Madrid a beau continuer d’afficher son ambition « zéro carbone », c’est bien le nucléaire et le gaz naturel qui maintiennent actuellement les lumières allumées en Espagne. Un mois après une panne électrique sans précédent qui a plongé l’ensemble de la péninsule ibérique dans le noir, les autorités espagnoles continuent d’éluder les causes réelles de l’incident. En revanche, elles ont discrètement modifié la stratégie énergétique du pays.
Une panne géante aux origines encore floues
Le 28 avril 2025, une cascade de déconnexions successives a provoqué une perte totale de production électrique en Espagne et au Portugal. L’incident, qui a démarré dans une sous-station située à Grenade, en Andalousie, s’est propagé en quelques secondes à l’ensemble du réseau. Une panne historique, qui a révélé la vulnérabilité d’un système énergétique ultra-dépendant des énergies renouvelables intermittentes.
Devant les députés, la ministre espagnole de la Transition écologique, Sara Aagesen, a affirmé qu’aucune cyberattaque n’avait été détectée. Mais elle s’est refusée à formuler la moindre hypothèse sur l’origine réelle de la panne, préférant évoquer une « enquête rigoureuse » dont les résultats pourraient ne pas être publiés avant plusieurs mois. À noter toutefois que deux « oscillations » avaient été enregistrées sur le réseau européen peu avant l’incident, sans que leur lien avec la panne ne soit confirmé.
Retour forcé au pragmatisme énergétique
Si les causes du blackout restent inconnues, ses conséquences sur la politique énergétique espagnole sont, elles, déjà palpables. Le gestionnaire du réseau Red Eléctrica fonctionne désormais en « mode renforcé », ce qui signifie un recours accru au nucléaire et au gaz pour assurer la stabilité du réseau. Une inflexion majeure pour un pays qui affichait fièrement, au moment du blackout, un mix électrique composé à 75 % d’énergies renouvelables, contre 11 % de nucléaire et seulement 5 % de gaz.
Aujourd’hui, ces proportions ont fortement évolué. Le nucléaire assure désormais entre 14 % et 23 % de la production nationale selon les jours, et le gaz jusqu’à 25 %. Une manière implicite de reconnaître les limites d’un modèle basé sur des sources d’énergie intermittentes, comme l’éolien ou le solaire, incapables de garantir la résilience d’un réseau soumis à des perturbations.
Le nucléaire : mal-aimé mais indispensable
Ce retour forcé aux sources d’énergie dites « pilotables » souligne une vérité que les gouvernements européens peinent encore à admettre : sans une production fiable et continue, la transition énergétique vire à l’utopie coûteuse. Pourtant, malgré leur efficacité démontrée, les centrales nucléaires espagnoles sont toujours condamnées à fermer d’ici dix ans, selon les objectifs de l’actuel gouvernement socialiste.
Un choix idéologique contesté par les industriels. En mars dernier, un porte-parole du groupe Iberdrola alertait déjà dans les colonnes du Financial Times sur les risques d’une sortie totale du nucléaire, évoquant « une erreur majeure, similaire à celle de l’Allemagne », qui mènerait à « des prix bien plus élevés et un système beaucoup moins fiable ».
Le même ajoutait une question cruciale : « En tant qu’Européens, pouvons-nous vraiment nous permettre de renoncer à nos ressources énergétiques naturelles uniquement par idéologie ? Ne devrions-nous pas faire preuve de pragmatisme, à l’instar des Américains ? »
L’Espagne, qui devait être un modèle vertueux de la transition énergétique, se retrouve aujourd’hui dans une situation embarrassante. Si le pays tire temporairement parti de ses installations nucléaires et de ses centrales à gaz pour éviter un nouveau blackout, il persiste à vouloir les démanteler.
L’épisode d’avril 2025 pourrait pourtant servir de leçon à l’ensemble du continent. Le fonctionnement stable d’un réseau électrique repose encore largement sur ce que les ingénieurs appellent l’« inertie » – celle des turbines massives en rotation dans les centrales thermiques ou nucléaires, capable d’amortir les chocs du système. Une inertie que les énergies renouvelables peinent à offrir, du fait de leur nature diffuse et variable.
Tant que l’idéologie gauchiste primera sur le pragmatisme, l’Europe continuera à danser au bord du gouffre énergétique. L’Espagne vient d’en faire l’amère expérience.
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4 réponses à “Sécurité énergétique : après une panne historique, l’Espagne mise (à nouveau) sur le nucléaire et le gaz”
Enfin l’Espoagne retrouve la voie de la sagesse.Espérons que bientôt les bretons suivront. Actuellement ils importent de l’électricité, fabriquent de l’électricité sale, et ils ont un énorme potentiel pour le nucléaire, avec les côtes qu’ils ont, et la proximité de grands centres urbains.
Ha ben M… alors…Je ne l’aurais jamais cru ! LOL
Soyons sérieux,
Les grands Black out qui ont eu lieu en Europe durant les 20 dernières années n’ont pas remis en cause le modèle de l’époque. Il n’y a pas d’autre issue que le lien EnR.
L’uranium sera épuisé dans 50 ans au rythme actuel, encore moins si on intègre la volonté de certains pays de deployer de nouveaux réacteurs. Les derniers EPR français prévus ne seront pas alimentes.
Les réserves africaines ont déjà été captées par la Russie, les réserves d’Asie centrale et de Mongolie seront captées par la Russie et la Chine, les réserves canadiennes par les US.
Le nucléaire est un miroir aux alouettes.
Notre indépendance européenne passe par les EnR, associées à des capacités de stockage qui supportent les variabilité de production et les variabilité de consommation, bien plus importantes.
Stockage= Step, hydrogène (par ailleurs indispensable à le decarbonaion des transports).
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Les Bretons ont aussi la mer le soleil et le vent a volonté, tout cela sans pollution ni risque de contamination ni d’accident nucléaire (1 tous les 20 ans au moins, mais on a la memoire courte, sans parler des dechets a moins que les bons bretons en veulent sous leur jardins) et pas dans 15 ans ni des centaines de milliards que l’Etat viendra puiser dans nos poches et nous les faire payer double que cela lui coûte.