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Nantes : Foulques Chombart de Lauwe (LR) veut « virer » Johanna Rolland (PS)

Elle avait sans doute de bonnes raisons de prendre le départ sans tarder. Trois ans avant les élections municipales de 2026, Johanna Rolland (PS), maire de Nantes, annonce : « Oui, je vais me représenter en 2026. Quand on porte des projets, on a envie de les voir aboutir ». Pour ceux qui ne seraient pas au courant, elle précise : « Pour moi, la sécurité est une priorité » (Presse Océan, mercredi 6 septembre 2023). Un message clair dont ses alliés écolos, communistes et autres seront obligés de tenir compte ; ils devront passer par elle lorsque l’heure de constituer les listes arrivera et admettre son leadership. Bien sûr, les militants ont disparu et on ne peut plus compter sur eux pour la campagne électorale, seuls les candidats trouvent un intérêt à mouiller leur chemise. « Les partis de gauche (le PS, EELV mais aussi dans une large mesure le PCF) sont devenus le lieu d’un entre-soi de professionnels de la politique ou d’aspirants à l’élection, le plus souvent issus des catégories sociales diplômées. Le PS avant sa débâcle de 2017 était un agrégat d’écuries présidentielles. Les courants n’y étaient plus depuis les années 2000 des creusets idéologiques. Les partis réunissent désormais surtout des agents directement “intéressés“ à l’obtention de profits électoraux ou professionnels. Leur rationalité électorale prend le pas sur d’autres logiques (intégration sociale, sociabilité, construction idéologique, politisation de la société). Les élections locales constituent le principal horizon électoral. Ce qu’il reste du PS c’est avant tout des réseaux d’élus locaux dans les grandes villes (…) Ce poids des élus a de multiples conséquences sur les partis. Il y fait prévaloir les intérêts électoraux et professionnels des élus qui vivent de et pour leurs mandats. » Quand il parle des « grandes villes », Rémi Lefebvre, professeur de science politique à l’université de Lille et lui-même homme de gauche, cite Nantes et Rennes (« Faut-il désespérer de la gauche ? », Textuel, mars 2022). Mais Johanna Rolland n’a aucune raison de s’inquiéter car si les militants « socialistes » n’existent plus, elle trouvera dans le tissu associatif et dans les « machins » divers et variés (subventions) qui peuplent Nantes des femmes et des hommes, porteurs d’une sensibilité « de gauche », qui se verraient bien devenir adjoints… Sans oublier les assistants parlementaires, les membres des cabinets, les fonctionnaires qui rêvent de devenir des élus. Et tous les obligés de la municipalité.

Coup de tonnerre  un mois plus tard, un conseiller municipal LR nommé Foulques Chombart de Lauwe claironne : « Je me lève face à elle (…) A Nantes, en politique, il faut qu’on arrête l’eau tiède. Ma mission, clairement, c’est de redresser Nantes, c’est de faire en sorte que chaque Nantais puisse être fier, à nouveau, de cette ville que j’aime tant et où je suis né. Et pour ça, il faut virer Johanna Rolland. On a trois ans pour se préparer. J’ai du monde autour de moi et je vais continuer à agréger (…) Il n’y a pas de gauche de droit divin à Nantes. Pour 2026, je crois que les gens veulent un changement, franc, courageux, équilibré mais pas modéré. » (Presse Océan, jeudi 12 octobre 2023)

Seul contre Rolland, Garnier et les autres

Au conseil municipal, la réaction de ses amis du groupe « Mieux vivre à Nantes » (droite) – dirigé par Laurence Garnier (LR, sénateur de Loire-Atlantique) – est rapide : « Foulques » est exclu. Pour lui, « il est impossible d’attendre la fin 2024 ou 2025 pour désigner un leader susceptible de mener le combat face à Johanna Rolland. « Je vais sur le terrain face à elle ; ça fait du bien aux Nantais d’entendre qu’il y a une alternative possible. Maintenant, à moi de faire mes preuves. Moi, j’avance et le fait d’être seul va me permettre de m’exprimer librement. Et cette liberté de parole, je compte bien en faire le meilleur usage possible. » (Presse Océan, samedi  4 novembre 2023). « Il est essentiel de  partir extrêmement tôt. Il n’y a que deux ans et demi pour créer une dynamique et réconcilier les gens avec la chose publique, réintéresser à la politique locale », explique-t-il volontiers (Le Télégramme, vendredi 22 décembre 2023). Vaste programme !

Manifestement, « Foulques » oublie deux choses. La première est l’existence d’une leader de la droite nantaise : Laurence Garnier (LR) que son statut de sénateur place au-dessus du lot. Certes elle a dirigé la liste de droite aux élections municipales et a connu deux échecs (2014 et 2020) ; mais elle n’a certainement pas l’intention de céder la place à « Foulques » en 2026. Ensuite, un examen des résultats de 2020 montre que la droite n’a pas le vent en poupe à Nantes –  conséquence de la sociologie (domination des “nouvelles classes moyennes urbaines“ qui votent à gauche). Au premier tour (15 mars 2020), la liste “Nantes en confiance“ (Johanna Rolland) arrive en tête (31,36 % des exprimés), la liste “Mieux vivre à Nantes“ (Laurence Garnier) se place en deuxième position (19,94 %). Pour le second tour (28 juin 2020), la première peut compter sur les renforts apportés par les listes de Julie Laernoes (EELV, 19,58 %) et de Margot Medkour (LFI, 8,95 %), tandis que la seconde ne possède qu’une petite réserve – la liste de Reconquête ! (Eléonore Revel) avec 4,76 %. Les carottes sont donc cuites pour Mme Garnier : “Ensemble Nantes en confiance“ (Johanna Rolland) l’emporte avec 59,67 % des suffrages exprimés, tandis que “Mieux vivre à Nantes“ (Laurence Garnier) se contente de suivre avec 27,61 %. Quant à la liste macroniste “Nantes avec vous“(Valérie Oppelt), elle ferme la marche avec 12,71 %. C’est peut-être Sarah El Haïry (Maroc, MoDem, LGBT, circonscription de Nantes-Carquefou), secrétaire d’Etat à la Biodiversité, qui a raison : « Nantes mérite un véritable collectif et un rassemblement large pour les Nantais. La droite, le centre, comme le centre gauche ont vocation à s’unir » (Presse Océan, vendredi 13 octobre 2023). Avec une liste unique rassemblant toutes les oppositions, l’opération « Foulques » tombe forcément à l’eau ; on cherchera un poids lourd pour la diriger.

Bernard Morvan

Crédit photo : Selbymay/wikipedia (cc)
[cc] Breizh-info.com, 2024, dépêches libres de copie et de diffusion sous réserve de mention et de lien vers la source d’origine

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4 réponses à “Nantes : Foulques Chombart de Lauwe (LR) veut « virer » Johanna Rolland (PS)”

  1. Le visionnaire dit :

    Nantes, au niveau national est l’exemple à ne pas suivre – comme la France l’est au niveau européen.

  2. Hadrien Lemur dit :

    Il y a un parallèle assez remarquable à faire entre Nantes et Montpellier : Quasi même taille, deux villes réputées pour leur douceur de vivre (antan, et avant l’arrivé des maires socialistes), deux villes où la délinquance a explosé ces dernières années, deux villes ou la municipalité est Woke, hors-sol et méprise totalement l’opposition qui, il est vrai, dans les deux cas se montre bien servile, deux villes ou copinage et pantouflage sont la règle, deux villes où les maires font de la sécurité leur priorité mais favorisent l’importation de délinquants, deux ville où les migrants ont plus d’avantages et trouvent plus facilement à se loger que les autochtones…Je pourrais continuer longtemps les similitudes et en trouver avec d’autres villes importantes, hélas ! La conclusion implacable de ce triste constat est que quand on donne du lard aux cochons ce n’est jamais bon.

    • An dit :

      Non.

      Vos comparaisons sont valables pour quasi toutes les Métropoles.

      Nantes se compare à Bordeaux. Et un peu à Rennes, parce que ces deux villes sont en concurrence.
      Mais c’est tout.

  3. An dit :

    À noter que Foulques est viscéralement anti-breton.
    Comme toute la classe politique me direz-vous, et particulièrement la droite. Surtout la droite paydeloirienne, héritière du dépassé et corrompu Guichard.
    Mais on est alors surtout dans le carriérisme et l’absence de vision pour 99% entre eux.
    Non, Foulques est idéologiquement délirant sur la question. Un extrémiste dangereux. C’est d’aill un trait de son caractère qui lui vaudra d’être écarté par la droite, il leur fait peur, trop gros risque de la voir complètement perdre pied et voir son égo grossir comme une baudruche.
    Si Foulques suivait son idéologie, il aurait rejoint le RN depuis longtemps mais comme c’est mal vu à la CCI et chez les notables locaux, il ne sautera pas le pas.
    Il rappelle en ce sens le Villiers des années 90.
    Foulques est un de ces lâches toxiques qui nous pompent depuis trop longtemps. Digne héritier de Guichard en ce sens.

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