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Vidéo-surveillance à Rennes : des caméras en nombre qui ne sont pas utilisées

21/11/2017 – 07h00 Rennes (Breizh-info.com) – Un rapport écrit par le sociologue français Eric Heilmann, spécialiste de la vidéo-protection et des fichiers de police, professeur à l’université de Bourgogne à Dijon, sur la vidéo-protection à Rennes, relance le débat sur l’utilité des caméras et leur usage. Si l’ultra-gauche rennaise résume ce rapport de façon hâtive au service de ses thèses en déclarant que les caméras ne servent à rien, la conclusion est plus fine : elles sont là, mais leurs images ne sont pas utilisées. Ce qui devrait faire réfléchir alors que Nantes va installer d’ici l’automne 2018 95 caméras dans 12 secteurs de la ville.

A Rennes, le rapport d’Eric Heilmann avait été commandé par la ville pour jauger l’efficacité du système. Sa conclusion est sans appel : « la vidéosurveillance n’a pas apporté la preuve de son efficacité en matière de prévention de la délinquance à Rennes… Quand à la mythologie [qu’elle] permettrait d’identifier l’auteur d’une infraction, elle ne résiste pas au principe de réalité ». Inutiles, les caméras ?

Des caméras dont personne ne regarde ni ne réquisitionne les images

Pourtant la Ville de Rennes a décidé ce 6 octobre de redéployer ses 32 caméras et de les complèter par 8 autres dans le quartier de la gare, mais aussi sur la dalle Kennedy, Maurepas, République et Saint-Anne, la rue Le Bastard, l’hôtel de Ville et les Lices. Huit caméras mobiles seront aussi acquises par la police municipale pour être installées sur le parcours des manifestations afin d’identifier les casseurs – un problème tout aussi important à Nantes.

Le rapport a-t-il été classé verticalement (à la corbeille) ou la municipalité rennaise est-elle entièrement acquise au lobby des caméras ? Pas vraiment. Car Eric Heilmann pointe dans son rapport le vrai problème : ce ne sont pas les caméras elles-mêmes qui posent problème, mais leur usage. Pour ainsi dire inexistant : « l’utilisation judiciaire des images est rare et marginale », à savoir 7 réquisitions en 2012, 14 en 2013 et 15 en 2014 sur plus de 14.000 faits de délinquance de voie publique. Soit 0,10% des faits de délinquance en général et 0,45% pour les faits en centre-ville, remarque le rapport. Qui, soit dit au passage, a coûté cher au contribuable : 11.000 € pour 20 pages. La parole d’expert est d’or…

Si bien qu’il y a des caméras, payées avec l’argent du contribuable, mais elles ne servent à rien. De plus, personne n’en regarde les images la plupart du temps « en moyenne, il n’y a personne derrière les écrans les 2/3 du temps », relève le même rapport.

« Ne pas se servir des images des caméras en temps réel est un non-sens. Les caméras sont là pour guider l’action de la police en temps réel », relève un policier municipal orléanais. La ville d’Orléans est passée maître dans l’art de l’utilisation des caméras pour contrer la délinquance de voie publique, notamment dans le centre-ville. « Au centre de supervision, les opérateurs regardent les images. Si un fait délictueux est constaté, une patrouille peut être guidée sur place. Ou alors c’est la victime qui appelle, qui donne un signalement et on peut suivre avec les caméras le déplacement du ou des auteurs de l’infraction jusqu’à l’interpeller, conjointement avec la police nationale si besoin ». Et ça marche : la délinquance s’est effondrée depuis le retour de la droite aux affaires en 2001, malgré un contexte local très difficile, une concentration de la délinquance liée à l’alcool dans quelques rues du centre (quartier Bourgogne et de nombreux quartiers sensibles à Orléans même et aux alentours). La municipalité de Rennes pourrait en prendre de la graine.

Pourtant les habitants de Rennes sont convaincus de l’utilité desdites caméras : « force est de constater que l’usage réel du dispositif tranche avec son usage supposé et les représentations que la population a de l’utilité des caméras pour résoudre des affaires judiciaires. Interrogés lors d’une enquête d’opinion réalisée en 2013 dans la zone du Colombier, 57 % des habitants répondent que l’outil est « sûrement » ou « très sûrement » utile à leur résolution. Les commerçants interrogés en sont encore plus convaincus (78%) ».

S’ajoutent à cela deux spécificités rennaises. D’abord l’importance des vols à la tire dans la délinquance de voie publique, or «  l’action rapide et discrète d’un pickpocket ou d’un voleur à la tire est difficile à détecter sur un écran » même si on peut facilement détecter son manège en revanche et s’il se débarrasse de son butin auprès d’un complice dans la rue. Et puis – on est bien à Rennes – « dans 8 cas sur 10, les auteurs des délits sont alcoolisés et les caméras n’ont pas d’effet sur eux », donc elles ne les dissuadent guère de commettre délits et déprédations dans l’espace public. «  À Rennes, prétendre traiter ces faits avec des caméras relève de l’incantation », assène le rapport.

La mairie de Rennes a probablement suivi des intérêts plutôt politiques – les habitants étant convaincus que les caméras peuvent faire reculer la délinquance – qu’empiriques en évitant d’arrêter d’étendre le dispositif tant qu’il n’y a pas assez d’agents pour suivre les images transmises sur les écrans. Même si la question des caméras tend surtout à étaler au grand jour la division de la gauche (EELV, PG, PCF et UDB sont contre). On comprend mieux pourquoi le maire socialiste, Nathalie Appéré, ne procède pas à un vote sur cette question.

Les écolos se sont même fendus d’un communiqué où ils s’opposent à toute nouvelle installation de caméras : « ce dispositif municipal n’est qu’une goutte d’eau dans l’océan de caméras existantes dans notre ville. Il est difficile d’obtenir des chiffres exacts, mais rien que sur le réseau bus et métro on compte plus de 1000 caméras, une dizaine par station, en plus des caméras embarquées dans les rames. Et quid des banques, des commerces, des entreprises privées, de la SNCF qui ont partout leur propre pool de caméras ? » Mais pas de panique ! « Entre les dégradations, les pannes et la mauvaise qualité des images, les caméras sont loin de filmer l’espace privé ou public en continu. Sans parler du fait que ces images finissent pour la plupart dans l’oubli ou sont détruites car il n’y a en réalité bien souvent personne derrière les écrans pour les visionner ».

Pour les élus écologistes de Rennes, « il suffit d’écouter les habitants. Dans les réunions de quartier, ce qu’ils demandent avant tout, c’est une présence humaine. Une police municipale de proximité et une police nationale qui intervienne efficacement et en complémentarité ». Et c’est ainsi que des élus écolos demandent plus de policiers pour avoir moins de caméras. Leurs alliés situés plus à gauche, au sein des diverses luttes qu’ils partagent, apprécieront.

Louis-Benoît Greffe

Crédit photo : DR
Breizh-info.com, 2017, dépêches libres de copie et diffusion sous réserve de mention et de lien vers la source d’origine.

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Une réponse à “Vidéo-surveillance à Rennes : des caméras en nombre qui ne sont pas utilisées”

  1. Hilarion dit :

    Il suffit de savoir que la gauchosphère est contre les caméras pour en confirmer l’utilité. Les caméras gênent les racaillophiles, anars, gauchistes et tous ceux qui ont décidé de pourrir la société

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