Il n’y a que les débutants et les amateurs pour parler de « honte » en politique. Chaque électeur se fait sa propre religion… Il tient compte de ce qu’il considère constituer l’ennemi principal et vote en conséquence. C’est ainsi que les électeurs du NFP sont venus au secours des candidats du « bloc central » et de droite. Pour eux, la priorité consistait à faire barrage au Rassemblement national. C’est ainsi que Jean-Michel Jacques (Renaissance) a été réélu dans la circonscription de Hennebont-Gourin. Une triangulaire et un duel, ça ne donne pas le même résultat…
« Depuis la semaine dernière et les désistements, on s’attendait à ce résultat. C’est le résultat de l’alliance de la honte, on a volé cette élection aux citoyens » (Le Télégramme, Hennebont, lundi 8 juillet 2024), pleurniche Nathalie Guihot-Vieira (RN) au soir du second tour des élections législatives. Il est vrai que huit jours plus tôt, elle voyait la vie en rose : « C‘est un très bon résultat, conformément aux attentes après notre score aux élections européennes » (Ouest-France, Morbihan, lundi 1er juillet 2024). Effectivement, dans la circonscription de Hennebont-Gourin, Mme Guihot-Vieira a été victime du “front républicain“ – au second tour, le barrage anti-RN a fonctionné à 100 %. Au premier tour, elle fait la course en tête : 22 728 suffrages (34,69 %), devançant le député sortant Jean-Michel Jacques (Renaissance) – 21 675 voix (33,08 %) – et Jean-Michel Baudry (NFP-LFI) – 15 561 voix (23,75 %). Immédiatement, ce dernier annonce qu’il se retire : « En responsabilité face à la montée du Rassemblement national (…), nous avons pris la décision de nous désister » (Ouest-France, Morbihan, lundi 1er juillet 2024). Au second tour, Jean-Michel Jacques l’emporte aisément (37 983 voix, 59,98 %), mettant 12 000 suffrages dans la vue à Nathalie Guihot-Vieira (25 346 voix, 40,02 %). Sans se lancer dans des calculs compliqués, on constate tout de suite que les 16 308 suffrages supplémentaires engrangés par Jean-Michel Jacques le 7 juillet correspondent en gros aux 15 561 voix obtenues par Jean-Michel Baudry le 30 juin. La messe est dite.
Jean-Michel Jacques a oublié de dire merci
L’enquête Ipsos – un échantillon de 11 204 personnes – pour Le Monde (samedi 31 août 2024) nous détaille la mécanique de ces reports. On savait depuis le soir du second tour que c’est l’électorat de gauche « qui avait le plus participé au barrage républicain contre le Rassemblement national (RN). On sait désormais que c’est pour lui que le choix a été le moins difficile : pour 68 % des sondés électeurs du Nouveau Front populaire (NFP) qui ont dû voter Ensemble (la coalition présidentielle) contre le RN au second tour, le choix a été facile. C’est le cas de seulement 55 % des sondés qui ont voté Ensemble au premier tour et ont dû se reporter sur le NFP au second. Après le vote, les électeurs du NFP sont aussi ceux qui regrettent le moins leur décision : 63 % ne regrettent pas leur vote, contre 54 % des électeurs d’Ensemble ».
Bien entendu, il faut voir de plus près la question des duels. « Lorsqu’ils ont voté dans des duels entre le front républicain et le RN, 97 % des électeurs du NFP ont choisi un candidat Ensemble (ou, le cas échéant, Les Républicains) et 73 % des électeurs Ensemble ont choisi un candidat NFP. Le RN a ainsi été battu dans près des trois quarts des duels – bien davantage qu’en 2022. » (Le Monde, samedi 31 août 2024). Plus qu’un front républicain, le 7 juillet a été un front anti-RN.
Jean-Michel Jacques a certes appelé à former un « arc républicain » autour des valeurs de la social-démocratie, de la démocratie chrétienne et du gaullisme social (Ouest-France, Morbihan, lundi 8 juillet 2024), mais il a oublié l’essentiel. « Iffig a été sidéré d’apprendre que le député macroniste Jean-Michel Jacques, réélu dans la circonscription d’Hennebont face au RN, a “oublié“ de remercier son concurrent du NFP qui s’était désisté le soir du premier tour pour faire barrage à l’extrême droite. » (Le Peuple breton, septembre 2024).
Bernard Morvan
Illustration : DR
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3 réponses à “La politique est cruelle : seule l’efficacité compte”
Tout ce qui est mauvais en France, que dis-je, dans l’univers, c’est de la faute au RN ! Bon, qu’il n’ait jamais été au pouvoir n’est pas important, c’est de sa faute, point ! Tout ce qui est bon pour la France, c’est les électeurs qui votent et continuent de voter ceux qui nous ont mis et continuent à le faire dans une situation de plus en plus dramatique. C’est là l’essentiel point ! C’est pas clair pour tout le monde ?
se désister pour les candidats » du centre « ??? en réalité : les communistes et les trotskistes ont voter pour les candidats du capital ou macronistes et pleurent pour avoir un poste : aucun pays n’a jamais vu une horreur pareille !en france tout est normal !🙄😣😮
les gauches ont voté pour les macronistes (borne, darmanin etc.) mais ne veulent pas qu’on le répète, les macronistes et droite mollassonne pour des gauches, et ils veulent qu’on l’oublie. il parait qu’ils (65%) le regrette… on verra l’année prochaine