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Quel est l’impact des émissions de CO2 par les poids lourds ?

De plus en plus nombreux, les poids lourds sur nos routes – outre le fait qu’ils perturbent allègrement la circulation – ne font qu’augmenter les émissions de CO2, et pourtant, ils continuent d’être utilisés au quotidien (alors qu’une politique de ferroutage généralisée est possible).

L’Union européenne se penche actuellement sur cette problématique qui touche tout le continent européen. Les poids lourds sont donc dans son collimateur. Les normes actuelles sont-elles suffisantes pour avoir un réel impact sur la réduction des gaz polluants ?

poids_lourds

Les normes des transports de marchandises par la route

À ce jour, l’Union européenne n’est pas armée d’une réglementation assez puissante pour cadrer les émissions de CO2 liées aux déplacements des poids lourds. Il faut prendre en compte que les véhicules lourds, qui représentent seulement 5 % des véhicules roulant sur les réseaux routiers européens sont pourtant émetteurs de pas moins de 25 % du CO2 à eux seuls.

Les transports routiers sont en constante évolution avec le développement de l’e-commerce. Il est impensable de ne pas prendre de mesures dès maintenant pour ne pas avoir à faire face à une catastrophe écologique encore plus importante dans quelques années. Les villes étouffent sous les émissions de CO2 et les études sanitaires démontrent la nécessité d’agir dès maintenant. L’Agence Européenne pour l’Environnement a évoqué que la pollution de l’air provoquait plus de 420 000 décès par an en Europe.

Les nouvelles normes françaises et européennes

Depuis 2019, l’Union européenne utilise un outil qui mesure le taux de gaz CO2 produit par les poids lourds neufs. Cet outil se nomme le VECTO (Vehicle Energy Consumption Calculation Tool) et évalue la consommation de carburant selon les caractéristiques du poids lourd. De ce calcul découle l’affectation d’un bonus ou d’un malus. VECTO prend en considération le rendement moteur, la transmission, mais aussi la résistance au roulement et le coefficient aérodynamique du poids lourd. Cette démarche engage les fabricants à développer des camions et des poids lourds moins polluants. Les pièces poids lourds sont ainsi sélectionnées pour leur capacité à produire moins de gaz polluants.

La réduction des émissions de CO2 sur les poids lourds neufs va s’appliquer dès 2020. VECTO a pour but de réduire l’émission de gaz CO2 de 15 % en 2025 et de 30 % en 2030, par rapport aux chiffres de l’année 2019. Malgré ces dispositions, les démarches de réduction du CO2 sont encore insuffisantes pour respecter les Accords de Paris qui visaient une réduction de 50 % dès l’année 2030. Pour le moment, aucune obligation n’est imposée sur les constructions de poids lourds diesel même si le gouvernement a fortement évoqué les conséquences négatives de ce type de véhicules.

camions

La diversité des poids lourds pose problème

Là où le bât blesse, c’est que lorsque l’on évoque les poids lourds, il est difficile de cibler une seule forme de véhicules. Les véhicules lourds sont conçus en fonction de besoins différents et d’une utilisation très diverse : transport de liquides, de marchandises alimentaires, de bétail, de fret, camions frigorifiques, etc. La politique de réduction d’émission de CO2 ne doit donc pas se calquer sur celle des voitures particulières.

Les multinationales qui utilisent le transport routier à grande échelle ont fait parvenir une liste de recommandations au président de la Commission européenne concernant l’émission du CO2 liée aux poids lourds :

  • Conserver une logique entre politique climatique et qualité de l’air : il s’agit de comprendre que diminuer l’émission de CO2 n’est pas toujours compatible avec la réduction des polluants.
  • Une base statistique vérifiée : les chiffres doivent être assurés et standardisés afin que tous les poids lourds puissent suivre une ligne durable.
  • Revoir le délai : 2025 et 2030 sont un délai très court pour la mise en conformité des véhicules lourds. En effet, les véhicules qui rouleront en 2025 sont déjà en cours de réalisation.
  • Prendre en compte la diversité des véhicules poids lourds : la classification des poids lourds doit donc prendre en considération des sous-catégories.
  • La flexibilité du crédit et débit de CO2 : les multinationales demandent à ce que le système de bonus et malus soit établi sur plusieurs années et conserve une souplesse pour ne pas agir comme un couperet trop violent.
  • Une mise à jour constante de VECTO : il est primordial que l’outil de normalisation soit en corrélation avec l’évolution des technologies.
  • Avoir accès à des super-crédits CO2 : les véhicules poids lourds qui émettent peu de CO2 doivent être récompensés afin de pousser les multinationales à choisir ces véhicules.
  • L’évaluation de l’émission de CO2 doit être globale : la catégorisation des poids lourds doit être réalisée en prenant en considération l’ensemble du véhicule et non sur des pièces isolées. Il faut étudier la manière d’utiliser les composants et non leur composition unique.
  • L’utilisation du poids lourd : les normes d’émission de CO2 doivent intégrer le type de travail réalisé avec le poids lourd.
  • La vérification en pleine utilisation : il faut mettre en place une procédure visant à mesurer les émissions de CO2 sur la route. La Commission européenne élabore un outil pour vérifier l’émission durant l’utilisation du poids lourd (VTP). Il s’agit de comparer les données de VECTO avec les relevés en situation réelle, afin de confronter les différents chiffres.

Des contrôles plus stricts et réguliers

La Commission européenne s’engage vers des contrôles généralisés des taux de pollution des poids lourds. Les fraudes et les défaillances sont traquées. L’Union européenne veut obliger les fabricants et les utilisateurs de poids lourds à changer leurs habitudes. Il s’agit d’évoluer vers des camions zéro pollution ou à faible émission de CO2. Si les multinationales et les entreprises ne jouent pas le jeu, elles se verront sanctionnées pour leur manque de sérieux.

Les contrôles se concentrent également sur la présence ou non d’un système AdBlue obligatoire sur les poids lourds. Cet additif est utilisé pour réduire l’émission de gaz polluants. Si les camions ne sont pas en règle concernant ce système, ils seront soumis à une amende de 7 500 euros et la nécessité de mettre aux normes le réservoir AdBlue. Le camion est par ailleurs immobilisé tant que le dispositif n’est pas à nouveau effectif.

Les normes européennes et françaises vont devenir de plus en plus fermes concernant l’émission des gaz CO2 par les poids lourds, il est donc temps pour les fabricants de véhicules lourds de prendre en considération la transformation pour créer un véhicule plus écologique. Ou pour les autorités de développer le transport via les trains de marchandise, en repeuplant nos campagnes d’un réseau ferroviaire digne de ce nom…

Crédit photo : DR
[cc] Breizh-info.com, 2019, dépêches libres de copie et de diffusion sous réserve de mention et de lien vers la source d’origine – V

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