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Vacances de Noël. Les dentistes ont-ils abandonné les Bretons ?

Si vous avez un abcès dentaire, une infection, un plombage qui a sauté, une rage de dent, ou un gros pépin dentaire, ne cherchez pas un dentiste dans les Côtes d’Armor, le Morbihan, le Finistère, entre Noël et le Jour de l’an, vous n’en trouverez pas. Pourtant, en Bretagne administrative, ils sont 2 100 chirurgiens-dentistes…

Ainsi, alors que médecins et soignants, pompiers volontaires et ambulanciers, continuent d’assurer une mission d’aide à la population – y compris dans la difficulté – à l’occasion des fêtes de fin d’année, les dentistes eux, semblent avoir adopté une attitude qui prend parfois des allures de non assistance à personne potentiellement en grande difficulté sanitaire.

Concrètement, nous avons appelé environ 70 dentistes, répartis sur les trois départements cités plus haut : dans 90% des cas, nous sommes tombés sur un répondeur indiquant une reprise des activités autour du 4 janvier 2021. Les 10% des cabinets qui nous ont répondu nous coupaient avant même que nous ayons eu le temps de dire « ouf », nous expliquant que le cabinet ne prenait plus aucun patient, y compris pour une urgence dentaire.

Pour les dentistes qui s’offusqueraient de cet article, une seule chose : imaginez un instant des vacances de Noël sans personnel dans les hôpitaux, sans pompiers volontaires, sans médecins généralistes, « parce qu’il faut bien prendre des vacances » et que personne ne s’est entendu pour assurer une rotation. Vous saisissez ?

Que faire en cas d’urgence dentaire en Bretagne ?

C’est bien là la question la plus importante, puisque les chirurgiens-dentistes de Bretagne, pourtant pas à plaindre financièrement (Le salaire moyen d’un dentiste en libéral peut varier de 6 000 € à environ 11 000 € net par mois) semblent avoir abandonné la population.

Vous avez une rage de dent, un abcès, une dent cassée…et cela tombe un 25 ou un 26 décembre, qu’est-ce que vous faites ?

Si c’est un dimanche , appelez le 15, tôt le matin (entre 8h et 9h) et même si vous n’êtes pas mourant, dites au régulateur du SAMU que votre cas est grave, car sinon, il ne discutera même pas avec vous et refusera de vous communiquer le numéro des 3-4 dentistes de garde sur tout votre département (cela ne fait pas beaucoup…). Tout ceci en dit long sur la tiers mondisation en cours de la santé dans notre région.

Si vous obtenez le numéro, bon courage ensuite pour trouver un rendez-vous avec ce dentiste de garde, puisque comme vous l’imaginez, tous les malades dentaires du département vont faire la même chose que vous et l’appeler….

Les affaires se compliquent si votre problème a lieu pendant les 6 autres jours de la semaine (c’est long, 6 jours, avec un abcès dentaire, dont les conséquences peuvent potentiellement être graves, encore plus si vous êtes enceinte, si vous allaitez, si vous avez d’autres pathologies…(mais cela visiblement, les dentistes de Bretagne s’en moquent et comptent sur le service hospitalier déjà surchargé pour palier temporairement à  vos soucis…).

Dans ce cas, concrètement, en Bretagne, si votre dentiste habituel ne peut pas vous recevoir car en vacances à cette période (et le reste de l’année, ce n’est jamais mieux, avec 6 mois d’attente parfois pour un simple détartrage), cela va être compliqué, et deux possibilités s’offrent à vous :

Les urgences dentaires de Rennes, et celles de Brest. Avouez que cela fait loin si vous habitez Lorient, ou le Centre-Bretagne…Pour celles de Brest (situées à l’hôpital Morvan), il faut s’y rendre pour 9h le matin ou 13h30 l’après midi, et prendre son mal en patience, puisque comme vous, des dizaines (plus encore ?) de malades vont venir, pour espérer être soignés par de jeunes internes qui font face comme ils peuvent aux abandons de toute une patientièle par leurs ainés sur la Bretagne.

Dernière solution : frapper chez votre médecin traitant – et engorger encore plus un système défaillant – et espérer obtenir quelques antibiotiques, ou quelques soins, le temps que votre dentiste habituel ait cuvé son champagne et son foie-gras.

N’accablons pas que les chirurgiens-dentistes – dont les cabinets sont pleins à craquer toute l’année : les pouvoirs publics portent eux aussi une lourde responsabilité dans cet abandon de la population, dont les autorités déplorent par ailleurs qu’elle se masse parfois pour pas grand chose dans les services d’urgence des hôpitaux : Que peut-faire d’autre cette population lorsqu’elle tombe systématiquement sur répondeur alors qu’elle a besoin d’un soin dentaire ?

Que peut faire par ailleurs la population le restant de l’année, lorsqu’elle cherche désespérément un dermatologue, un ophtalmo, ou un autre spécialiste, et que lorsqu’elle en trouve enfin un, on lui répond sans arrêt que le rendez-vous est dans 6 mois, ou que, pire encore, le cabinet n’accepte pas de nouveau patient ?

Quiconque côtoie de près le système de soin en France sait qu’il en faut peu, très peu, pour que tout s’écroule. Il suffit de quelques jours de catastrophes en chaine et le château de cartes s’effondre. Dans les hôpitaux, les personnels soignants, mal payés, surmenés, n’en peuvent plus de palier au manque de soins à l’extérieur des hôpitaux, aux déserts médicaux, aux abandons d’une population qui pourtant, paye ses impôts, comme tout le monde.

La crise du coronavirus a permis aux autorités de masquer des décennies de casse du service de santé en France, aux élus de se dédouaner d’un crime contre la santé publique, et de reporter la responsabilité d’un éventuel effondrement à venir sur les Français eux mêmes, ceux qui refuseraient la vaccination, les brimades liées au confinement, les mesures sanitaires parfois incomprises par les soignants eux mêmes.

Dommage que des chirurgiens-dentistes pourtant libéraux, et souvent remontés (à juste titre ?) contre un Etat qui taxe et qui sème des embûches en permanence, n’assurent plus eux non plus le suivi d’une population totalement livrée à elle-même. Qu’elle est loin l’époque du médecin de campagne, en mission jour et nuit au chevet de sa communauté…

YV

PS : pour permettre aux dentistes de répondre à cette mise en accusation basée sur l’expérience récente, nous avons tenté de joindre les syndicats des chirurgiens dentistes du Finistère et des Côtes d’Armor : aux abonnés absents également. Pour ce qui est du commentaire d’un chirurgien dentiste en personne, il faudra attendre après les fêtes…

Crédit photo : DR (photo d’illustration)
[cc] Breizh-info.com, 2020, dépêches libres de copie et de diffusion sous réserve de mention et de lien vers la source d’origine

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3 réponses à “Vacances de Noël. Les dentistes ont-ils abandonné les Bretons ?”

  1. Une dentiste de vos lecteurs dit :

    Bonsoir,
    Quel article mensonger !
    Il y avait bien un système de garde pour ce 1er janvier tout comme le reste des dimanches de l’année. Nous voyons en moyenne une dizaine de patients à chaque fois. Nous sommes d’astreinte de 9h à midi mais bien souvent nous rentrons chez nous vers 15 h à cause de l’affluence de patients…
    Pour les autres jours de la semaine, nous recevons bien sûr les urgences en ayant un cahier spécifique notant chaque appel et nous avons personnellement deux créneaux d’urgence par jour réservés et nous fixons les rendez vous en fonction de l’ordre de priorité de l’urgence.
    Ne pas oublier que pendant le confinement nous avons assuré dans tous nos cabinets une permanence téléphonique chaque jour de la semaine et des cabinets ont été désignés pour recevoir les patients nécessitant des soins urgents et nous avions un tour de garde à assurer en soins.
    Après il y a un manque cruel de praticien mais également dans chaque profession médicale rendant l’accès aux soins très compliqué aujourd’hui et nous en faisons tous les frais…. Cela est dû à un numerus clausus toujours plus restreint…
    Il y a des soignants de “devoir” et d’autres moins scrupuleux, c’est vrai dans toute profession mais merci de ne pas systématiser vos propos.

    • Rédaction dit :

      Bonjour

      Il n’est écrit nulle part qu’il n y a pas de système de garde le 1er janvier ou le reste des dimanches de l’année. Mais bien que ce système de garde est plus que limité, et que pour y accéder, il faut parvenir à convaincre le 15 ce qui n’est pas toujours le cas. Par ailleurs, comme indiqué dans l’article, les 6 autres jours de la semaine, il est impossible d’être reçu en urgence la plupart du temps si vous n’êtes pas déjà patient, la plupart des secrétaires médicales jointes ont la consigne de bloquer.

  2. Praticien lambda dit :

    Bonjour,
    En Loire Atlantique, le conseil de l’Ordre a fixé un calendrier des gardes pour chaque praticien. Le numéro de la régulation des urgences est disponible sur leur site web. Il y a aussi les urgences dentaires au CHU à Nantes. Mais j’en conviens, c’est parfois difficile de trouver un praticien quand on le souhaite. La crise sanitaire a beaucoup compliqué l’organisation des soins dans nos cabinets, ajouté à cela l’afflux de patient dû au RAC 0 et le départ en retraite de beaucoup de praticiens, les délais pour accueillir les patients sont plus long. Dans le monde d’après, il faudra vous y faire et ce n’est pas près de s’arranger car on doit produire toujours plus avec toujours moins. Alors, ne désirant pas finir en burn out comme beaucoup de soignants, je ferme mon cabinet pour les vacances car de toute façon je ne trouve pas de remplaçants…

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