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Jean Lassalle à Rennes : « Les médias mainstream ne présentent plus aucun intérêt, il n’y a plus de quatrième pouvoir » [Interview]

Le 19 septembre à 20h30, en extérieur pour profiter du bel été indien que connaît actuellement la Bretagne, le député Jean Lassalle donnait au 11 rue Martenot dans le cœur de Rennes (35) une conférence, à l’invitation de l’association Mémoire du Futur. Nous en avons profité pour interviewer ce député indépendant qui s’est révélé comme candidat à la présidentielle 2017 (1.2%), par son tour de France à pied et comme soutien de la première heure des Gilets jaunes.

Breizh Info : Jean Lassalle, pourquoi êtes vous venu à Rennes ?

Jean Lassalle : Reynald Sécher [co-président de Mémoire du Futur avec Hubert des Minières] m’a invité à plusieurs reprises déjà. Mais comme je suis un député actif, que je me déplace beaucoup en conférence, surtout en ce moment et que je suis attelé à l’écriture d’un nouveau livre, je n’avais pu y répondre jusque-là. Il y a chez moi beaucoup de respect pour Reynald Sécher qui comme moi fait les choses passionnément.

Breizh Info : Quels seront les sujets que vous avez abordé à la conférence de Rennes ?

Jean Lassalle : Je viens de parler de la vie d’un député à l’Assemblée nationale qui est issu de la province profonde, des territoires ruraux, qu’est-ce qui motive ce désir de rester député et que peut-on changer encore à l’Assemblée.

Breizh Info : Pourquoi multipliez-vous les conférences ?

Jean Lassalle : Je ne parle plus à la Pravda – c’est ainsi que je nomme le consortium France Télévisions, donc je suis heureux de me rendre là où on m’invite, devant des publics très divers.

Breizh Info : De quoi traitera votre prochain livre ?

Jean Lassalle : J’analyse et je dis comment je vis ce changement de monde : aujourd’hui, plus rien n’est comme hier, personne n’est satisfait de la situation présente, et pourtant les gens sont plongés dans un monde virtuel et ne se causent plus. Nous sommes aussi un monde qui bascule, nous étions dans un modèle de démocratie qui devient désormais un système soviétique, avec la dictature de la finance à la place de la dictature du prolétariat. Cette finance échappe totalement au contrôle de l’homme, et tout est fait même pour que l’homme ne représente plus rien.

Breizh Info : Que retenez-vous de la crise des Gilets jaunes qui agite la France depuis maintenant dix mois ?

Jean Lassalle : C’est la dernière question révolutionnaire de notre pays, cependant elle a été anéantie par le pouvoir en place qui a utilisé l’extrême-gauche et n’a pas fait de quartier sur le plan judiciaire.

Breizh Info : Certains, comme le chroniqueur Campagnol sur TV Libertés, témoignent d’une lame de fond dans les territoires ruraux qui verrait les Gilets Jaunes se réorienter vers les municipales, afin de reprendre aux technocrates et aux politiques professionnels le pouvoir effectif dans leur environnement immédiat dont ils ont été spoliés. Qu’en pensez-vous ?

Jean Lassalle : Je le vois, je le lis, mais je ne suis pas certain que ce soit la meilleure manière pour eux d’y parvenir. Les Gilets jaunes ont certes fait progresser plus la France en 15 semaine que les politiques en 40 ans, mais ils se sont trop laissés berner par l’idée que rentrer en politique leur donnera plus d’influence. La politique, c’est un art qui ne s’improvise pas. Certains se sont déjà vautrés aux européennes [0.5% pour chacune des trois listes proches du mouvement], ils risquent d’avoir aussi des désillusions dans les territoires.

Breizh Info : D’autres prévoient un raz-de-marée LREM ou RN dans les communes qui ont respectivement voté en faveur d’un des deux nouveaux grands pôles du bipartisme français aux élections précédentes. Qu’en pensez-vous ?

Jean Lassalle : Je ne pense pas. Le clivage proposé par Macron entre bourgeois et classes populaires est hors de propos aux municipales, il est à la fois trop subtil et trop couillon [sic] : il n’y a qu’un peuple français, et traditionnellement les listes ratissent large dans les communes pour retrouver de l’unité et de l’action. Je ne suis pas sûr non plus que LFI ou le RN cartonnent, sauf peut-être dans certaines régions du Nord-Est et du Sud-Est.

Breizh Info : Vous présentez-vous aux municipales ?

Jean Lassalle : Non, j’ai été maire pendant 40 ans [à Lourdios-Ichère, de 1977 à 2017] Mais je me prépare à être à nouveau candidat à la présidentielle en 2022, si j’ai assez de santé.

Breizh Info : En quelques mois, l’exécutif de Macron a été lourdement secoué par les affaires De Rugy – qui a démissionné, Ferrand – qui s’accroche au perchoir – et maintenant Belloubet, ministre de la Justice qui enfreint la loi, qui plus est dans le collimateur des syndicats pénitentiaires qu’elle a malmené lors de leur fronde sans précédent mais pas encore partie. Qu’est-ce que cela vous inspire ?

Jean Lassalle : Tout cela alimente le « faites ce que je dis, pas ce que je fais » de l’exécutif et dénote une absence totale de cohérence entre des propos très forts et la réalité. La campagne de 2017 avait porté sur le changement en politique, faire autrement et en même temps, mais c’est visiblement difficile. D’autant que les grands médias nationaux qui ont pour mission théorique d’expliquer l’essentiel aux français ne le font plus. On a trouvé ce pauvre Balkany que certains veulent emprisonner depuis trente ans, et on l’a emprisonné pour tenter de faire oublier les turpitudes des autres, mais Niel président du Monde est bien aussi dangereux pour la démocratie que Balkany.

Breizh Info : Nous avions interviewé dans nos colonnes l’ex-députée LREM Agnès Thill, exclue d’En Marche sur pression de ses collègues pour sa liberté de parole et sa défense acharnée de la position des catholiques contre la loi autorisant la PMA et la GPA. Est-ce devenu impossible de s’exprimer librement à l’Assemblée et que peuvent faire des députés indépendants, presque privés de temps de parole ?

Jean Lassalle : On y arrive encore, à s’exprimer, par surprise. J’essaie de me faufiler avant qu’on ait achevé les quelques minutes de temps de parole accordées, et souvent bien entamées par le RN. Cependant, je me suis focalisé sur quelques idées pour informer ou interpeller le peuple tout entier. Pour la Constituante, un député égale un autre, ils n’avaient pas prévu les partis. Résultat, les députés indépendants sont une catégorie de députés presque inutilisés à laquelle j’ai l’honneur d’appartenir. Ceux qui parlent le plus à l’Assemblée sont aussi ceux qui servent le moins : ils suivent ce qui a été décidé par d’autres. Mais je confirme qu’il n’est plus possible de parler librement à l’Assemblée.

Breizh Info : Revenons sur la question des médias. Vous parliez de la Pravda pour définir le consortium France Télévisions. Peut-on dire que les médias mainstream sont l’expression d’un totalitarisme, d’une pensée unique où toute voix discordante est tue ou interdite ?

Jean Lassalle : C’est surtout un totalitarisme financier, et la finance investit dans les médias qui deviennent totalement aux ordres. Les médias mainstream ne présentent plus aucun intérêt, il n’y a plus de quatrième pouvoir. A la place on a le bourrage de crâne permanent qui accompagne les déclarations de Macron, qui parle par exemple dernièrement sur les bourgeois et les couches populaires pour qualifier la France.

Breizh Info : Les réseaux sociaux formaient une soupape de sécurité plus ouverte aux voies discordantes, ce qui explique que nombre de médias alternatifs s’y sont installés ou se sont appuyés dessus pour leur développement. Cependant, ces dernières semaines, Facebook a annihilé l’audience de nombreuses pages marquées à gauche et extrême-gauche, tandis que Google News a rayé des actualités plusieurs médias alternatifs dont Breizh Info. Dans les deux cas, l’objectif est le même : réduire l’audience et donc la chance pour les gens d’accéder à des idées ou des informations différentes de leurs opinions ou de leur environnement immédiat, bref, placer un maximum de gens dans des « chambres d’écho » où toute opinion différente de la leur est invisibilisée. Qu’en pensez-vous ?

Jean Lassalle : Le pouvoir utilise clairement les GAFA pour faire taire les voix alternatives et l’outillage technologique pour déconnecter un peu plus l’homme des informations et de la possibilité de contrôler la finance. C’est pourquoi ce que vous faites, ce que Breizh Info fait, c’est très utile et nécessaire.

Breizh Info : Et que faire pour faire face au totalitarisme médiatique et financier ?

Jean Lassalle : Élire Jean Lassalle.

Propos recueillis par Louis-Benoît Greffe

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