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Ukraine : Bernard-Henri Lévy s’en va (encore) en guerre ?

Le 27 janvier dernier, lors d’une interview sur la chaîne américaine Fox News , Bernard-Henri Lévy a affirmé que «  si nous voulons la paix, nous devons accepter la guerre froide ».

Quand on rapproche cette déclaration de ses précédentes positions lors des conflits en Géorgie, Afghanistan, Serbie, Lybie, etc., n’est-il pas une nouvelle fois en train de jouer les va t-en guerre ? Ne montre t-il pas une vindicte systématique contre la Russie ? Qu’est-ce qui le motive ? 

BHL : une longue habitude de soutien aux agressions occidentales

C’est une vieille habitude de Bernard-Henri Lévy de prendre parti dans les conflits, en soutien des Etats-Unis et souvent contre la Russie.

Ainsi, en 1999, il avait soutenu les bombardements meurtriers de la Serbie réalisés par l’OTAN, qui ont abouti à la création de l’état mafieux du Kosovo, détaché arbitrairement de l’État serbe, et au martyre des Serbes qui y résidaient.

Le 11 mars 2011, il avait poussé Nicolas Sarkozy à instaurer une zone d’exclusion aérienne au-dessus de la Lybie et à attaquer la Libye. Cette intervention, présentée comme « humanitaire »  pour protéger la population civile  de prétendus bombardements par l’armée de l’air libyenne – qui ont été contestés depuis -, a fait des dizaines de milliers de morts, militaires et civils.

En août 2011, après la chute de Tripoli et de l’assassinat du Président Mouammar Kadhafi, il avait déclaré que « c’est une victoire, car Sarkozy a réalisé en Libye ce que Mitterrand n’avait pas fait en Bosnie ».

Au micro de France Inter, le 1er avril 2018, il s’en vantait : « Si j’ai une petite responsabilité dans le fait qu’ils ont lancé cette opération de sauvetage et qu’ils ont continué, tant mieux, je suis très fier de ça. »

Les migrants, qui traversent la Lybie, comme les Européens, en paient toujours les conséquences.

Jean-François Kahn avait pointé aussi que  « BHL nous a entraînés dans la guerre en Libye dont nous payons aujourd’hui les conséquences, notamment au Mali. Nous attendons toujours son autocritique ».

Ukraine : BHL a trouvé un nouveau terrain de lutte contre la Russie

Depuis que Vladimir Poutine est devenu le dirigeant russe, Bernard-Henri Lévy le combat.

Ainsi, en 2008, il était intervenu lors du conflit au sujet de l’Ossétie entre la Russie et la Géorgie.

Il en est de même dans la confrontation entre l’Ukraine et la Russie.

Dès le 2 mars 2014, il se trouvait place Maïdan à Kiev pour soutenir le coup d’État anti russe, bien vu par les États-Unis, pour renverser le Président Viktor Ianoukovitch, légalement élu.

Or cette action allait aggraver le différend entre les deux pays. Il résulte d’une longue histoire où le destin de ces deux pays et de ces deux peuples a été étroitement lié avec des modifications fréquentes des frontières. L’Ukraine connaît aujourd’hui une la situation très complexe du fait qu’une partie de l’Ukraine, le Donbass, est peuplée de Russes et que la Crimée a une importance géopolitique capitale pour la Russie, car elle abrite sa seule base sur la Mer Noire et, donc, sur la Méditerranée.

Jeudi dernier 27 janvier, aux Etats-Unis, Bernard-Henri Lévy, n’en tenant aucun compte, a déclaré dans une interview sur Fox News à propos des événements récents : « Ce que je vois, c’est un acte de guerre et de chantage incroyable de la part de Vladimir Poutine […] Poutine n’est plus un partenaire de l’Europe. Il n’est plus un adversaire. Il agit comme un ennemi. Et vous avez eu ces derniers jours une série de déclarations menaçant l’Europe [d’] une guerre totale… Si nous voulons la paix, nous devons accepter la guerre froide. ».

Les conséquences économiques d’un conflit pour les pays européens, d’abord dans le domaine énergétique, ne semblent pas l’inquiéter.

Cette vision de Bernard-Henri Lévy ne répond pas au souhait du président ukrainien, Volodymyr Zelensky, qui, lui, représente le peuple ukrainien et mesure les souffrances qu’il subirait en cas de conflit. Dès le vendredi 28  janvier, celui-ci a prié les Occidentaux de ne pas créer « la panique » en agitant le risque d’une invasion russe. Le même jour, Macron et Poutine tombaient d’accord sur « la nécessité d’une désescalade ».

Au contraire, BH Lévy est sur la ligne des États-Unis. Lundi, ceux-ci et ses alliés de l’OTAN ont menacé la Russie de nouvelles sanctions, tout en mobilisant des troupes envoyées aux frontières russes.

Comme dans le cas de la Lybie, BH Lévy ne semble pas s’inquiéter des graves conséquences pour les Français et plus généralement les peuples européens de ces conflits.

Ainsi, les conséquences économiques d’un conflit russo-ukrainien pour les pays européens, ne serait-ce que dans le domaine énergétique, seraient catastrophiques dans le contexte actuel sans parler de pertes militaires pour les troupes engagées.

Qu’est-ce qui fait courir BHL ?

BH Lévy semble avoir beaucoup évolué depuis ses années maoïstes en 1968 quand la révolte des enfants de la bourgeoisie avait ébranlé la présidence du général de Gaulle.

Passé d’un marxisme radical à la dénonciation de ses aspects totalitaires dans La barbarie à visage humain et au discours humanitaire des droits de l’homme, on pourrait expliquer ses engagements par sa présentation d’être un défenseur des persécutés par certains régimes totalitaires.

Alors, comment expliquer qu’en 2009 il prenne la défense de César Battisti, terroriste italien d’extrême gauche condamné pour quatre homicides. En 2019, Battisti reconnaîtra avoir participé à deux assassinats et en avoir commandité deux autres.

Une autre réponse serait qu’un ego surdimensionné le pousserait à  vouloir faire la une des médias.

Mais lui-même a expliqué ses démarches par une tout autre raison, paradoxale pour quelqu’un qui critique ceux qui sont attachés à leur patrie et à son identité. Son livre de 1981  » L’idéologie française «  accuse la France d’avoir été le laboratoire conceptuel du fascisme européen.

Selon Le Figaro  (20/11/2011) Bernard-Henri Lévy a déclaré que « c’est en tant que juif » qu’il avait « participé à l’aventure politique en Lybie », lors de la première Convention nationale organisé par le Conseil représentation des organisations juives de France ( CRIF ). « J’ai porté en étendard ma fidélité à mon nom et ma fidélité au sionisme et à Israël », a-t-il ajouté.

En janvier 2009, il avait déjà publié dans le magazine Le Point  une note de soutien à Israël justifiant l’opération  » plomb durci « .

Le 16 mai 2017 il a reçu le titre de docteur Honoris Causa par l’université Bar Ilan pour « plus de 40 ans de contribution influente au peuple juif et à sa nation ».

Mais au final, quand Bernard-Henri Lévy au journal télévisé de TF1  la nuit  du 29 décembre 1981 a dit à propos des moudjahidines afghans : «  Je vois que nous sommes aujourd’hui dans une situation qui n’est pas très différente de celle de l’époque de la guerre d’Espagne …en Espagne, il y avait un devoir d’ingérence... », ne révèle t-il pas le rêve déçu de toute une génération de militants d’extrême gauche de 1968, qui se croyaient des révolutionnaires, de ne pas avoir connu l’aventure romantique des Brigades internationales pendant la guerre civile espagnole ?

Jean Theme

Crédit photo: Mauro Rico / Ministerio de Cultura de la Nación/Flickr (cc)
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7 réponses à “Ukraine : Bernard-Henri Lévy s’en va (encore) en guerre ?”

  1. Jean-Francois Bollens dit :

    Si BHL regrette de n’avoir pas « fait la guerre d’Espagne », qu’il se rassure : ce n’est pas une question d’Histoire mais de courage.
    D’autres jeunes gens y vont encore.
    Il y a ceux qui chouinnent sur le destin qu’ils n’ont pas su avoir et les autres.

  2. « Ne montre t-il pas une vindicte systématique contre la Russie ? Quelle question naïve ! Il reste tout de même que Poutine amasse toute une armée à la frontière Ukrainienne après avoir envahi la Crimée et le Donbass. Doit-on l’aimer pour ça ?

    • jojo dit :

      La Russie a annexé La Crimée mais n’en déplaise à l’OTAN, il y avait une demande populaire. Poutine n’est pas un ange, mais ça veut pas dire que c’est le méchant de l’histoire… Révisez l’histoire depuis 2014. L’intérêt des peuples d’Europe n’est pas dans la division, division consciemment entretenue depuis Washington.

  3. Gustave dit :

    C’est vrai Jean-Philippe, les russes n’étaient qu’une poignée en Crimée et au Donbass, n’est-ce pas? Puis les référendums qui ont montré l’attachement de la population de ces deux « provinces » étaient truqués. Bien sûr!

  4. Droal dit :

    Certains membres du peuple juif ont toujours estimé que c’est au « peuple élu » de gouverner le monde pour mille ans à partir de Jérusalem. C’est le sempiternel fantasme d’un Jacques Attali, par exemple.

    Depuis la Déclaration Balfour du 2 novembre 1917, signe du Retour du peuple juif sur la terre de ses ancêtres, et la création de l’Etat d’Israël en 1948, signe du Rétablissement futur du peuple juif, celui-ci a vocation à vivre en paix sur sa terre ancestrale. C’est tout et ça n’ira jamais plus loin.

    Pendant les 11 années que De Gaulle a été au pouvoir de 1958 à 1969, il a souvent dit ce qu’il a dit le 31 mai 1960 au cours d’une conférence à l’Élysée:

    « Or, en définitive et comme toujours, ce n’est que dans l’équilibre que l’univers trouvera la paix. Sur notre ancien continent, l’organisation d’un groupement occidental, tout au moins équivalent à celui qui existe à l’Est, pourra permettre un jour, sans risque pour l’indépendance et la liberté de chacun et compte tenu de l’évolution vraisemblable des régimes, d’établir l’entente européenne entre l’Atlantique et l’Oural. Alors, L’EUROPE TOUT ENTIÈRE, cessant d’être coupée en deux par des ambitions et des idéologies qui deviendraient périmées, redeviendrait le foyer capital de la civilisation. » (Discours et Messages).

    Depuis 1969, le Gouvernement mondial a toujours tout fait pour reculer cette jonction entre l’Atlantique et l’Oural, de telle sorte que l’Europe toute entière ne redevienne jamais « le foyer CAPITAL de la civilisation ».

    Un Jean-Paul reprenait cette idée en disant que l’Europe devait « respirer avec ses deux poumons ».

    Au tout début de la 5ème République, De Gaulle rappelait ceci, le 22 novembre 1959, du balcon de l’Aubette, après avoir assisté à une messe dominicale solennelle à la cathédrale de Strasbourg:

    « Oui, c’est l’Europe, depuis l’Atlantique jusqu’à l’Oural, c’est l’Europe, toutes ces vieilles terres où NAQUIT, où FLEURIT LA CIVILISATION MODERNE, c’est toute l’Europe qui décidera du destin du monde. » (Inédit.)

    De Gaulle ne considérait pas que 20 siècles d’efforts et de douleurs sans nombre devait aboutir à l’€urope, cet immense continent qui va de McFly et Carlito au Néant tant espéré par tous les non-voyants de la planète.

  5. patphil dit :

    enfin une façon de faire parler de lui ! je suppose que ses livres, (écrit il encore?) ne se vendent plus, alors une petite interview dans chaque média renfloue la caisse et fie son égo

  6. Henri Romeuf dit :

    La plus belle vacherie qu’on puisse faire à ce pitre médiatique, c’est de ne jamais en parler. Personnellement, ça fait vingt-deux ans que je ne lis plus aucun de ses articles, et je m’en porte fort bien. S’il continue à pontifier et à bêtifier dans des médias complaisants, cela reste le seul problème de ces médias, et qui les décrédibilise à tel point que leurs lecteurs s’en détournent et vont se ressourcer sur des médias « alternatifs » : merci, Breizh Info !

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