Plusieurs États américains, dont la Californie et New York, poursuivent en justice Meta, propriétaire de Facebook et d’Instagram, accusant le groupe de Marc Zuckerberg d’avoir, entre autres, contribué à mettre en danger la « santé mentale et physique de la jeunesse » des États-Unis. Notamment en concevant des fonctionnalités addictives sur leurs plateformes. Et par ailleurs susceptibles de diminuer l’estime de soi des jeunes générations.
Meta dans la tourmente aux USA
Des dizaines d’États américains, dont la Californie et New York, ont décidé de poursuivre en justice le géant des réseaux sociaux Meta, notamment propriétaire de Facebook et d’Instagram, au motif que le groupe aurait porté atteinte à la « santé mentale et physique de la jeunesse » et aussi contribué à la crise de la santé mentale des jeunes en concevant sciemment et délibérément des fonctionnalités sur Instagram et Facebook qui rendent les enfants accros à ses plateformes.
Une plainte déposée le 24 octobre dernier par 33 États devant le tribunal fédéral de Californie affirme que Meta collecte régulièrement des données sur des enfants de moins de 13 ans sans le consentement de leurs parents, en violation de la loi fédérale. En outre, neuf procureurs généraux ont engagé des poursuites dans leurs États respectifs, ce qui porte à plus de 40 le nombre total d’États des USA ayant engagé une action.
Dans l’introduction de la plainte déposée en Californie, les procureurs généraux assènent que « Meta a exploité des technologies puissantes et sans précédent pour attirer (…) et finalement piéger les jeunes et les adolescents afin de faire des profits ». Le document indique en outre que « Meta a, à plusieurs reprises, trompé le public sur les dangers substantiels de ses plateformes de médias sociaux », en l’occurrence Facebook et Instagram donc, le géant américain ayant « dissimulé la manière dont ces plateformes exploitent et manipulent ses consommateurs les plus vulnérables : les adolescents et les enfants ». Et ce, en « négligeant les dommages considérables » causés à la « santé mentale et physique des jeunes » des États-Unis.
Instagram et l’estime de soi…
Par ailleurs, cette action fédérale de grande envergure aux États-Unis est le résultat d’une enquête menée par une coalition bipartisane de procureurs généraux de Californie, de Floride, du Kentucky, du Massachusetts, du Nebraska, du New Jersey, du Tennessee et du Vermont. Elle fait suite à des articles de presse accablants, dont le premier a été publié par le Wall Street Journal à l’automne 2021, qui s’appuient sur les propres recherches de Meta et qui montrent que l’entreprise était consciente des dommages qu’Instagram peut causer aux adolescents – en particulier aux adolescentes – en matière de santé mentale et d’image corporelle. Une étude interne a rapporté que 13,5 % d’adolescentes avaient déclaré qu’Instagram aggravait les pensées suicidaires. D’autre part, 17 % des adolescentes affirmaient que l’application aurait aggravé leurs troubles de l’alimentation…
À la suite des premiers rapports, un consortium d’organismes de presse, dont l’Associated Press, a publié ses propres conclusions sur la base de documents divulgués par la lanceuse d’alerte américaine (et ancienne employée de Facebook) Frances Haugen, qui a témoigné devant le Congrès et une commission parlementaire britannique de ce qu’elle avait découvert. Au total, elle avait fait fuiter plus de 20 000 pages de documents internes du groupe américain.
Une volonté délibérée de rendre dépendant ?
« Meta a fait du tort à nos enfants et à nos adolescents, en cultivant la dépendance pour augmenter les profits des entreprises » a quant à lui déclaré déclaré Rob Bonta, procureur général de Californie. « Avec l’action en justice intentée aujourd’hui, nous mettons un terme à cette pratique ».
Les poursuites visent à obtenir des dommages financiers, ainsi qu’à mettre fin aux pratiques de Meta qui sont contraires à la loi. « Les enfants et les adolescents souffrent d’un niveau record de mauvaise santé mentale et les entreprises de médias sociaux comme Meta sont à blâmer », a affirmé le procureur général de New York, Letitia James, dans un communiqué, ajoutant que le groupe américain avait « profité de la douleur des enfants en concevant intentionnellement ses plateformes avec des caractéristiques manipulatrices qui rendent les enfants dépendants de leurs plateformes tout en diminuant leur estime de soi ».
En réponse à cette action en justice, le groupe Meta s’est dit « déçu que les procureurs généraux aient choisi cette voie au lieu de travailler de manière productive avec les entreprises du secteur pour créer des normes claires et adaptées à l’âge pour les nombreuses applications utilisées par les adolescents ».
Dans la plainte déposée le 24 octobre, il est également reproché à Meta d’avoir conçu les fonctionnalités de Facebook et d’Instagram pour « manipuler les jeunes utilisateurs, afin de les inciter à utiliser les plateformes de manière compulsive et prolongée ».
Enfin, la multinationale fondée par Marc Zuckerberg est également accusée par les procureurs américains d’avoir menti au public (en assurant que ses produits étaient sûrs et adaptés pour les adolescents) et en « publiant des rapports trompeurs ».
Aux États-Unis, l’utilisation des médias sociaux par les adolescents est, comme en France, très largement répandue. Selon le centre de recherche américain Pew Research Center, presque tous les adolescents âgés de 13 à 17 ans aux États-Unis déclarent utiliser une application de réseaux sociaux, et environ un tiers d’entre eux disent qu’ils utilisent les médias sociaux « presque en permanence »…
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Une réponse à “Instagram et Facebook dangereux pour les enfants ? 40 États des USA portent plainte contre le groupe Meta”
À quand la même détermination des autorités françaises,plus efficaces dans la poursuite des propos « haineux « que dans la protection de nos enfants,manipulés,endoctrinés et corrompus par des réseaux sociaux avides et sans conscience ?