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Jean-Marc Ayrault peine à faire valoir le thème de l’esclavage

En confiant les clés de Nantes à Johanna Rolland en 2014, Jean-Marc Ayrault imaginait-il qu’il allait si vite devenir un has been ? Débarqué de l’hôtel Matignon fin mars 2014, il avait raté le coche pour l’élection municipale de la mi-avril. Un bref recyclage (quinze mois) au ministère des Affaires étrangères en 2016-2017 n’a fait que souligner son déclassement. En 2017, à 67 ans, ce qui n’est pas très vieux pour un politicien, il n’était plus rien.

Mais il lui restait une espérance, dans les tuyaux depuis 2016. Le projet de Fondation pour la mémoire de l’esclavage était considéré dès le début comme un lot de consolation pour l’ancien Premier ministre. Emmanuel Macron a tenu la promesse de François Hollande. En avril 2018, il a annoncé la création d’une Fondation pour la mémoire de l’esclavage présidée par Jean-Marc Ayrault. Un choix un peu pervers ? Emmanuel Macron était l’un des plus proche collaborateurs de François Hollande à l’Élysée quand Jean-Marc Ayrault était Premier ministre. Il l’avait vu à l’œuvre et devait savoir à quoi s’en tenir.

Oublier Colbert au profit de Belley ?

L’État a mis à la disposition de la Fondation l’un de ses plus beaux immeubles parisiens, l’Hôtel de la Marine (photo). Pour le reste, à l’organisme et à son président de se débrouiller. Alors, Ayrault tente annuellement de réchauffer la soupe aux alentours du 10 mai, journée nationale de l’abolition de l’esclavage. L’an dernier, il avait lancé un appel à débaptiser la salle Colbert de l’Assemblée nationale pour protester contre le Code noir promulgué en 1685. Cette année, il a saisi l’occasion du bicentenaire de la mort de Napoléon pour faire diffuser par l’AFP un point de vue repris par quelques journaux, dont Le Point et Le Figaro. Et dont les intentions paraissent bien floues. Apparemment, il s’agit de se glorifier d’avoir obtenu que deux documents de 1802 fassent partie de la future exposition napoléonienne à La Villette…

L’ancien maire de Nantes n’a pas perdu l’espoir, aussi, de mettre à l’honneur le premier député noir (en fait l’un des deux premiers ex-aequo), Jean-Baptiste Belley. Une intention paradoxale dans une optique de mémoire de l’esclavage. Ancien esclave de Saint-Domingue, affranchi très jeune, Belley possédait lui-même des esclaves (dont au moins une qu’il avait fait marquer au fer rouge). Après avoir siégé à peine plus de trois ans à la Convention puis au Conseil des Cinq-cents, il regagne Saint-Domingue comme commandant de la gendarmerie locale en 1797. En 1801, il participe à l’expédition Leclerc, prélude au rétablissement de l’esclavage dans l’île. L’année suivante, compromis pour une raison inconnue, il est renvoyé en France. Assigné à résidence en Bretagne, il meurt à Belle-île en 1805. Le personnage est haut en couleur, mais pas vraiment exemplaire au regard de la cause qui hante Jean-Marc Ayrault.

Portrait de Jean-Baptiste Belley par Girodet, musée national du Château de Versailles, domaine public. Ce portrait a été contesté à cause de la taille du sexe du député.

Frustration guadeloupéenne

Ce dernier pouvait s’imaginer en incarnation du thème de l’abolition de l’esclavage après avoir fait construire un Mémorial à Nantes. Mais la concurrence monte en puissance. Bordeaux rivalise avec Nantes et tient à rappeler qu’elle aussi a pratiqué le commerce triangulaire. Surtout, la Guadeloupe a mis le cap résolument sur le tourisme mémoriel. Elle a inauguré en 2015 l’énorme Mémorial ACTe en comparaison duquel la crypte nantaise fait pâle figure. La Fondation de Jean-Marc Ayrault est associée au MACTe. Hélas, c’est moins une consolation qu’une source de frustrations supplémentaires : Laurella Rinçon, directrice générale de l’établissement, vient d’être suspendue de ses fonctions pour cause d’irrégularités financières.

Crédit photo : Hôtel de la Marine, place de la Concorde, Paris. Photo Jebulon, domaine public via Wikimedia Commons.
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