Phénomène qui n’est peut-être pas totalement étranger aux nouveaux paradigmes sociétaux, le problème de la « viande de brousse » a fait l’objet d’un nouvel article dans la presse française, cette fois dans le journal La Croix, le 14 septembre dernier.
Le titre de l’article en question résume à lui seul la situation : « Trafic de viande de brousse : un réseau hors de contrôle en Europe ».
Au mois de février 2024, nous rapportions de notre côté les grandes quantités de nourriture exotique saisies à l’aéroport parisien de Roissy Charles De Gaulle. Dans le seul terminal T2, plus de 36 tonnes de denrées périssables illégales furent saisies au cours de l’année 2021, dont plus de 10 tonnes de « viande de brousse ».
Parmi les viandes exotiques importées, figurent régulièrement des morceaux de varan, des têtes de singe, des reptiles, ou encore de la viande de pangolin… Si une partie de ces viandes concerne la consommation personnelle, une autre vient alimenter le trafic destiné entre autres à des restaurants clandestins.
Comme l’a ajouté pour sa part La Croix, « la viande d’animaux sauvages, importée illégalement en France, est un mets prisé par la diaspora africaine et un marqueur d’identité culturelle ». Mais le titre de presse explique en même temps que ce trafic a « cependant des effets dévastateurs pour la biodiversité et augmente le risque de transmission de maladies dangereuses comme la variole du singe ».
Comme dans d’autres domaines liés de près ou de loin l’immigration, l’Europe apparaît une nouvelle fois comme vulnérable et fait même figure « de plaque tournante au niveau mondial » selon la même source. Sur le Vieux continent, plus de 6 000 saisies sur des espèces protégées sont réalisées chaque année.
Une fois importée dans les pays européens, cette viande de brousse est ensuite revendue auprès des populations d’origine africaine, comme c’est notamment le cas dans des commerces du quartier parisien de Château-Rouge. Un lieu qui fait office de « carrefour des cultures africaines, au pied de la butte Montmartre », précise La Croix.
Dans certaines échoppes, le journal explique que de la viande d’antilope ou du potamochère (cousin du phacochère) se vend « entre 45 et 90 € le kilo ». Dans ce même quartier de Château-Rouge, des boutiques spécialisées dans les produits camerounais peuvent vendre quant à elles, en sous-main, du « pangolin » et du « porc-épic » à 50 € pièce.
Reprécisons tout de même que ces importations de viandes d’animaux sauvages depuis le continent africain sur le territoire français sont strictement interdites. Mais les autorités semblent à la peine pour endiguer le fléau : il y a déjà 14 ans, en 2010, des chercheurs avaient estimé que près de 5 tonnes de « viande de brousse » transitaient illégalement chaque semaine par l’aéroport Roissy-Charles-de-Gaulle, véritable plaque tournante du trafic en Europe.
Cette viande de brousse, initialement destinée à la consommation dans les régions rurales africaines, a fini par traverser la Méditerranée pour répondre à certaines évolutions : « Il y a eu un boom démographique ainsi qu’une urbanisation de la population, qui ont conduit à une marchandisation de ces produits », indique auprès de La Croix, Philippe Gaubert, directeur de recherche en biologie de la conservation à l’Institut de recherche pour le développement (IRD), basé au Centre de recherche sur la biodiversité et l’environnement (CRBE) à Toulouse.
Si ce commerce de viande de brousse est interdit, il n’en demeure pas moins très lucratif, les exportations vers le continent européen rapportant, selon les estimations, entre 38 et 184 millions d’euros par an et par pays en Afrique tropicale et en Afrique de l’Ouest.
Tandis que 75 % des maladies infectieuses émergentes sont d’origine animale selon l’Organisation mondiale de la santé, il est plus que temps pour les autorités françaises et européennes de prendre en compte les immenses dangers sanitaires que représente ce trafic de « viande de brousse » pour les populations.
Une imminence confortée par certaines découvertes : « On a déjà recensé plus de 100 bactéries pathogènes sur un seul marché au Bénin », poursuit Philippe Gaubert auprès du titre de presse. Pour autant, une mission réalisée sur demande du gouvernement français n’avait pu que constater, dans un rapport rendu au mois de décembre 2023, que les pouvoirs publics étaient incapables d’empêcher ces importations clandestines de « viande de brousse ». Il y aurait ainsi « un angle mort » dans les politiques de contrôle. Parmi les 100 000 passagers transitant chaque jour à Roissy avec une moyenne de 600 bagages par vol, les trafiquants de viandes exotiques ont donc encore de beaux jours devant eux.
Crédit photo : capture YouTube (photo d’illustration)
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3 réponses à “« Viande de brousse » : entre importations illégales, risques sanitaires et trafics à Paris”
Ce pays devient vraiment la brousse!
et bien personnes originales qui se veulent à la mode voyez d’ou vient le problème !!! rien de vaut que les plats de nos grnd-mères !!!
amities
Les c… fleurissent à toutes saisons !