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Patrimoine. Les lavoirs en Bretagne

Le lavoir est un bassin public pour laver le linge, alimenté en eau soit par une source, soit un cours d’eau, en général couvert, où se rendaient les lavandières. Certains étaient équipés de cheminées pour produire la cendre nécessaire au blanchiment, construits en pierres, en briques, ou plus modestement en bois ou en torchis.

Au temps où les machines à laver n’existaient pas, chaque village possédait son lavoir communal. Dans les gros bourgs bien sûr on en trouvait plusieurs. Dans les villes les plus prospères, les riches propriétaires faisaient construire leurs propres lavoirs afin que leur beau linge ne soit pas lavé dans les lavoirs publics.

L’histoire d’un lavoir communal c’est également celle de toutes les communes de Bretagne. Un lieu où les femmes travaillaient dur, en plus de leurs tâches quotidiennes, mais aussi un lieu d’échanges et de partage.

Le lavoir, c’est une corvée pénible. On lave le linge de corps plus ou moins régulièrement selon la propreté du ménage mais, deux à trois fois par an, c’est la grande lessive des draps et des grandes pièces de linge. Les femmes partent avec le linge sur une brouette jusqu’au lavoir. Il était courant, jusqu’au début du XXème siècle, de voir ces femmes, les lavandières, agenouillées au bord de la rivière, battant, tordant, brossant, rinçant le linge de famille ou de celle qui l’employait. Si ce travail en plein air était encore accepté par beau temps, il en était tout à fait différent par mauvais temps, en cas de pluie ou de grand froid. C’est l’endroit de tous les ragots et de tous les cancans, parfois aussi de vives joutes verbales.

Il faut ensuite repartir à la maison ou à la ferme avec le linge mouillé dans la brouette, le déposer dans un demi-fut en bois (cuvier), sous une pièce de tissu garnie de cendre et y faire couler de l’eau bouillante avant de retourner au lavoir. Ainsi, pendant de longues heures, les femmes frottaient le linge, munies de savon, d’une brosse, d’un battoir. Une fois rincé, le linge était ensuite étendu sur les pierres et le bassin ou selon les endroits sur les planches à laver en bois, parfois individuelles puis posé sur les barres d’égouttage, en bois ou en fer. Chaque lavandière possédait son matériel, principalement cette caisse en bois, également appelée « cabasson » ou « caisse à laver », garnie de chiffons ou d’un coussin, et était installée près du bassin.

Des superstitions entouraient également les lavoirs. Les lavandières de nuit, esprits démoniaques, blanchissant le suaire des morts les nuits de clair de lune. Si par malheur un voyageur égaré croisait leur route elles le forçaient à essorer le linge avec elles. Le malheureux s’épuisait rapidement… D’autres accompagnées de lutins se mettaient à danser une farandole funeste. Quand, épuisé, le pauvre homme s’écroulait, les lavandières cessaient leur manège. S’il n’avait plus la force de faire le signe de croix afin de chasser ces démons, elles le frappaient à grands coups de linge humide. Au petit matin, on retrouvait le corps du malheureux sans vie, les lavandières s’en étaient retournées… elles reviendront au prochain clair de lune.

D’anciennes croyances donnaient aussi à l’eau des vertus purificatrices et curatives. Ou encore, lorsqu’un enfant était souffrant, on plongeait ses linges dans l’eau du lavoir. S’ils flottaient, la guérison était proche ; s’ils coulaient, l’enfant était condamné. On dit également que les femmes allaient laver leurs péchés la nuit tombée au lavoir.

Aujourd’hui, dans nos campagnes, les lessiveuses mécaniques et les machines à laver ont fait leur apparition. Un progrès considérable pour les femmes qui vont progressivement utiliser les essoreuses centrifuges mécaniques et les séchoirs à airs chauds…

Les passages au lavoir sont devenus de plus en plus rares, pour complètement disparaître.

Per Manac’h (article paru dans la revue War Raok et reproduit avec l’autorisation du directeur de publication)

Crédit photo : DR

[cc] Breizh-info.com, 2023, dépêches libres de copie et de diffusion sous réserve de mention et de lien vers la source d’origine

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