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Du rap identitaire breton ? La preuve par Larmorikain [Interview]

Certains en étaient resté à Manau et à la Tribu de Dana. D’autres ont découvert depuis Krismenn ou sont restés tout simplement dans les classiques du rap français des années 90, début 2000. Il est vrai que la « Nouvelle vague », ambiance voix trafiquées, textes pour débiles profonds, et 100% argent facile, filles esclaves et racailles, n’incite pas, bien souvent, à apprécier ce style musical.

Pourtant, certains tentent, bercés par ce phénomène musical – il faudrait être sourd et aveugle pour ne pas reconnaitre qu’il cartonne en tête de toutes les tendances sur les réseaux sociaux notamment – de produire un autre rap. Une musique sans doute aux antipodes d’un quelconque enracinement européen, mais qui permet tout de même de faire passer un message, et qui rentre donc parfaitement dans le combat culturel que certains appellent de leurs voeux.

C’est sans doute dans cette démarche que se situe un nouveau rappeur, Larmorikain, pure production bretonne qui sort aujourd’hui un album (Le Retour des chevaliers) qu’il nous a fait découvrir, dont il a sorti un clip, et sur lequel nous sommes revenus, au cours d’une interview qu’il a accepté de nous donner.

A vous d’écouter, et d’apprécier (ou pas).

Breizh-info.com : Pouvez vous vous présenter à nos lecteurs ?

Larmorikain : Larmorikain, rappeur identitaire fraichement débarqué (mon existence a démarré en ce début de mois d’août 2020), Breton du côté paternel comme du côté maternel, ayant vécu la majeure partie de ma vie en Bretagne, marié, 2 enfants. Le reste de ma vie privée n’a pas d’importance.

Breizh-info.com : Pourquoi avoir choisi de vous exprimer par le rap, et pas par une autre musique plus identitaire ?

Larmorikain : J’ai choisi le rap car j’ai baigné dedans depuis le début de mon adolescence. Je suis d’une famille de « gens simples » : mes grands-parents, que j’aime énormément, sont typiquement ce que les « gens des villes » de leur génération, notamment les Parisiens, appelaient des « ploucs », de la même façon que la grande majorité des Bretons à cette époque. Mes arrière-grands-parents, originaires pour les uns du Nord-Finistère et pour les autres du Morbihan, étaient tous soit des fermiers, soit des pêcheurs (ou marins), soit pour quelques-uns d’entre eux d’extraction encore plus basse. Bref, sociologie bretonne on ne peut plus banale, mais si je tiens à en parler, c’est pour d’une part leur rendre hommage, et d’autre part pour expliquer mon parcours. Beaucoup de Bretons comprendront les propos qui vont suivre. Mes grands-parents, qui avaient honte de leur condition de « ploucs », furent ravis d’apprendre le français à l’école et ainsi de pouvoir s’ouvrir à de nouvelles possibilités en devenant Français, on pourrait le résumer de cette manière finalement. Mes 4 grands-parents, qui parlaient évidemment tous le Breton, ne l’ont pas transmis à leurs enfants, car ils considéraient que cette langue était dépassée et que pour leur assurer un avenir il fallait que ceux-ci soient des Français, simplement des Français. La suite vous la connaissez, les Bretons se sont déracinés de leur culture et de leurs traditions pour la grande majorité d’entre eux en l’espace d’une génération (celle de mes parents). Pourtant, je ne dirais pas que dans ma famille les gens renient leur identité bretonne, au contraire même, mais pour les plus jeunes, par exemple, ça ne va pas plus loin que le folklore des produits vendus dans les aires de voie express (autocollants « A l’aise Breizh », caramels au beurre salé et crêpes dentelles).

J’ai donc baigné dans un milieu familial qui aime son pays, la Bretagne, mais pour qui l’identité principale était devenue l’identité française, comme l’immense majorité des Bretons aujourd’hui malheureusement. J’en viens maintenant à mon choix d’utiliser le rap comme moyen de propagande. Je vous ai décrit mon milieu familial : des Bretons de centre-gauche très attachés à la République française. Je dois maintenant vous décrire mon environnement scolaire. En comparaison de l’équipe marxiste qui a pollué l’esprit de milliers de gamins dans le collège et le lycée (publics) où j’ai fait ma scolarité, ma famille est quasiment d’extrême-droite ! (lol). Là encore vous saurez très bien de quoi je parle : les élèves pouvaient fumer des cigarettes et des joints à la récréation (en dehors de l’établissement mais juste en face du bâtiment de direction), certains venaient bourrés ou défoncés en cours mais ne se faisaient virer qu’en cas de comportement violent ou obscène, sinon ça passait, alors que leur état catastrophique était évident pour tout le monde. Les cours d’Histoire sur la culpabilité de la France au temps colonial, l’esclavage, la shoah pendant au moins 2 semaines… Les livres étudiés en cours de français étaient quasiment systématiquement des livres assimilés « jeunesse » d’auteurs contemporains faisant l’éloge de la diversité, de l’ouverture à « l’autre », de la difficulté et de la précarité à vivre en « banlieue » pour des immigrés, etc. Notre identité à nous, Bretons, ou même Français de souche en général : aux oubliettes. Et bien sûr, tout le monde écoutait du rap. Et moi aussi bien sûr, ça me faisait du bien d’écouter une musique « virile » et outrancière car j’avais la rage. Voilà d’où je viens. J’ai débuté ma vie de jeune homme en étant bombardé par leur propagande et je n’étais pas assez mûr pour comprendre les rouages de cette gabegie, et surtout, tout le monde baignait dans cette même marmite de merde autour de moi, je ne connaissais aucune personne de droite dans mon entourage à part quelques membres de ma famille, qui coupaient avec le reste, mais avec qui je n’étais pas très proche et qui ne sont pas venus vers moi. Je me sentais très mal à l’époque et je ne savais pas bien identifier le problème. Par la suite j’ai compris qu’il y avait une dissonance cognitive entre les valeurs qu’on m’inculquait et ma nature profonde. J’ai tout détricoté tout seul pendant une longue traversée du désert. Je me suis émancipé de toute cette laideur pour devenir celui que je suis aujourd’hui. Bien sûr que je vais continuer à faire du rap ! C’est la musique la plus écoutée (et largement) par les jeunes aujourd’hui, donc je ne vais pas me priver de propager mon message grâce à un talent que j’ai développé et qui a une portée potentiellement gigantesque.

Breizh-info.com : Quelles sont vos influences musicales ? Il semblerait que vous soyiez plus rap “old school” que rap actuel avec les voix trafiquées qui donnent aux rappeurs une virilité de castra…

Larmorikain : J’ai écouté énormément de rap, et j’en écoute toujours. Deux styles m’ont beaucoup inspiré. Le premier est le rap de New York des années 90, durant « l’âge d’or » du rap, appelé « boom bap » aujourd’hui. Pour les connaisseurs, voici quelques noms d’artistes qui m’ont marqué : Pete Rock, DJ Premier, Buckwild, Large Pro pour les beatmakers, et pour les rappeurs : Rakim, MOP, Freddie Foxxx, Nas, AZ, Fat Joe, Big Pun, A Tribe Called Quest…

Le deuxième est le rap du sud des USA des années 90-2000, de Houston, Memphis, Atlanta, New-Orleans… un peu moins connu du grand public à l’époque à part quelques noms comme Scarface, Outkast, UGK, Mystikal par exemple. Aujourd’hui le « Dirty South » est quasiment devenu le style n°1, et c’est devenu du rap très « sale » comme son nom l’indique, très obscène et trash, que je n’aime plus du tout. Je ne partage pas leurs idées 90% du temps, bien au contraire, mais ils faisaient ou font encore du bon son. A moi de transmuter cette énergie en message positif et en propagande guerrière pour notre cause. Concernant la deuxième partie de votre question : je ne supporte pas ces voix vocodées atroces qu’on peut entendre aujourd’hui dans le rap, je ressens une gêne indescriptible à l’écoute de ces voix trafiquées, j’espère que cette mode passera.

Breizh-info.com : Vos textes évoquent aussi bien la société actuelle, que les valeurs chevaleresques. Par ailleurs vous revendiquez de ne pas « faire de la musique celtique » bien qu’étant breton. Parlez nous de votre engagement politique ?

Larmorikain : Vous faites allusion à l’une des phrases du morceau « Breizh Atao », dans lequel je dis précisément ceci : « Si votre but est de nous rendre amnésique, c’est raté, moi j’ai rien oublié, et même si ma musique n’a plus rien de celtique, mon sang, lui, continue de couler ». Ce que j’exprime dans cette phrase, c’est ma volonté de retrouver mon identité profonde, mon identité celte qui me vient du fond des âges, justement, et que même un déraciné comme moi, bombardé par leur propagande destructrice (je vous renvoie à ma longue réponse à la deuxième question), reste un Breton malgré tout, et qu’il est possible de faire s’effondrer des siècles d’efforts de leur part (la République) pour nous acculturer simplement en ayant la volonté de retourner à ses racines. C’est le principal but de ma démarche résumée en une phrase. Je suis content que vous ayez cerné l’importance de ce passage. Quant à la première partie de votre question, je dirais qu’en ces temps où règne la médiocrité, il est pertinent voire nécessaire de revenir à une symbolique forte pour inspirer de la noblesse dans le cœur de nos frères et sœurs qui auront une lutte féroce à mener demain pour survivre au chaos programmé par nos chères élites. J’ai choisi la figure du chevalier, qui fonctionne aussi bien chez un petit garçon que chez un homme adulte.

Pour moi le chevalier est le surhomme européen, l’objectif vers lequel il faut tendre. Peu importe l’environnement ou l’époque, il faut rester droit, fier et fort. Je pense qu’il faut se couper le plus possible de la société actuelle pour se recentrer sur nos valeurs profondes. Je conseille vivement aux gens qui ne supportent plus cette laideur omniprésente du monde actuel et qui souhaitent ardemment que tout ce cirque cesse, de se retirer et de se concentrer sur les aspects essentiels de leur vie, à savoir leur santé physique et mentale, leur famille, leur spiritualité, et bien sûr leurs moyens de subsistance. Imaginez que 10000 hommes déterminés décident de vouer leur vie uniquement à ce que j’ai évoqué pendant 10 ans, et que ces mêmes hommes décident de s’unir, on aura à faire à une armée de chevaliers contre qui les millions de sous-hommes abrutis, écervelés et lâches qui se seront fait « dévorés » par le système ne pourront rien. Oui il est possible d’être un chevalier en 2020, et encore plus en 2030 si vous m’avez bien suivi !

Breizh-info.com : La Bretagne occupe une place importante dans vos textes (notamment sur la chanson Breizh Atao). Parlez nous de votre engagement politique ?

Larmorikain : La Bretagne est mon pays, mes ancêtres y ont vécu depuis plus de 2 millénaires, c’est un attachement charnel que j’ai pour ma terre. Je la défendrai coûte que coûte contre les envahisseurs, quels qu’ils soient. Je suis nationaliste Breton, mais je me sens solidaire des autres peuples européens, notamment des peuples de ce pays qui fût autrefois la France et qui est occupée aujourd’hui par une « République » qui se dit française mais qui est une imposture. Je ne suis engagé dans aucun parti politique et je ne pratique pas de militantisme de « terrain », et je ne le ferai jamais. Je crois que tout ça est obsolète depuis longtemps. A mon avis la résistance doit devenir informelle et diffuse maintenant.

Breizh-info.com : Quels sont les premiers retours que vous avez ? Imaginez vous des concerts à venir ?

Larmorikain : Les premiers retours sont très positifs, voire émouvants pour certains, et j’en suis ravi. Les commentaires et témoignages que j’ai pu recevoir sont à l’image de ce que je souhaite inspirer à mes auditeurs. Cependant je suis très impatient d’élargir mon audience car elle est très petite pour l’instant. J’ai des stratégies pour diffuser ma vidéo mais si j’étais relayé par des « têtes d’affiches » du milieu, les choses iraient beaucoup plus rapidement et je pourrais continuer dans mon entreprise car cet album n’est que la première pierre d’un projet bien plus vaste dont je ne connais pas le bout. Quant aux concerts… Bien sûr je souhaite faire de la scène, j’adorerais interpréter mes morceaux devant mon public, mais j’ai bien peur d’avoir du mal à me produire vu la teneur de mes textes… Mais j’imagine qu’il sera quand même possible pour moi de participer à quelques évènements « underground » et confidentiels, je l’espère vivement en tout cas.

Breizh-info.com : Le mot de la fin pour les lecteurs

Larmorikain : Même si le rap n’est pas votre style musical préféré, je vous invite à vous intéresser à ma musique pour le message que je transmets, je suis sûr que vous ne serez pas indifférents à l’énergie que j’envoie pour inspirer de la force et de l’espoir à nos jeunes et moins jeunes. J’ai choisi pour l’instant de proposer mon album à la vente uniquement sur mon site car je souhaite rester le plus indépendant possible. J’ai décidé de ne pas diffuser mon album sur les plateformes de streaming pour le moment car la rémunération qu’ils offrent aux artistes est beaucoup trop faible à mon goût, notamment à ceux qui débutent et qui n’ont pas une grosse audience comme moi et qui n’ont pas les moyens de négocier des contrats intéressants avec eux. La meilleur façon de me soutenir est bien sûr d’acheter mon album, que vous pouvez trouver sur mon site https://larmorikain.com

Je vous invite également à me suivre et me soutenir sur tous mes réseaux sociaux :

Facebook : https://www.facebook.com/Larmorikain

Instagram : https://www.instagram.com/larmorikain

Twitter : https://twitter.com/Larmorikain

Propos recueillis par YV

Crédit photo : DR
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