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Lois mémorielles. L’Espagne s’apprête à légiférer sur son passé franquiste

« Du passé, faisons table rase ». Cette devise, jamais oubliée par les communistes qui la chantent dans « L’Internationale », est-elle en train de monter au cerveau des responsables politiques espagnols ? Une chose est sûre, la gauche en général aime à gommer le passé, et même à le criminaliser (la France en est l’exemple type, avec notamment les lois Taubira-Fabius-Gayssot qui interdisent certains débats historiques, tout comme l’Allemagne pour ne citer que ces deux pays).

À chaque fois, la droite s’y plie et ne revient jamais sur ces décisions.

Le gouvernement espagnol, une coalition entre les socialistes (PSOE) et la gauche Unidas Podemos (UP), a approuvé récemment un projet de loi « sur la mémoire démocratique » (on notera le nom pour faire illusion) avec des mesures spécifiques visant à effacer l’héritage de la guerre civile et de la dictature de Francisco Franco. La « Ley de Memoria » (projet de loi sur la mémoire) s’appuie sur la législation existante en matière de mémoire historique (« Ley de la Memoria Histórica ») et permet, entre autres mesures, la fermeture des associations et groupes civils qui glorifient encore la mémoire de Franco, dont la Fondation Francisco Franco (« Fundación Francisco Franco »), qui deviendra illégale. La loi doit encore passer par différentes chambres parlementaires avant d’être adoptée.

Le texte déclare également « nuls et non avenus » tous les « procès sommaires » pendant les quatre décennies de répression sous le régime de Franco. Le texte propose également d’accorder l’éligibilité à la citoyenneté espagnole aux descendants des membres des Brigades internationales, qui ont combattu du côté républicain pendant la guerre civile espagnole.

Carmen Calvo, vice-présidente du gouvernement espagnol, a été la principale architecte de ce projet controversé, qui divise et fracture l’opinion dans un pays toujours profondément divisé sur cette question, pas uniquement historique mais encore d’actualité.

La guerre civile entre nationalistes et républicains de 1936 à 1939 a fait entre 380 000 et 451 000 morts des conséquences directes de la guerre. Les deux camps ont été ensanglantés, et par cette loi, c’est la mémoire d’un des deux camps, celui des nationalistes, qui pourrait être tout simplement effacée (et criminalisée).

Les chiffres suivants sont des estimations :

  • 100 000 à 285 000 soldats morts au combat (pertes militaires directes),
  • 10 000 à 15 000 civils morts des bombardements,
  • 20 000 à 80 000 exécutions en zone nationaliste,
  • 20 000 à 86 000 exécutions en zone républicaine,
  • 20 000 à 80 000 exécutions par le gouvernement franquiste entre 1939 et 1943.

 Arrivé au pouvoir en juin 2018, le gauchiste Pedro Sánchez a fait de la réhabilitation des victimes du franquisme l’une de ses priorités. Sa décision la plus symbolique a été d’exhumer en octobre dernier la dépouille de Franco du « Valle de los Caidos », près de Madrid, un mausolée monumental surplombé d’une croix de 150 mètres de haut visible à des dizaines de kilomètres à la ronde.

Nous vous invitons à lire cet excellent article paru sur Contrepoints et intitulé « Espagne : la mémoire sélective de la gauche », qui démontre, preuves à l’appui, que le gouvernement espagnol cherche avant tout à entraver la diffusion de la connaissance scientifique de l’Histoire au bénéfice d’une mémoire sélective et tronquée.

Big Brother l’avait compris dans 1984 de Orwell : « Celui qui a le contrôle du passé, disait le slogan du Parti, a le contrôle du futur. Celui qui a le contrôle du présent a le contrôle du passé ».

Crédit photo : DR (photo d’illustration)
[cc] Breizh-info.com, 2020, dépêches libres de copie et de diffusion sous réserve de mention et de lien vers la source d’origine – V

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2 réponses à “Lois mémorielles. L’Espagne s’apprête à légiférer sur son passé franquiste”

  1. Pschitt dit :

    Merci pour cette excellente présentation de la question. En somme, la gauche fait du passé table rase parce qu’elle s’y intéresse et la droite parce qu’elle ne s’y intéresse pas (ou peut-être parce qu’elle est une gauche qui ne dit pas son nom ?)

  2. Catherine Blein dit :

    Scandalisée de voir que s’approche la grande faucheuse des vérités passées. Si Franco n’avait pas été là, l’Espagne devenait communiste. Quelle horreur ! Et là personne ne fait le lien entre communisme et les 150 millions de morts faits par cette monstrueuse idéologie à travers le monde. Face aux quelques centaines de cocos éliminés par Franco… il y a un monde, …celui de la pensée obligatoire de gauche. Viva Franco !

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