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Non, la France n’est pas en guerre !

… Enfin, pas celle qu’on lui promet. La France risque de se réveiller demain en comprenant qu’elle était elle-même la cible de la guerre proclamée par M. Macron. Mais il sera trop tard. Avec ou sans virus, elle devra vivre pieds et poings liés.

Le monde qui est entré dans le Coronavirus n’en sortira plus. Ce qui en sortira sera quelque chose de radicalement différent. Nous ne savons pas quelle sera la portée de ce virus sur le corps physique de l’humanité, mais nous voyons déjà son action sur son corps social. L’exemple français est très parlant.

La guerre… contre qui ?

Le 16 mars dernier, M. Macron a solennellement proclamé : « Nous sommes en guerre » et la nation entière lui a emboîté le pas, lui qu’elle détestait hier encore. Depuis les balcons où ils sont confinés, les Français comptent les entorses à la loi martiale et s’empressent de les dénoncer sur les réseaux sociaux voire plus haut. Ils sont si émoustillés par les harangues dont on les bombarde à longueur de journée qu’ils ne remarquent même pas le danger de cet entraînement.

Non, la France n’est pas en guerre. Pour sa sauvegarde en tant que peuple et en tant que démocratie, elle doit s’ôter cette idée de la tête. Elle est en situation de pandémie, une situation que les structures compétentes de l’État sont censées savoir affronter. Ce qui l’attaque n’est pas un adversaire humain, c’est une maladie. Lorsque la France était ravagée par la peste, on ne parlait pas de guerre, mais de fléau de Dieu. Lorsque la France entre concrètement en guerre contre quelqu’un, comme lorsqu’elle participa au bombardement de la Serbie ou de la Libye, le président ne va surtout pas dire au peuple qu’il est en guerre.

La guerre dont on parle aujourd’hui n’en est pas une… à moins qu’on ait oublié d’ajouter l’adjectif : guerre civile.

La transmissibilité de cette maladie est un levier de contrôle absolu de la population. S’il ne s’agissait que de notre vie, personne ne pourrait rien nous imposer. Mais par la contagion nous sommes liés par un réseau de responsabilités — et donc de culpabilités — enchaînées. En proclamant que le virus est l’ennemi, les citoyens sont tous des vecteurs potentiels de l’ennemi. Autrement dit, des collabos, et à ce titre potentiellement justiciables comme tels : avec rigueur et de manière expéditive. Par extension de la métaphore, la régulation de leurs conditions de vie et de travail peut dorénavant elle aussi être « militarisée »(1).

C’est ainsi qu’avec la « déclaration de guerre » de M. Macron, le collimateur s’est subrepticement déplacé de la maladie vers ses vecteurs potentiels sans même qu’ils aient senti la pastille rouge du pointeur laser se poser sur leur front.

Pour en arriver là, il aura fallu les nouvelles dantesques de Chine, puis ce brusque saut de cavalier vers l’Iran et l’Italie à nos portes. L’Italie où la maladie se déchaîne… avant tout sur ceux qui, hélas, étaient d’emblée les plus exposés(2). Il aura fallu, dès le départ, une surenchère de dramatisation médiatique, souvent inconsciente. Par exemple, le simple fait de parler initialement du Coronavirus au lieu d’un coronavirus, membre d’une famille étudiée depuis les années 1960 et comprenant aussi bien le SARS de 2003 que des « types de coronavirus bénins », naturellement hébergés par l’homme.

En France, le jour où la guerre est officiellement déclarée (16 mars), le COVID_19 a officiellement fait 148 morts sur 6 645 cas confirmés. C’est grave et préoccupant, mais on est loin, comme l’explique le Pr Didier Raoult, du pic de mortalité saisonnière associée aux infections virales de 2017 qui avait fait plus de 10 000 morts (et qui correspondrait, pour un même taux de mortalité déclaré de 2,2 %, à quelque 500 000 contaminés).

Devoir de pessimisme, congé de la raison

« Certes », nous dit-on, « mais attendez de voir ! » En effet, nous ne savons rien de ce qu’il arrivera demain. Les courbes de progression du virus peuvent frôler la verticale, il peut soudain muter et tuer 60 % des contaminés comme le H5N1. Tout peut arriver — y compris un dégonflement de la menace comme ce fut le cas avec H1N1. Mais on a comme l’impression que personne n’a envie d’entendre les hypothèses intermédiaires. Seule l’option du pire a pignon sur rue, car l’incertitude en matière de santé publique ne profite qu’aux pessimistes. Ce devoir de pessimisme, c’est l’avantage stratégique d’une épidémie en termes de contrôle des masses. On n’en voudra à personne d’en avoir fait trop ; on lynchera celui qui sera suspecté de n’en avoir pas fait assez(3).

C’est une véritable crémaillère vers la dictature, un mur de confinement auquel chacun, depuis le simple pékin psychosé jusqu’au ministre qui ne peut « faire moins » que ne lui enjoignent les médias, ajoute de bon cœur sa petite brique — tout en se privant d’une part de raison et de libre arbitre.

Si l’État français se considérait réellement en guerre avec le virus, il réquisitionnerait des usines pour fabriquer des masques au lieu de bloquer celles qui peuvent en procurer rapidement(4). Il mettrait immédiatement à profit les résultats encourageants de la chloroquine(5) plutôt que de les noyer dans des débats cauteleux. Il desserrerait l’étau psychologique dévastateur que représente le confinement à domicile, mesure carcérale qui génère déjà des conflits graves et des effondrements psychologiques. La résistance morale de la population est un facteur clef de toutes les guerres, autant que les forces armées, et c’est ce facteur dont les mesures extrêmes sont en train de priver le pays.

L’état de guerre, c’est l’abolition de la vie parlementaire et des libertés, le gouvernement par décret-loi, le droit d’ingérence du pouvoir dans toutes les sphères de la vie privée et le monopole de l’État et de ses relais sur les fake news. C’est sans doute à quoi M. Macron rêvait de parvenir — et que le virus lui a offert sur un plateau. Reste à savoir combien de temps la peur, chez les Français, fera passer la pilule de l’oppression.

NOTES

  1. Ainsi, la nuit dernière, le Sénat a pris des mesures d’exception à vocation sanitaire impliquant des modifications du droit du travail qui seront non temporaires. En outre ces mesures permettront au parlement de légiférer sans contrôle pour sauver l’économie.
  2. Voir les statistiques de l’Institut de santé publique italien du 17 mars.
  3. On a beaucoup reproché à Roselyne Bachelot d’avoir accepté un très important stock de vaccins et de masques. Aujourd’hui les journalistes la réhabilitent en disant qu’on ne peut jamais en faire trop, justifiant ainsi les mesures les plus draconiennes ! Forts de l’idée que l’épidémie progresse en France parce que M. Macron n’en n’aurait pas assez fait au début, les médias nous martèlent qu’il faut désormais accepter les mesures les plus contraignantes, même pour longtemps.
  4. On apprend en dernière minute que LVMH va « se mobiliser » pour produire les masques dont la France a besoin. Quel État attend le geste de bonne volonté d’une multinationale pour se procurer un article d’importance vitale ?
  5. Essai clinique mené par le Pr Raoult sur 24 patients. « Au bout de six jours de traitement au Plaquénil (le nom commercial de la molécule, ndlr), 75 % des porteurs ont une charge virale négative. » Les États-Unis et la Chine ont immédiatement compris l’intérêt de cette molécule.
  • Article de Slobodan Despot paru dans la rubrique « La poire d’angoisse » de l’Antipresse n° 225 du 22/03/2020.

SourceV

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