Ce 4 juillet le tribunal correctionnel nantais jugeait une nouvelle affaire de fusillade – survenue le 29 juillet 2020 à Malakoff ; la victime est un homme de 28 ans, touché vers 21 h à l’artère fémorale par des tireurs dans une BMW noire, soigné au CHU et qui ressort sans porter plainte ni répondre aux questions de la police. C’était alors la 26e fusillade de l’année 2020 où les deux confinements n’ont pas arrêté les balles.
Mais cela n’empêche pas l’enquête d’être menée et de s’orienter très vite vers les règlements entre gangs nantais de la drogue – dès le lendemain, la BMW utilisée lors de la fusillade est retrouvée dans un box à Saint-Sébastien sur Loire, un Tokarev 7×65 – l’arme de la fusillade – dans la boîte à gants, et d’autres armes, ainsi que de la résine de cannabis et de l’argent liquide, à proximité. Tandis qu’un informateur sous X explique aux policiers que la victime, qui aurait dealé – elle venait de sortir de quatre ans de prison ferme dans une affaire de stupéfiants, aurait été trop proche d’une figure des trafics à Bellevue, autre quartier « sensible » nantais, qu’une rivalité ancienne oppose à Malakoff.
Le 13 octobre 2020, six personnes étaient interpellées à la Bottière, à Bellevue (Nantes), Bouguenais et Basse-Goulaine en lien avec cette fusillade, dont trois membres d’une même fratrie et avaient jadis fréquenté le quartier – et le club de boxe – de Malakoff. Un autre prévenu avait déjà été condamné pour une autre fusillade.
Relié à l’affaire, un certain Bilal Khadraoui, 27 ans, issu de la Bottière – autre quartier « sensible » lui aussi fâché avec Malakoff, toujours pour des questions de trafics, gagnait alors 3000 € par mois grâce à la drogue, et c’est dans le box qu’il louait que la BMW a été retrouvée, tandis que son ADN matchait avec celui prélevé sur un fusil mitrailleur, le couteau suisse des gangs de la drogue, capable d’ouvrir des marchés comme de fermer à double-tour des bouches. Il est condamné à sept ans ferme.
La source anonyme qui tuyaute l’enquête décrit un autre prévenu – un de ses frères, père de famille, responsable syndical, comme le commanditaire. Il n’est relié à la BMW que par son odeur, retrouvée dans la BMW par des chiens spécialisés, indice d’autant plus fragile qu’il conteste absolument les faits. Et son parcours, son insertion, plaident pour lui – il est relaxé.
Un autre prévenu déjà condamné dans une fusillade en 2014
Un troisième prévenu est relié à l’affaire suite à la découverte d’armes de guerres chez lui. Or, Henocq Zehaye, 33 ans, qui affirme que ces armes lui servaient à « se défendre », avait interdiction d’en détenir après avoir été mis en cause dans diverses autres affaires. Il a été condamné à trois ans ferme.
Celui qui a géré avant 2017 une société de vente de voitures à Saint-Sébastien sur Loire avait aussi été jugé, en 2017, pour une fusillade le 30 octobre 2014 au niveau du McDo de la route de Rennes – il avait été le seul tireur retrouvé et avait reconnu les faits devant le tribunal – il n’avait guère le choix, étant tout à fait reconnaissable sur les images de vidéo-surveillance lors de cette fusillade, qui était aussi un guet-apens, la victime, qui a fui sans avoir été blessée, et liée à un différend commercial entre trafiquants de produits stupéfiants, d’après l’enquête, étant invitée par plusieurs personnes à cet endroit précis.
Ce chauffeur livreur qui avait alors « 28 ans et 21 condamnations au casier judiciaire » avait été condamné à trois ans ferme par le même procureur – cela ne lui avait visiblement pas suffi pour le détourner de la délinquance, avec laquelle il voulait rompre, à l’époque.
LM
Photo d’illustration : DR
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Une réponse
quand les juges laxistes condamnent au sursis, ils recommencent, alors pour une fois que la sentence est un peu dure…
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