L’usage croissant des écrans dans nos sociétés modernes suscite de plus en plus d’inquiétudes quant à ses effets sur la santé mentale et physique, notamment chez les enfants. De la télévision aux smartphones, en passant par les tablettes et les jeux vidéo, les écrans sont devenus omniprésents. Cependant, des études récentes ont mis en lumière des conséquences alarmantes pour le cerveau, particulièrement chez les plus jeunes. Mais ces effets ne se limitent pas aux enfants : toute la population est potentiellement concernée. Cet article explore les preuves scientifiques derrière la dangerosité des écrans, en mettant en avant des données chiffrées et les perspectives des experts.
L’impact des écrans sur le cerveau des enfants
Les premières années de la vie sont cruciales pour le développement cérébral. Or, avant même d’entrer à l’école, un enfant dans les sociétés occidentales, comme en Chine, peut passer jusqu’à six heures par jour devant un écran . Cette sur-exposition n’est pas sans conséquences. D’après plusieurs études, les enfants exposés intensivement aux écrans présentent des troubles du comportement, des retards de langage, et des difficultés à se concentrer.
Selon une étude menée par le Dr Dimitri Christakis, pédiatre à l’hôpital des enfants de Seattle, une exposition excessive aux programmes animés perturbe le développement cérébral chez les souriceaux, une analogie utilisée pour étudier l’effet sur le cerveau humain en développement . Les enfants surexposés aux écrans développent des signes d’impulsivité, des troubles de l’attention et une tolérance réduite à la frustration. Serge Tisseron, psychiatre et spécialiste des addictions, souligne également l’importance de limiter le temps d’écran pour les plus jeunes, affirmant que « trop de temps passé devant les écrans freine le développement de certaines compétences essentielles comme l’empathie et la gestion des émotions » .
En outre, la dé-socialisation des enfants est un problème de plus en plus observé. L’utilisation excessive des écrans les isole de leurs interactions sociales réelles, impactant leur capacité à établir des relations interpersonnelles saines. Une étude de l’American Academy of Pediatrics montre que les enfants exposés à la télévision avant l’âge de trois ans sont plus susceptibles de présenter des retards dans l’apprentissage du langage .
Hyperactivité et dépendance : les enfants vulnérables
L’usage excessif des écrans chez les enfants peut également entraîner des troubles plus sévères, comme le trouble du déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité (TDAH). Une étude menée par l’Université de Californie révèle que les enfants passant plus de deux heures par jour devant un écran ont un risque accru de développer des symptômes liés à l’hyperactivité . L’Organisation mondiale de la santé (OMS) a d’ailleurs reconnu, en 2018, l’addiction aux jeux vidéo comme une maladie officielle, témoignant de la gravité du phénomène.
Le mécanisme de dépendance est souvent lié au circuit de la récompense activé par les écrans, particulièrement via les jeux vidéo et les réseaux sociaux. Ces plateformes sont conçues pour maximiser l’engagement des utilisateurs en stimulant la libération de dopamine, une substance chimique du cerveau associée au plaisir. Les enfants et les adolescents, dont les cerveaux sont en pleine formation, sont particulièrement sensibles à ces stimulations, les rendant plus vulnérables à la dépendance .
En Chine, pays où l’addiction aux écrans est particulièrement préoccupante, certains enfants sont envoyés dans des centres de désintoxication spécialisés. Ces établissements utilisent des méthodes strictes, allant de l’entraînement militaire à la méditation, pour traiter cette nouvelle forme de dépendance, assimilée à une déviance .
Les adultes ne sont pas épargnés
Si les enfants sont plus vulnérables, les adultes ne sont pas pour autant immunisés contre les effets négatifs des écrans. Selon une étude menée par Nielsen, un adulte américain passe en moyenne plus de 10 heures par jour devant des écrans, que ce soit pour le travail ou les loisirs . Ce comportement engendre des conséquences graves pour la santé mentale et physique, notamment en termes de troubles du sommeil, de stress et de sédentarité. Une exposition prolongée aux écrans est également corrélée à des risques accrus de dépression et d’anxiété, en particulier chez les utilisateurs intensifs des réseaux sociaux .
Par ailleurs, des recherches menées à l’Université de Montréal montrent que les jeux vidéo peuvent créer une dépendance chez les adultes en activant les mêmes circuits cérébraux que ceux impliqués dans l’addiction à des substances comme l’alcool ou la drogue . Les écrans sont donc devenus un défi majeur de santé publique.
Un avenir incertain : quelles précautions prendre ?
Les chercheurs estiment qu’il faut environ vingt ans de recherches pour pleinement comprendre les effets d’un nouveau facteur environnemental sur la santé humaine. Or, l’exposition massive aux nouveaux écrans ne date que d’une dizaine d’années chez les enfants et les adolescents. Les études actuelles sont donc des signaux d’alarme, mais des recherches à plus long terme seront nécessaires pour déterminer précisément l’ampleur des dommages causés.
Cependant, certaines études suggèrent que les écrans, utilisés à petites doses, peuvent avoir des effets bénéfiques. Par exemple, une recherche de l’Université de Californie montre que les jeux vidéo peuvent améliorer certaines capacités cognitives comme la résolution de problèmes et la prise de décision rapide . Il semble donc que la clé réside dans une utilisation modérée et réfléchie des écrans.
Le documentaire d’Arte intitulé « Omniprésents dans le quotidien, les écrans représentent un défi inédit pour le cerveau » se penche sur les dernières découvertes scientifiques concernant l’impact des écrans, en particulier chez les enfants et adolescents. Grâce à des témoignages de spécialistes en neurosciences et addictologie, ainsi que des interventions de médecins psychiatres comme Serge Tisseron, le film explore les risques liés à une exposition précoce et excessive aux écrans. Le documentaire aborde également les pratiques des jeunes gamers, qui témoignent des effets des jeux vidéo sur leur quotidien.
L’un des aspects intéressants du film est qu’il adopte une vision nuancée, ne diabolisant pas entièrement les écrans, mais soulignant les dangers liés à un usage non contrôlé. Les centres de désintoxication en Chine, qui soignent des enfants accros aux jeux vidéo, sont notamment une preuve frappante de l’urgence de la situation.
L’usage intensif des écrans représente un défi majeur pour la santé publique, avec des effets particulièrement préoccupants pour les enfants. De la dépendance à l’isolement social, en passant par les troubles cognitifs, les répercussions sont nombreuses. Si certaines études montrent des effets bénéfiques à petite dose, la modération est essentielle.
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Une réponse à “La dangerosité des écrans : impact sur le développement des enfants et sur la santé mentale globale”
c’est bien connu maintenant , si les parents s’en fichent…