Quimper. Pierre de Belay, « le tourbillon de la couleur » à l’honneur au Musée des Beaux-arts cet été

À Bénodet, la fermeture du célèbre hôtel Ker-Moor en 2020 n’était pas passé inaperçue. Ce manoir, devenu une véritable institution locale, fut transformé en hôtel au cours des années 1920. Avant de devenir par la suite un lieu incontournable pour les villégiatures dans la région.

Mais l’hôtel Ker-Moor était aussi connu pour sa salle de restaurant décorée de cinq toiles de grandes dimensions, témoins d’une Bretagne de jadis, réalisées par Pierre de Belay.

À la fin de l’année 2019, ces cinq tableaux monumentaux formant une fresque à l’honneur de la Bretagne furent acquis par la ville de Quimper pour 310 000 € lors d’une vente aux enchères exceptionnelle.

Pierre de Belay, le retour dans la lumière

Après deux années de restauration, les décors de l’hôtel Ker-Moor rejoignaient ensuite le Musée des Beaux-arts de Quimper en 2022, près de 100 ans après leur réalisation par l’artiste natif de la capitale de Cornouaille.

En effet, Pierre de Belay est né à Quimper en 1890. Le peintre, poète et romancier Max Jacob est un ami de sa famille. Il rejoint à Paris celui qui deviendra son mentor. Il y côtoie Picasso, Apollinaire, Juan Gris et maints autres. Mais de Belay ne se laisse pas influencer par le cubisme alors en vogue. Autodidacte, il continue à peindre à sa façon. Installé à Paris, les années 30 seront celles du succès.

Il revient régulièrement en Bretagne (Concarneau, Pont Aven, Douarnenez…) qui reste en dehors de tout folklore sa principale source d’inspiration. Il meurt à Ostende en 1947. Considéré comme un artiste démodé dans les années 50, de Belay ne verra reconnaître la qualité de son œuvre que vers 1975.

« Pierre de Belay, le tourbillon de la couleur »

Pour l’anecdote, les cinq tableaux monumentaux de la salle de restaurant de l’hôtel Ker-Moor avaient été réalisés en moins d’une année par Pierre de Belay sur commande de la famille Daniel, alors propriétaire de l’établissement.

Un siècle plus tard, Pierre de Belay est donc définitivement de retour dans la lumière en Cornouaille puisque le Musée des Beaux-arts de Quimper lui consacre cette fois une exposition sur quatre espaces du 31 mai au 30 septembre 2024.

Mais l’artiste était prolixe : outre ces grands décors, et après des débuts dans la peinture de chevalet, Pierre de Belay était aussi attiré par les arts décoratifs et a multiplie également les études pour des projets de tapisserie, des illustrations de livres ou des projets de costume (notamment pour les Ballets Suédois).

La salle de restaurant de l’hôtel Ker-moor de Bénodet avec le décor de Pierre de Belay © Lionel Flageul via le site du musée des Beaux-arts de Quimper

200 œuvres à contempler à Quimper

Autre particularité de l’artiste, à  rebours de toute une génération (Vlaminck, Derain, La Patellière, Dunoyer de Segonzac, etc.) qui s’engouffrèrent dans les vertiges d’une peinture sombre et tourmentée, Pierre de Belay revendiquait la lisibilité de ses compositions, adoptant pour cela une palette de couleurs vives et chatoyantes.

Aussi, rien d’étonnant à ce que le Musée des Beaux-arts de Quimper est nommé cette nouvelle exposition « Pierre de Belay, le tourbillon de la couleur ». La dernière dans ces lieux remontant à 1988.

De début juin à fin septembre 2024, les visiteurs vont ainsi pouvoir contempler quelque 200 œuvres de l’artiste quimpérois. Dont la plupart sont peu connues voire même inédites. Des œuvres qui sont toutes issues des collections du Musée des Beaux-arts. Un musée qui conserve actuellement, « grâce aux dons généreux de la veuve de l’artiste » selon ses mots, le fonds le plus complet (près de 1 000 œuvres) et le plus éclairant de Pierre de Belay.

Informations pratiques :

Musée des Beaux-arts de Quimper
40, place Saint-Corentin
29000 Quimper
02 98 95 45 20

Crédit photo : capture site Musée des Beaux-arts de Quimper (photo d’illustration)
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