Les prisons françaises sont pleines à craquer.
Selon le dernier bilan publié par l’administration pénitentiaire, le nombre de détenus dans les prisons françaises a de nouveau augmenté en février, avec plus de 71 037 individus incarcérées au 1er mars, frôlant le record atteint en novembre 2018. Avec un nombre de prisonniers toujours plus élevé, la densité carcérale continue son escalade atteignant désormais les 116,6%. Elle atteint même 138,9% dans les maisons d’arrêt, qui accueillent les courtes peines ou les personnes en attente de jugement. C’est d’ailleurs de ce côté que le bât blesse. En effet, malgré l’annonce du gouvernement de mettre fin à l’application des courtes peines, ces dernières représentent une part non négligeable dans le nombre d’incarcération en France. Près de 9% des détenus le sont pour des peines inférieures à 6 mois, dont un quart sont emprisonnés pour des délits routiers.
Outre ces peines de prison qui devraient amener le gouvernement à recourir à des aménagements pour désengorger le milieu carcéral, d’autres chiffres sont plus alarmants. La France est notamment championne d’Europe au niveau de la détention provisoire avec un taux de 29% quand le taux médian européen est de 22%. Ainsi, plus de 20 000 personnes sont sous les verrous dans l’attente d’un jugement et donc présumées innocentes. Près d’un tiers des places sont donc occupées par des personnes qui ne seront possiblement pas condamnées à des peines de prison lors de leur jugement.
Un taux auquel il faut également ajouter celui des étrangers incarcérés en France. En 2017, ils étaient 15 391 dont les deux tiers étaient des ressortissants de pays extérieurs à l’Union européenne principalement du Maghreb. Un chiffre qui ne prend pas en compte les étrangers en situation irrégulière bien souvent maintenus en détention afin de ne pas risquer d’échapper à leur jugement.
De fait, la détention provisoire et l’incarcération des étrangers représentent près de la moitié du taux d’occupation des prisons françaises. De quoi donner quelques idées au ministre de la Justice, Nicole Belloubet. D’ailleurs, la réforme de la justice présentée par le garde des sceaux est au cœur des interrogations. Selon le rapport annuel du contrôleur général des lieux de privation de liberté, Adeline Hazan, la nouvelle réforme de la justice n’endiguera pas le phénomène. En effet, selon elle, la suppression des possibilités d’aménagement pour les peines supérieures à un an risque de grossir les chiffres de la population carcérale, tandis que seules 200 personnes seront concernées par la suppression des peines de moins d’un mois d’emprisonnement.
Ainsi, malgré la promesse de création de 15 000 places de prisons supplémentaires, la surpopulation carcérale française devrait poursuivre son ascension et donc battre de nouveau record pour conserver la première place européenne.
Avec TV LIbertés.
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