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Cycle électoral, engagement militant, quelles perspectives ? [L’Agora]

Thibault Gond revient sur le cycle électoral, la victoire de Meloni en Italie et les perspectives des structures militantes face aux crises simultanées qui s’annoncent.

Tout d’abord un constat le dernier cycle électoral nous prouve que la cause nationale est plus que jamais capable de mobiliser d’énormes quantités d’énergie militante, cependant l’ère politique que nous traversons nous enferme dans un militantisme publicitaire ou de témoignage c’est à dire sans vision globale et inopérant en dehors des élections, les structures militantes ont aujourd’hui énormément de mal à survivre aux échéances électorales, avec les crises politiques et sociales qui nous attendent je pense qu’il faut renouer avec l’essence même du militantisme à savoir l’engagement permanent au service d’un idéal plus grand que nous .

Nous pouvons nous réjouir de la victoire de Giorgia Meloni en Italie qui gouvernera désormais à la tête de sa coalition, reste à voir comment se déroulera son mandat et ce qu’elle en fera, elle devra sans doute donner rapidement des gages au pouvoir global pour se maintenir, la tendance actuelle étant de mener une campagne populiste audacieuse pour se faire élire et ensuite adoucir sa ligne politique afin de la rendre in fine compatible avec l’ordre libéral dominant.

Les scores importants en Italie font miroiter à certains les prémices de succès électoraux miraculeux dans notre pays c’est à mon sens une mauvaise évaluation des tendances.

Premièrement regardons la réalité en face nous entamons une période de plusieurs années sans échéance électorale majeure à moins bien sûr d’une dissolution de l’assemblée nationale, dissolution qui n’est souhaitée au fond par aucun parti d’opposition.

Ensuite la politique italienne est très différente de la nôtre, plus instable, le gouvernement est recomposé très régulièrement, deuxièmement Giorgia Meloni n’est pas une personnalité émergente de la vie politique italienne, elle a été ministre, son parti gère une grande Région et la coalition à laquelle elle appartient existe depuis des décennies, finalement on pourrait dire que Meloni est plutôt un vecteur de stabilité pour les italiens qui ont été échaudés par l’expérience Salvini, de plus la droite italienne possède une vraie culture de la coalition contrairement à la nôtre perpétuellement divisée.

La dynamique politique qui porte aujourd’hui Fratelli d’ Italia au pouvoir nous l’avons déjà connue en réalité, elle s’est manifestée notamment avec la victoire de Orban en Hongrie qui a triomphé lors des élections législatives au printemps et chez nous lors de nos dernières législatives où le RN à fait élire 89 députés, on pourrait l’appeler la « vague populiste eurosceptique » cette vague s’achève donc avec brio en Italie.

Une nouvelle dynamique politique est effectivement en train de naître, on en voit les premiers contours: la nouvelle vague politique qui vient émerge face à l’accumulation des crises que nous allons subir, crises énergétiques, sociales, sanitaires, économiques, diplomatiques, ces crises achèveront le processus la destruction des structures traditionnelles occidentales.

Il est donc nécessaire d’anticiper cela, de se détacher des partis politiques pour se diriger vers des formes de militantisme méta-politiques globales.

Le militant politique fait partie intégrante du mouvement général qui doit tendre vers un idéal sociétal, il ne s’en distingue que par sa capacité à prévoir le coup d’après, autrement dit avoir la capacité d’interpréter et d’intégrer son environnement immédiat.

On peut s’interroger sur l’utilité du militant au sein d’un parti politique, les récentes élections présidentielles et législatives nous ont une fois de plus montré l’absence de proportionnalité entre l’effort déployé sur le terrain et le score électoral, si bien que les partis n’investissent plus dans l’appareil militant ni en temps, ni en argent.

La plus grande faiblesse du camp national c’est l’absence de chef, personne aujourd’hui n’est capable d’unifier l’ensemble des forces patriotes et de les conduire, donc à défaut de chef naturel reste l’espoir du messie.

Nous sommes conditionnés dans cette perpétuelle attente du messie, de l’homme providentiel de Jeanne d’Arc sur son cheval blanc, de Napoléon revenant de l’Ile d’Elbe en cela nous faisons preuve d’une naïveté hypnotique devant le moindre faux prophète un peu médiatisé qui saura profiter de cet état de faiblesse pour puiser là -dedans l’énergie nécessaire à ses intérêts propres.

Au final l’effectif militant termine généralement désabusé, lessivé, déçu.. jusqu’à l’apparition du prochain “messie”

Pour casser ces montagnes Russes stériles le militant doit s’inscrire dans un engagement permanent, les dernières présidentielles nous prouvent que la cause nationale mobilise encore de belles énergies à différents niveaux, aujourd’hui ces équipes militantes doivent profiter de l’accalmie électorale pour s’engager concrètement au service de leur idéal, s’inscrire dans des dynamiques réelles, des réseaux de proximité, développer de vraies compétences , créer des associations, participer à des réflexions sur des enjeux locaux, organiser des conférences, soutenir les circuits courts, contribuer à de l’information locale, financer des médias alternatifs .

Certains l’ont déjà compris et sont en ce moment en train de se réorganiser dans ce sens, en dehors des partis politiques et je suis persuadé que c’est de cette base courageuse, bénévole que naîtra la prochaine génération de cadres qui construira un futur mouvement de fond.

La pertinence de ce modèle se vérifiera au travers des crises qui s’annoncent où le militant sincère devra devenir et non plus subir c’est ainsi que nous sortirons de ce syndrome du Messie et que nous deviendront enfin acteurs du destin de notre pays.

Thibaut Gond

Crédit photo : Pexels (cc)

[cc] Breizh-info.com, 2022, dépêches libres de copie et de diffusion sous réserve de mention et de lien vers la source d’origine

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8 réponses à “Cycle électoral, engagement militant, quelles perspectives ? [L’Agora]”

  1. Dominique dit :

    Il n’y a pas à se réjouir de la victoire d’une Meloni, membre du Aspen Institute un think tank américain néo-conservateur ! Les Italiens ont été bernés, elle sera pire que Draghi.

  2. patphil dit :

    dans ma jeunesse, j’ai milité au PS avant de me rendre compte que les réunions étaient du blabla et que les responsables n’en tenaient aucun compte

  3. Johannes dit :

    Observation assez juste, nous voyons en Europe des structures méta-politiques se monter les unes après les autres. Elles prennent différentes formes (Conférences, formations, soupe populaire, cercles de maraude…). C’est dans ces formations amenées à devenir puissantes que les militants trouvent l’aspect le plus efficace pour défendre notre idéal.

  4. Weber dit :

    L’analyse est juste, mais d’un autre point de vue le salut viendra t-il réellement des urnes ?

  5. Gerard M dit :

    On ne peut qu’être d’accord avec le constat, en politique comme au cinéma il faut souvent (se) coucher pour avoir un rôle

  6. Goldorak dit :

    Meloni est coincée si elle bouge contre le système son pays sera mis en banqueroute en 2 semaines, avec une dette à 150% du PIB …obligée de donner le change

  7. Jean-François dit :

    Merci Thibault pour cette analyse et ces constats pertinents qui aideront certainement les primo-militants déçus par le résultat des récentes élections à rebondir et agir efficacement.

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