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Souvenirs de Loire-Inférieure (heu… Atlantique)

C’était le temps où les Haspot, les Bellavoir, les Demy et les Guiard cousinaient sagement dans un quadrilatère autour de Saint-Gildas-des-Bois, sous la bienveillante attention de feu Hippolyte Le Gouvello de La Porte, en son château de Sévérac. Les très vieilles grand-tantes Jeanne et Marie y avaient leur service dans une manière de Downton Abbey. La mer était proche ainsi que la Vilaine. On allait, à bicyclette, s’y plonger à Pénestin, sur le sable au-dessous de l’embouchure, à une trentaine de kilomètres. Les rapides à vapeur passaient sans s’arrêter, venant de Nantes et filant vers Redon et Vannes, mais il y avait toujours autant d’émotion dans le tunnel avant Pontchâteau, quand on prenait le petit train pour Nantes. La cousine de la grand-mère, Marie Demy, tenait un bistrot sur une place de Pontchâteau, et, comme c’était l’été, les fenêtres ouvertes laissaient passer des odeurs de tabac allemand. On y servait une soupe au lait salée avec du pain rassis, tranché mis à tremper, avant de déguster des œufs à la coque et un morceau de camembert.

Qui n’a pas lu Stendhal ne peut pas savoir ce que le mot bonheur signifie

C’était avant de lire Stendhal bien que l’attitude de Julien Sorel sur le toit de la scierie fût une habitude familiale. Qui n’a pas lu Stendhal ne peut pas savoir ce que le mot bonheur signifie. Certains préfèrent Proust. Moi pas. Vous savez tout. Même si lire la descente de la Loire en gabare par le dénommé Henri Beyle n’est pas encourageant. L’écrivain n’aime pas le fleuve qui traverse ce qu’il juge « un paysage de notaire »… Je vous demande un peu ! Et voilà que pour se désennuyer il ouvre un « roman sérieux », ainsi qu’il qualifie le récit que le baron de Beauchamp donne de la Vendée et de la guerre qui s’y est déroulée. Il est vrai que le baron a travaillé à partir de la première édition traficotée des Mémoires de la marquise de La Rochejaquelein. À Nantes, Stendhal rencontre des témoins…

Lire Debray vous rafraîchit singulièrement la mémoire…

Ouvrir le dernier ouvrage de Régis Debray vous permettra d’oublier le voyage à travers la France, par la Loire, dudit Henri Beyle. Gallimard s’étant mis à vendre ses marchandises pour moins de 20 euros, achetez-le pour 14 euros dans les bonnes librairies. C’est donné ! Peut-on pardonner à Régis Debray ? Possible. Son Génie français est probablement le livre que je recommanderais à mes petits-enfants sur mon lit de mort, juste avant de passer devant le saint concierge de l’Empire sans fin. Si c’est encore faisable… parce que lire Debray vous rafraîchit singulièrement la mémoire. Citons (c’est Stendhal qui parle) : « J’aime le peuple, je déteste ses oppresseurs, mais ce serait pour moi un supplice de tous les instants que de vivre avec le peuple. » Et comme ça, par un afflux d’excellentes citations, Debray vous entraîne dans l’admiration pour le Grenoblois de 1783 qui se félicitait de la mort de Louis XVI dix ans plus tard. C’est assez faux-jeton de consacrer cinq chapitres et soixante-dix pages à quelqu’un qu’en définitive il placera derrière Hugo. Le grand Victor, Totor pour les siens, ayant sa préférence. Mais Debray ne lui voue qu’à peine quinze pages.

Ayant laissé passer la saint Maurice et en attendant la saint Michel, mes deux saints préférés, je voudrais vous rappeler que le Maurice était ce qu’il est convenu d’appeler désormais un Maghrébin (d’où son nom). Et que ça ne dérangeait pas nos ancêtres de donner ce patronage à deux églises majeures : l’une à Vienne, capitale de l’Empire romain d’Occident (un temps, et pas longtemps), l’autre à Angers. Cet officier de la Légion thébaine refusa d’occire les chrétiens du Valais qu’il occupait, au IVe siècle de notre ère (c’était bien avant l’Égire… tssss !). La cathédrale Saint-Maurice d’Angers est un bel exemple du « style plantagenêt », ce qui ne nous rajeunit pas.

MORASSE

Crédit photo : DR
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