce n’est pas mieux comprendre la politique…

      • Pschitt dit :

        An, il me semble que cette “Bretagne qui vote à gauche par tradition” n’existe plus depuis au moins une génération. Son vote de gauche n’était d’ailleurs pas inspiré par la misère : la Bretagne qui votait à droite par tradition était tout aussi misérable ! Cette bipolarisation était plutôt une rémanence des conflits d’après la Révolution. En revanche, tout à fait d’accord avec vous sur la transformation du vote démocrate-chrétien en vote socialiste depuis une trentaine d’années. Ce phénomène concerne surtout la Haute-Bretagne (comme d’ailleurs la Mayenne et une partie de l’Anjou). Grosso modo, celle-ci vote toujours de manière conformiste, en suivant les grands mouvements nationaux avec deux ou trois élections de retard. Elle est devenue gaulliste après de Gaulle et socialiste après 1981. Et c’est pourquoi les socialistes qui y voient un “bastion” se bercent d’illusions. La droitisation de la politique française va continuer à y faire son oeuvre.

      • An dit :

        Disons que le vote PC breton passe plus de temps par le PS que dans beaucoup d’autres endroits en France qui ont rapidement glissé vers le PS.
        Et pas d’accord avec une tendance haute-bretonne unique. Le 44 est très anciennement industrialisé.
        Quant au phénomène en Mayenne, Anjou (et Vendée), il ne concerne que les centres urbains. Le PS n’a jamais rien gagné de notables en ces terres. Au niveau sociologique et des mentalités, le 44 avait plus de points communs dans ses votes avec la “Bretagne rouge” qu’avec les composantes de droite très catholique de ses voisins, sauf aux marches des unes et des autres. Nantes en particulier a été profondément influencée, et plutôt en bien, par une politique sociale souvent portée par des forces de gauche, quand ça voulait dire quelque chose. Qui recrutaient beaucoup chez les bretonnants au début du XXe.
        Maintenant, Nantes devient une métropole énorme et déracinée. Elle suit la même marche que n’importe quelle grande ville française.

    • Noelle C. dit :

      A 99% ? Je suis étonnée !

  3. Erwan du Radôme dit :

    Il n’y a presque plus de communistes comme il n’y a presque plus de catholiques, aujourd’hui, en Bretagne. Je veux dire des vrais communistes et des vrais catholiques. Mais on sait qu’il y aura toujours l’Église dans 100, 200 ou 300 ans quand le marxisme aura définitivement été jeté dans les poubelles de l’Histoire. Mais d’autres formes d’oppression viendront contraindre les vrais catholiques. C’est l’Histoire de l’humanité.

  4. Gillic dit :

    Il est bon que les crimes de cette pseudo résistance communiste remontent à la surface !! La vérité gagne toujours ……N ‘oublions pas que jusqu’ à juin 1941, les communistes et les nazis étaient copains comme cochons !!! Ils se sont même partagés la Pologne et les soviétiques ont annexé avec l’ aval des nazis et non sans mal, l’ Estonie, la Lithuanie et la Lettonie …..

  5. remond dit :

    et les peintres bretons comme Arthur Midy du Faouet

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