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«Faites vos jeux, Rien ne va plus» : L’inexorable naufrage du dollar US

Le 20 novembre dernier, je publiai une analyse sur l’évolution de la confiance de la communauté internationale dans le dollar états-unien. On pouvait y noter la désaffection progressive de la quasi totalité de la communauté internationale, à l’exception notable du Royaume Uni et des institutions européennes, pour le produit financier de plus en plus toxique qu’est devenue la dette américaine libellée en dollars. L’opération spéciale russe en Ukraine et les sanctions économiques boomerangs appliquées à la Russie par les occidentaux semblaient précipiter le déclin des grandes économies occidentales en provoquant une inflation galopante, une crise énergétique sévère et un ralentissement de la production industrielle liée aux coûts de l’énergie

Au cours du seul mois d’octobre, les nouvelles évolutions sont telles, aux USA, qu’on ne peut pas les ignorer. Elles semblent annoncer le triste épilogue qui a mis fin à la courte aventure de John Law, ce premier banquier central français, qui voulait transformer l’or en papier et le papier en or sous Louis XIV et qui a mis notre pays en faillite.

Le livre de Nicolas Buat (2015) paru sous le titre: « John Law: la dette ou comment s’en débarrasser » nous montre que John Law était un précurseur de la logique des banquiers centraux de notre temps. Il était le «premier banquier central» en ceci qu’il croyait pouvoir stimuler l’économie par la seule puissance de la circulation monétaire.

Où est est-on aux USA, sur les dernières données publiées par le département du Trésor du 31 octobre 2022 ?

En un mois, la dette fédérale s’est accrue de 150 milliards de $ passant de 31 300 à 31 450 milliards de $. Le rythme d’endettement US a donc été de 5 milliards de $ par jour en octobre 2022.

Encore faut-il noter que, si l’on ajoute les dettes des États de l’Union, celles des collectivité locales celles des entreprises et des particuliers, la dette US totale est 3 fois plus importante que la dette fédérale et se monte à 94 000 milliards de dollars (pas moins de 30 fois le PIB de la France).

S’agissant de l’évolution de la confiance de la communauté internationale dans le dollar et dans l’économie états-unienne, elle s’inscrit toujours en baisse puisque la part de cette dette US détenue par l’étranger, indicatrice de la confiance, continue de se réduire. En octobre, cette part a baissé de 112 milliards de $ ( de 7 297 à 7 185 milliards de dollars) alors même que la dette US augmentait de 150 milliards de dollars. 

L’analyse État par État de cette dette détenue par les principaux créanciers des USA, montre que l’Asie, y compris les alliés présumés des USA (Japon, Taïwan, Corée du Sud, Singapour) continue de tourner le dos à la dette US et à s’en délester progressivement(Japon: – 42 milliards Chine: -24 milliards, Corée du Sud: -5,5 milliards, Singapour: -0,6 milliards, Taïwan: -0,6 milliards durant le seul mois d’Octobre. C’est considérable.

En Europe, le Royaume Uni semble avoir compris que le soutien inconditionnel au dollar n’était pas tenable et a réduit son exposition à la dette US de 25 milliards de $ en octobre. La gouvernance de l’UE continue d’acheter de la dette US, mais en très faible quantité (2 milliards de $).

La France, quant à elle, s’inscrit à l’opposé de la tendance mondiale et de la tendance européenne en augmentant son exposition à la dette US de 10,7 milliards de $ (????) en octobre 2022 : difficile à comprendre et à justifier…

Pour en revenir à l’économie US, dont la santé précaire soutient tant bien que mal le dollar, force est de reconnaître qu’elle n’est pas au mieux de sa forme. Outre la dette qui s’est creusée de 150 milliards de $ en un seul mois, le déficit budgétaire sur douze mois s’est accru de 23 milliards au mois d’octobre passant de 1 200 à 1 223 milliards de dollars, le déficit commercial s’est lui aussi détérioré de 12 milliards supplémentaires en un mois passant de 1 215 à 1 227 milliards de $. et le déficit commercial avec la Chine s’est encore creusé en Octobre passant de 417 à 421 milliards de $ en rythme annuel, battant au passage un record historique.

L’inflation reste élevée à 7,7% en Octobre (sur 12 mois) mais s’améliore très légèrement (elle était à 8,2 % en Septembre).

Les principaux indices de Wall Street s’acheminent vers leur plus importante baisse annuelle depuis la crise financière de 2008. La crainte d’une récession en 2023 plombe les marchés financiers.

C’est dans le cadre de cette économie qui se délabre peu à peu que le Congrès vient de voter des dépenses de défense record pour 2023 de 858 milliards de dollars. Chacun comprend que ces dépenses ne peuvent être financées, comme toutes les précédentes d’ailleurs, que par un surcroît de déficits et de dettes. Quant aux nouveaux engagements de soutien financier sans fin à l’Ukraine  (plus de 40 milliards de dollars) chacun doit réaliser qu’ils ne pourront être financés que par un surcroît de déficit budgétaire et de dette US et qu’ils précipiteront la faillite si celle ci devait survenir à court ou moyen terme.

Lorsqu’on met en parallèle ces dépenses de défense US de 858 milliards de $ avec le déficit budgétaire de 1 223 milliards de $ sur un an, on réalise que ces dépenses de défense comptent pour les deux tiers du déficit budgétaire annuel US et pour le tiers de l’endettement annuel US (près de 1 800 milliards de dollars en 2022.). Tout cela pourra-t-il durer si le dollar perd son statut de quasi monopole comme monnaie d’échange et de réserve au niveau planétaire ? Si les BRICS et l’OCS développent des systèmes alternatifs d’échanges en monnaie nationale ? Si le système SWIFT est concurrencé ou contourné par d’autres systèmes mis en place par la Russie et par la Chine dans les pays qui souhaitent échapper à la tyrannie du dollar et de l’Occident otanien ?

Les puissances d’argent néoconservatrices et mondialistes qui poussent l’Ukraine à la guerre et au jusqu’au boutisme suicidaire de type « Massada » ont fait le pari risqué d’une défaite de la Russie. Leur politique étrangère du « quoi qu’il en coûte » pourrait bien leur coûter très très cher.

D. Delawarde

Crédit photo : DR
[cc] Breizh-info.com, 2022, dépêches libres de copie et de diffusion sous réserve de mention et de lien vers la source d’origine

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10 réponses à “«Faites vos jeux, Rien ne va plus» : L’inexorable naufrage du dollar US”

  1. Le dantec dit :

    Je suis sans doute comme la moyenne , écrasé par les sommes en jeu . L’Europe et la France avec une défense ( militaire ) nulle et sans le bourrage de crâne des gafam des films woke est dans un état pire . Le scénario argentin me paraît peu éloigné. Achetons de l’or.

  2. Merlin dit :

    Dans un passé déjà lointain, il était question des déficit jumeaux des USA… La dette de l’Etat et les dettes privées étaient insupportables et devaient à coup sûr entrainer à court terme le naufrage de l’organisation sociale US…
    Ce constat et ce raisonnement semblait frappé au coin du bon sens.
    Cependant, apparemment, rien ne s’est produit qui aurait pu empêcher les américains de mener les activités impérialistes.
    Comme le démontre l’article ci dessus, c’est même l’inverse. Les déficits et les dettes explosent encore plus chaque année.
    Je finis par me dire que ça va durer…

  3. gautier dit :

    Avec tout le mal qu’ils ont fait dans tous les pays qu’ils voulaient conquerir, il y a un juste retour des choses, que nous allons tous payer !

  4. Dominique dit :

    Ce général connait-il seulement le capitaine Irving Brunet qui a passé Noël en prison, pour avoir voulu créer une monnaie libre ?

  5. mouchet dit :

    Excellent article économique sur l’effondrement du dollars que j’ai prévu depuis le début de l’épidémie avec son virus de laboratoire justement programmé pour retarder le dit effondrement du système financier des dettes et du dollars. 2008 a laissé un trou financier de près de 16’000 milliards. Les USa avaient une dette de 10’200 milliards et l’actuelle dépasse les 44’000 milliards plafond de février 2022 40’000 milliards. Donc bien au delà des chiffres de l’article. La dette mondiale disons entre 250’000/260’000 milliards environ, dont l’occident possède 85% de ce montant. La contre partie en équivalence n’est que de 40% environ en économie. Tout le reste n’est que spéculation et faux dans les émissions de titres et obligations, dont les états et sociétés émettent 4 fois plus. Autant dire, c’est comme si vous estimiez la production de votre prunier de plus de 1’000 kgs de prunes, alors qu’il ne produit que 50 Kgs. L’article ne mentionne pas les hors bilans bancaires que les banques américaines sont tenues d’informer la FED en un monthly report sur le montant global.Je vous informe en connaissances de cause. Autant dire que toutes ces garanties virtuelles, ces avals et cautionnement d’opérette sont de la dette qui représentent 3 à 8 fois les bilans bancaires mises sur les marchés financiers à moins 50 %. En 2008, 5 banques Lehman Brothers et autres ont été en faillite car leurs hors bilans bancaires avaient des crédits inavouables et insolvables. Un Madoff business à la puissance 10 tout comme la dette USA et occident, avec des dettes irremboursables France incluse, médaille d’or de la dette en Europe. D’où la guerre en Ukraine contre la Russie qui n’a pas de dettes

  6. patphil dit :

    le boycott du $ , un rêve chinois qui se concrétise

  7. Thibaud dit :

    Le dollar (malgré un reflux certain au cours des dernières semaines) s’est considérablement apprécié au regard des autres devises (particulièrement de l’euro) au cours de l’année écoulée. Peut-être l’auteur de l’article a-t-il raison à plus long terme mais il est tout de même étonnant qu’il taise cette donnée de base !

  8. Samuel Grubert dit :

    Les taux directeurs de la BCE sont à 1.75% par an.
    Les taux directeurs de la FED sont à 4.25 % par an.
    J’emprunte des euros à 1.75% et je place sur du dollar à 4.25%. On appelle ça du ‘carry trade’, un marché de milliers de milliards d’euros.
    Si la BCE montait ses taux à 6% par exemple, le ‘carry trade’ s’opèrerait dans l’autre sens, et l’euro se ré-apprécierait vis à vis du dollar.

  9. Zimmermann Michel dit :

    Auteur de l’article payé par Moscou ?

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