Publié aux Editions de l’Emmanuel en 2008, le roman Un franciscain chez les SS vient d’être adapté en bande dessinée.
Né en 1916, Karl Goldmann découvre dès son enfance la vocation franciscaine, dans l’Allemagne des années vingt. Sa mère meurt en 1924. Dans les années trente, il entre dans un mouvement de jeunesse catholique qui se heurte physiquement, de plus en plus souvent, avec les jeunesses hitlériennes aux relents païens. En octobre 1936, il entre au noviciat franciscain de Gorheim, puis est envoyé à Fulda étudier la philosophie pendant deux ans.
Mais en août 1939, comme tous les séminaristes franciscains, il est contraint de rejoindre l’armée. Il se retrouve même versé dans la Waffen-SS. Il refuse alors de prêter serment « sur l’honneur du sang allemand ». Sa formation d’officier achevée, on lui demande de quitter l’Eglise catholique, ce qu’il refuse. En mai 1941, il est renvoyé de la SS comme inapte et reversé dans la Wehrmacht. En tant que séminariste, il refuse de porter les armes et exerce la fonction d’infirmier puis d’opérateur radio. En 1943, pendant la campagne d’Italie, devenu un vétéran aguerri, il est entouré de toutes jeunes recrues inexpérimentées. Sa confiance en Dieu lui permet de traverser toutes les épreuves. Sur le champ de bataille, plusieurs fois miraculeusement épargné, celui qui est devenu frère Gedeon vient en aide aux blessés et aux populations civiles.
En mai 1943, pendant une permission, Sœur Solana May, la religieuse qui lui avait appris à servir la Messe lorsqu’il était enfant, lui prédit qu’il sera ordonné prêtre dans l’ordre franciscain l’année suivante, malgré les années d’études manquantes. Dans l’espoir d’atteindre cet objectif, il explique à un évêque que des soldats catholiques, craignant de mourir sans les derniers sacrements, réclament un prêtre. Devant son insistance, l’évêque finit par lui accorder l’autorisation exceptionnelle, en tant que séminariste catholique, de porter la sainte communion aux blessés, frôlant la mort à de multiples reprises. Au jour de l’An, à Rome, il obtient une audience auprès de Pie XII, lequel lui accorde une dispense pour recevoir l’ordination sacerdotale ! L’improbable prédiction s’est réalisée. Au sud de Cassino, il est l’un des rares survivants faits prisonniers par les Britanniques. Pendant sa captivité, le 24 juin 1944, il est ordonné prêtre par un archevêque français, en l’église algérienne Notre-Dame-de-Rivet. Transféré dans un camp de prisonniers allemands au Maroc, il en devient le prêtre et parvient à convertir plusieurs d’entre eux à la foi catholique. Cependant, sur la base de faux renseignements, il échappe de peu à un peloton d’exécution français. La Sainte Providence veille encore…
Max Temescu, dessinateur américain, adapte ainsi, en bande dessinée, le récit autobiographique du père Géréon Goldmann (1916-2003), publié par les éditions de l’Emmanuel et vendu à plus de 65 000 exemplaires.
Même s’il ne partage pas ses croyances religieuses, Max Temescu a veillé à ce que le texte soit extrait du récit du père Goldmann. Il explique être sidéré que Géréon Goldmann ait pu survivre à cette époque.
Max Temescu est diplômé de l’école des beaux-arts de l’Université Washington de Saint-Louis. Son dessin, épuré et expressif, met en valeur les pensées et sentiments du prêtre.
En fin d’album, une biographie avec de nombreuses photographies révèle que le père Géréon Goldmann est devenu, après-guerre, missionnaire au Japon. On découvre également quelques planches et leur évolution, du crayonné à l’encrage final.
Kristol Séhec
Un franciscain chez les SS, 124 pages, 19 euros, éditions Emmanuel.
Illustrations : DR
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